Château blanc

Tel est le nom qu’on lui donnait lorsque j’étais st-marcellinoise, était-ce le vrai ?
Du château, il n’avait que la tour et les murs de pierre. Bien sûr, il était plus imposant que les maisons alentour, beaucoup plus ancien aussi, et il dominait la vallée de l’Isère, ce qui le mettait en valeur. Je n’ai jamais vu ni connu ses propriétaires, il eut fallu pour cela que je me tienne à l’affût de leurs va-et-vient sans doute ou que le hasard me place sur leur route. Avec le recul, je me rends compte que l’idée ne m’avait même pas effleurée. ecrim-chateau-blanc_4147.jpegJe me contentais de passer à côté, d’admirer cette magnifique demeure qui, en ce temps-là, m’impressionnait particulièrement. Austère, elle l’était de par son habit pierreux. De blanc, elle n’avait en fait que ses volets, tirant sur le gris clair. De quand datait-elle ? Qui l’avait fait construire ? Quelle genre de personnes l’habitaient maintenant ? Combien de fois mon cerveau s’est-il métamorphosé en point d’interrogation, sans pouvoir se transformer en  point. La bâtisse était orientée vers le Sud, faisant face au Vercors. Peut-être avait-elle servi de refuge durant la guerre, à des allemands ou à des résistants. Datant probablement du siècle précédent, les premiers châtelains étaient-ils de la région ou immigrés d’une autre région, d’un autre pays ? Que s’est-il passé dans cette maison de maître ? Y a t-il eu des enfants, des drames, des moments heureux, malheureux, suffisamment d’argent pour l’entretenir ? Une petite route passait derrière, d’où je ne voyais que des volets clos. Quant à la face Sud, le terrain étant pentu, il ne m’était guère possible d’apercevoir qui que ce soit. Le mystère régnait et, après toutes ces années, il perdure.


Betty
26.11.2013