La France, côté sud

 
Octobre 2014


Vendredi 17 octobre : Clarens -> Le Diois (Drôme)                  300 kms
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Et c’est parti pour un début de voyage connu puisque c’est la route pour St-Marcellin ! Le soleil est presque estival et nous avons tôt fait de nous débarrasser de nos doublures de veste. A Yenne, en Isère, Pascal cédera à mon désir de pique-nique, sur un banc, en bordure du stade de foot ! Le boulanger, très sympa, est un excellent pâtissier et, du coup, mon cher mari regrette moins d’avoir accepté le repas en plein air. Vif, petite ville située à une vingtaine de kilomètres au nord de Grenoble, me rappelle des souvenirs, du temps où ma grand-mère y vivait. Je suis sous le choc en voyant toute une série de maisons et d’arbres venant d’être massacrés, sans doute au profit de nouveaux immeubles !! Nous enchaînons par la petite montée qui nous conduira jusqu’à St Baudille & Pipet, hameau perdu dans la campagne du Trièves, où s’est installé un couple d’artistes connu, fabriquant des «machines volantes»                                                                                            www.art-of-flying.com Leur maison se trouve aux pieds de l’Obiou, une très belle montagne pelée. Nous attaquons ensuite l’ascension d’un très joli petit col portant le nom de « Grimone » avec coucher de soleil en cadeau. Pas de voitures dans ce paysage féérique, un pur délice. Dans un virage, je me contente d’un bref coup d’œil dans la direction d’un couple d’ânes avec leur petit. La nuit approche et c’est dans le village de Montlaur en Diois que nous trouverons une maison d’hôtes. Une dame, pieds nus, vient nous ouvrir le portail, nous proposant une chambre dans le petit chalet installé dans le jardin ; çà nous rappelle la Suisse ! Il nous faudra reprendre une moto pour aller manger à Luc-en-Diois, à quelques kilomètres de là.   

                                                                                « La ferme des noyers » – Tél. 0033 475 22 05 82


Samedi 18 octobre : Le Diois / Sète (Hérault)

 
Le ciel bleu est au rendez-vous et nous recevons notre petit-déjeuner dans la grande maison, en compagnie de notre hôte. Son mari tient un commerce de ravioles, noix et autres produits locaux, juste à côté. La journée roulante commence par un petit col enveloppé dans le feuillage automnal. Après la Drôme, un bref passage dans le Vaucluse. De loin, nous apercevons l’énorme château de Suze-la-Rousse surplombant le village. Nyons, très animée et agrémentée de beaux ronds-points fleuris, est connue pour ses olives. Des motos sont garées tout autour de la place et, parmi elles, une Triumph des années 60 conduite par une femme. Aux alentours, le paysage est désolant, suite aux récentes inondations, mais de belles pinèdes et oliveraies compensent. Uzès sera notre prochain point de chute. Sur la place aux Huiles, le marché tire à sa fin. L’endroit grouille de monde, les terrasses sont bondées. En nous dirigeant sur Montpellier, nous passons à côté de Sommières. Dommage, je m’y serai bien arrêtée. Notre objectif étant Sète, le temps passe vite, comme les kilomètres, et nous y arriverons en fin d’après-midi. Martine nous attend, en compagnie de deux de ses amies, deux sœurs qui s’entendent à merveille. Elle nous fait découvrir sa propriété située dans les hauts de la ville. Un parc pentu, arborisé et décoré de statues, et la maison datant du 19ème siècle ayant appartenu précédemment à un armateur suisse. Depuis les étages supérieurs, nous apercevons la mer et les bateaux de croisière. En cette fin d’après-midi, quelques jolis petits nuages s’attardent. Nous prenons le repas sur la terrasse où la température est encore très agréable. Deux chats leur appartenant et un troisième s’invitant dans la propriété s’observent de loin. Nous passons la soirée à faire connaissance mais aussi à rire, car Françoise arrive très souvent à trouver une chanson correspondant au dernier mot d’une phrase et Juliette est spécialisée en jeux de mots. Ce sera le froid qui nous fera rentrer et l’heure qui nous incitera à regagner nos chambres respectives.


Dimanche 19 octobre : Sète

On pourrait presque parler d’une grasse matinée. Le ciel bleu, bien que masqué par quelques nuages balayés par le vent, nous permet de prendre le petit-déjeuner sur la terrasse. Ces dames nous proposent de commencer par le marché aux puces, style vide-greniers. Il y fait très chaud et nombreux sont les marchands de toutes sortes, brocanteurs inclus. De là, nous nous rendons aux Halles, un grand marché très bariolé et animé où l’on peut tout trouver et où l’ambiance est toute autre que celle des grands magasins. En fin d’après-midi, nous partirons à la découverte de la ville en passant par le port où les chalutiers et thoniers s’offrent un moment de répit. De l’autre côté du canal, nous apercevons la maison des héritiers de Brassens alors que sa maison natale se situe dans l’une des ruelles pentues menant au port. Deux heures de marche à monter et descendre avec, au retour, la traversée d’un parc magnifiquement verdoyant, un havre de paix en pleine ville.


Lundi 20 octobre : Sète, Foix (Ariège)

Vers midi, nous quittons ces dames, la larme à l’œil, en ce lieu enchanteur. Nous n’allons quand même pas nous éloigner de la mer sans y avoir fait trempette ! Ce sera d’ailleurs le seul et unique bain de nos vacances. Nous enchaînons pas un panachage d’autoroute, petite route départementale et nationale pour atteindre Foix. Une maison d’hôtes nous attend à Montgailhard, quelques kilomètres avant, tenue par un couple de retraités fort sympathiques, elle allemande et lui anglais. Tranquillité assurée, car un peu à l’écart de la route et de l’autre côté, un grand parc en bordure d’un ruisseau. On y sera accueillis comme des papes. Rendez-vous a été convenu avec Jean-Luc et Marjorie, nous les retrouvons chez eux, en compagnie de leurs deux enfants. Pas le temps de visiter la ville, hélas, il se fait tard. Nous empruntons cependant un bout de rue piétonne qui nous paraît fort sympathique. Ils ont choisi un restaurant en ces lieux et, malgré le niveau sonore assez élevé, ce sera un moment très agréable en leur compagnie.

                                                  www.chambresdhotes.org : Helga Cook « Les sapins » à Montgailhard

 
Mardi 21 octobre : Foix, Vielha (Espagne)

Après un petit-déjeuner assez complet et des plus soignés, nous apprêtant à regagner notre chambre, quelle n’est pas notre surprise en apercevant, derrière la porte d’entrée vitrée, Jean-Luc & Maxime en équipement de motards. Certes, Jean-Luc nous avait fait comprendre qu’il nous accompagnerait volontiers un moment, mais sachant qu’il ne connaissait ni le nom du village ni celui de la maison d’hôtes, c’est ce qu’on pourrait appeler de la perspicacité ! Bienvenue à eux, nous en sommes ravis. Jean-Luc sera notre chevalier servant pour quelques heures. En débutant par la route des Corniches, on arrive au Col de Marmare, à 1320 m d’altitude. Paysages d’automne, chaleur presqu’estivale, les feuilles tournoient sur notre passage et les forêts nous offrent leurs couleurs chatoyantes.  Des chevaux en liberté nous rappellent à l’ordre, il s’agit de slalomer autour du crottin. Dans la vallée, la ville de Luzenac, avec son usine de conditionnement du talc et, levant les yeux sur le sommet, nous apercevons un mini-téléphérique transportant les blocs de roche jusqu’à l’usine. Les carrières de Trimouns sont parmi les plus importantes du monde.  La route redescend sur Ax-les-Thermes, village déserté à cette période. Un ancien bassin en extérieur, appelé « Bassin des Ladres », attire quelques amateurs, malgré son odeur d’œuf pourri. Après une pause café, nous poursuivons jusqu’au Pas de la Casa, situé à 2085 m, petite ville commerçante située à la jonction d’Andorre et de la France. Connue pour sa station de ski et ses commerces à prix discount, elle attire beaucoup de monde mais n’a pas le moindre charme ! C’est là que nous quitterons nos amis, qui s’en retournent à leurs occupations familiales. Au Col de Port d’Envalira, à quelques kilomètres de là, nous sommes à 2408 m et un vent glacial ne nous incite pas à nous y arrêter, si ce n’est pour prendre de l’essence. Le pompiste est surpris, comme nous, de la tenue de sa cliente sortant de voiture sans manteau et avec des collants très fantaisistes ! C’est le plus haut col routier des Pyrénées. En redescendant, nous ne faisons que passer à côté d’Andorre la vieille avant de passer, sans le moindre souci, la frontière. Une très jolie route nous emmène vers un autre col, celui de Port de la Bonaigua, sis à 2072m. Deux jolis villages, entièrement neufs et dominant la vallée, sont malheureusement fermés : hors saison. C’est donc à Vielha, petite ville espagnole située à 977 m, que nous trouverons un hôtel, en zone piétonne, avec garage pour nos motos.


Mercredi 22 octobre : Vielha, Agen (Lot & Garonne)


Sous un beau ciel bleu, nous attaquons le col de Peyresourde dont le sommet culmine à 1569 m, enchaînant avec celui d’Aspin à 1490 m, l’un comme l’autre bien connus du Tour de France. Finalement, balade et pause café s’imposeront dans la station thermale de Bagnères-de-Luchon, petite ville très fleurie, avec ses thermes et son Casino de la fin du 19ème, un parc magnifique et une très belle avenue commerçante. Quelques kilomètres plus loin, arrêt obligatoire à la vue de cinq ânes regroupés dans les hauts d’un pré situé à gauche de la route et d’un autre, tout seul, à droite. Il nous attendait et nos caresses semblent très appréciées, car il ne bouge pas. Comment lui expliquer que nous avons encore à faire ! A 19 heures, nous serons cependant à Agen, où José et Bernadette nous attendent, nous offrant gîte et couvert. Nous faisons la connaissance de Justine et Juan, ainsi que de Lucky, très gourmand de caresses. Et c’est parti pour une série de rigolades.

                                                                                                  fr.wikipedia.org/wiki/Bagnères-de-Luchon


Jeudi 23 octobre : Agen

Le ciel estival ne nous lâche pas. Nos hôtes nous serviront de guides à travers la ville et jusqu’au Pont-canal, long de 539 mètres, mis en service en 1849. On y sent la douceur automnale et l’on prend le temps de vivre, d’admirer les arbres comme les péniches qui se pavanent, certaines anciennes, encore en activité, d’autres destinées aux touristes, ainsi que leurs passages aux écluses. A la Mairie, une exposition attire mon regard, portant le nom de « Agen, la tête dans les étoiles » et se référant à l’espace : Ariane, les sciences, l’observation, les télécommunications et la défense.

                                                                                    www.canaldumidi.com/.../Agen/Agen-Pont-Canal

 
Vendredi 24 oct. : Agen, le Gers, les Landes, Province de Navarre, Isaba

On sent la fraîcheur matinale de saison (8°) et c’est une bonne raison pour partir un peu plus tard ! Nérac, non loin d’Agen, est une ville gallo-romaine, protégée par son magnifique château. A ses pieds, s’écoule une rivière tranquille, dans laquelle atterrira l’un des gants de José ! Heureusement que le vaillant chevalier, répondant au nom de Pascal, prendra son courage à deux jambes pour descendre les nombreuses marches et dénicher un accessoire afin de le récupérer ! Des applaudissements s’en suivront. Vous parler de Fourcès serait un peu mentir, car nous n’avons fait que traverser « l’un des plus beaux villages de France » ! Quant à celui d’Aire-sur-l’Adour, je n’en dirai pas davantage, car nous avons mangé à proximité d’un rond-point. Heureusement, cela nous a permis d’admirer le magnifique pont de pierre à cinq arches datant de 1852 et d’apprécier le service assuré par deux dames drôles et pince-sans-rire. La petite route qui s’ensuivra nous ramènera dans la tranquillité de la campagne pour finalement nous faire traverser la frontière espagnole et ainsi arriver dans la Province de Navarre. Le Col de la Pierre St-Martin est situé à 1760 m. 15km de montée, qu’est ce que c’est à moto ? Oui, mais c’est encore un col gravi par le Tour de France ! Son revêtement est un pur bonheur, du billard. Les paysages sont très variés, tantôt verdoyants, tantôt pierreux. Dans la descente, José nous conduit jusqu’à un camping, en dehors de la route, portant le nom du village voisin d’Isaba. Hôtel/Pension et bungalows, le tout en pleine nature, un lieu paradisiaque. Pas de campeurs, et on les comprend, car il ne doit pas y avoir beaucoup de degrés. Nous dormirons fort bien dans nos petites chambres toutes simples, bien que sans chauffage.  

                                                                                                                                    www.escapadarural.com


Samedi 25 octobre : Isaba, Ejea de Los Caballeros

La mise en route est laborieuse. Debout à 8h30, nous quitterons les lieux (à regret) à 11 heures. Le soleil est levé depuis un moment ! Un chat vient se frotter contre nous, très familier. Tout est calme, vert et désert, ce qui ne doit pas être le cas en pleine saison. A quelques kilomètres de là, nous traversons le très joli village d’Isaba, avec ses maisons en pierre très fleuries. Là encore, pas âme qui vive. La route est « viroleuse » à souhait, large et de belle qualité. Encore une combine de Sieur José qui nous fait stopper à Foz de Lumbier (cf YouTube). La chaleur est intense, pas loin de 30°, et nous nous délestons de nos habits de motards avant de nous engager sur le chemin étroit se faufilant dans un défilé, bordé de hautes montagnes et de la rivière. Des odeurs de thym et de pin se diffusent dans l’air. Des tunnels ont été creusés pour permettre au train de passer, de 1911 à 1955, et les rails enlevés depuis. Ce fut le premier train électrique de la péninsule hibérique. Nous marchons sur un chemin en terre battue, dans la nuit noire. Heureusement que certains touristes ont pensé à s’équiper de lampes ou que les téléphones portables en sont pourvus. Des vautours tournent au-dessus de nos têtes, nous narguant parfois depuis un rocher. Les espagnols se déplacent en famille et ils sont nombreux ! Bruyants ? J’ai dit bruyants, José ? En cours de route, éoliennes et panneaux solaires attirent nos regards. Le château d’Olite mérite qu’on s’y attarde. Il fut quand même le Palais des Rois de Navarre. La chaleur nous anéantit et nous nous contenterons de l’admirer depuis l’extérieur. Roulant à travers des paysages presque désertiques, la soif nous gagne et, choisi ou non par notre guide du jour, ce sera à Arguedas que nous trouverons de l’ombre sur une place intérieure, abritée par une très belle maison en pierre blanche arborant deux blasons et des poutres sculptées sous le toit. Un groupe de marcheurs toulousains a eu la même idée que nous. La cerise sur le gâteau, c’est maintenant. José nous avait parlé de son désert des Bardenas, nous y voilà. Incroyable ! Non loin de la chaîne des Pyrénées, c’est le désert, un vrai. Rien en vue, à part de temps en temps une voiture. Tout est sec et d’ailleurs la végétation se fait rare. Le sable a façonné des collines avec des cheminées de fée, la terre est craquelée, il y fait chaud.

Une seule piste le traverse et nous soulevons tour à tour une poussière qui se déposera sur nos vêtements. La vitesse est limitée à 30 km/h pour cette raison et le camping y est interdit. A l’entrée, ou à la sortie pour nous, nous découvrons une statue de grande taille (env. 5 mètres) représentant un berger avec ses brebis, sculpté dans la terre sablonneuse du désert. http://www.bardenas-reales.net/ Difficile de quantifier le temps que nous y avons passé, car nous étions dans un autre monde ! Enfin, comme toute journée a une fin, il nous faut trouver un hôtel pour retrouver allure humaine et c’est à Ejea de Los Caballeros que nous jetterons notre dévolu : pas le choix d’ailleurs ! Moderne, confortable, propre, qu’est-ce que vous voulez de mieux, mon pôv’monsieur... Ce sera l’occasion de se balader un peu dans les rues animées, de goûter aux tapas et de manger une petite glace sur la place emplie de gamins à plus de 22 heures !


Dimanche 26 octobre : Ejea de Los Caballeros, Villanua (près de Canfranc)

L’heure est au changement, l’hiver s’annonce ! Il fait pourtant beau et chaud presque comme en été. Un magnifique panorama nous accompagne un moment tout au long de la route déserte. Le château de Loarre, bâti à même les rochers, domine la vallée et les deux lacs. Très connu, les touristes y sont nombreux. Nous laisserons la place aux autres pour ce qui est de la visite. Construit au XIe siècle, c’est une véritable forteresse. Alentour, des rochers blancs, des pins récemment plantés et un ciel bleu nous rappellent les Baux-de-Provence. Tout en suivant la route longeant la rivière Rio Gallego, nous sommes impressionnés par les énormes rochers rouges de Los Mallos de Riglos. On se croirait dans un western. Parfois, un village est tapi à leurs pieds. Une petite grimpette sur une route des moins confortables nous permet d’atteindre le village d’Anzanigo. Il a l’air désert. Peu avant la place centrale, nous croisons une cuisinière venant déposer ses poubelles dans les containers idoines. Elle accepte de nous faire quelque chose à manger. Ce sera la surprise. L’établissement n’a rien d’un restaurant, il n’y a pas le moindre panneau ni enseigne ni même parasol. Son chien est allongé au soleil, ravi d’avoir quelques caresses. A l’intérieur, deux grandes tables rustiques, des murs en pierre, une tête de cerf empaillée, accrochée à l’un des murs, c’est très sobre et très rustique. La dame en question est seule aux fourneaux et au service et nous accueille avec la plus grande gentillesse. Bien sûr, il nous en coûtera trois fois rien. Un peu plus loin, nous passons près de la Citadelle de Jaca sans pour autant nous y arrêter. Dommage. La route longeant la rivière de Rio Gas et le panorama nous ravissent. Les pins, sapins, peupliers et autres arbres dans leurs coloris d’automne viennent diversifier le paysage. Au loin, nous apercevons les Pyrénées pelées. C’est en fin d’après-midi que nous arrivons à Canfranc, dont la gare, bien que désaffectée depuis 1970, est une véritable œuvre d’art avec ses 280 mètres de long (cf YouTube). Elle est dans un piteux état, ayant été squattée durant de nombreuses années avant d’être murée. On y voit quand même des verrières cassées et des murs tagués, c’est triste. Côté français, les rails sont envahis par l’herbe et des moutons viennent y paître en compagnie de leur berger. Les bâtiments annexes, à l’arrière, sont délabrés et envahis par la végétation. Dans les hangars, quelques wagons sont encore là pour témoigner du passé. Hélas, la visite guidée qu’il est possible de faire est reportée au lendemain. Nous n’aurons pas le choix de l’hôtel, car bon nombre sont fermés. Le seul ouvert est situé dans le village voisin. Il ne paie pas de mine à l’extérieur, mais l’on nous réserve bon accueil et le patron, aux fourneaux, se donne beaucoup de peine pour nous satisfaire.


Lundi 27 octobre : Canfranc, Agen (Lot & Garonne)

Le beau temps est toujours de mise, mais par contre les 11° du matin nous surprennent. Encore une déception, l’Office du tourisme est fermé et ainsi, il n’est pas possible de visiter la gare. Nous poursuivons notre route dans l’idée d’y revenir et côtoyons de magnifiques paysages avec des pans de collines roux, car garnis de fougères. Petit clin d’œil, nous passons sur « La Berthe », un ruisseau. Des troupeaux de moutons sont parqués pour la nuit, avec quelques biquettes, dans des endroits étriqués, dont l’un est rond. Ainsi, le berger peut rentrer à la maison. Des chevaux de trait sont en liberté, ils sont heureux et j’aperçois un âne noir, un seul, dans un champ. Nous gravissons le Col du Somport, à 1632 mètres. Le Fort de Portalet a été transformé en restaurant. L’eau de la rivière est transparente. La ligne de chemin de fer est désaffectée. Le Col d’Aubisque, lui, culmine à 1709 mètres. Un panneau, en bas, indique que la route est fermée. Tant pis, on essaie. Au tiers du chemin, un homme nous empêche de continuer sous prétexte du tournage d’un film un peu plus haut, avec Daniel Auteuil. Il nous suffit d’attendre un peu et nous nous installons à la terrasse d’un hôtel-restaurant. La patronne n’est guère ravie de nous voir arriver « Vous n’avez pas réservé ? ». Nous nous contentons de sandwichs faits à la va-vite et vendus à prix fort ! Il fait 25° sur la terrasse. J’ai beau écarquiller mes yeux en passant près du groupe cinéastes, pas de Daniel Auteuil en vue ! Peu avant notre retour sur Agen, nous ferons une halte gosiers sur une terrasse de l’artère principale de Maubourguet, non loin de Tarbes, recouverte de platanes. Entrelacés, ces derniers forment comme un plafond qui assombrit la route. Une petite route de campagne nous permet d’admirer les paysages agricoles au soleil couchant, avec des couleurs de sable. Notre dernière visite du jour sera pour le très joli village médiéval de Larressingle.                                            fr.wikipedia.org/wiki/Larressingle  On dirait presque un nom anglais ! Très petit, ce ne sont que quelques 200 habitants qui le préservent et il est classé comme « l’un des plus beaux villages de France » de même qu’au patrimoine de L’UNESCO, y accueillant chaque année plus de cent mille visiteurs. Nous y pénétrons par un pont-levis, contournant la vieille église romane tout en admirant ses remparts. C’est à regret que nous en repartirons, car l’atmosphère y est très agréable. Une route de plus en plus petite nous ramènera à Agen.


Mardi 28 octobre : Agen, Monclar de Quercy (Tarn & Garonne)

Nous quittons Agen et Bernadette avec le beau temps tandis que José tient à nous servir de guide (en voiture). Aurait-il peur que l’on se perde ? Il n’a peut-être pas compris que Pascal a un GPS intégré dans sa tête. Peu après midi, nous découvrons la propriété de Jean-Fi et Dany. Leur belle maison est située à la lisière de la forêt et c’est sur la terrasse que nous nous installerons, en compagnie de leurs deux fistons. Le temps passe vite en bonne compagnie et c’est le moment de prendre la direction du Nord. A part la Mairie de Villemur sur Tarn, d’une architecture exceptionnelle, nous ne verrons rien d’autre que les panneaux. A refaire !! Le soleil descend mais pas le nombre de kilomètres restant. Nous voilà dans le Quercy. C’est en bordure de route, niché dans un joli jardin boisé, que nous passerons la nuit. Cet ancien mas est très bien restauré  et nos hôtes (un Ch’ti et une hollandaise) des plus accueillants. Nous mangerons en leur compagnie, de même qu’avec un autre couple, très drôle, venant de Montpellier. La soirée sera placée sous le signe de la bonne chère et de la sympathie. La chambre est en réalité un appartement, comprenant chambre et salon, où l’on pourrait inviter du monde vu la superficie. Aux murs, des photos de Doisneau et de la célèbre Audrey Hepburn.                                                                                                                                                                                

                                                                                                                                           www.laforestiere.eu


Mer 29 oct. : Monclar de Quercy, St-Antonin-Noble-Val (Tarn & Garonne)

On prend les mêmes et on recommence, le ciel est d’un bleu immaculé. Après un délicieux petit-déjeuner, nous poursuivons notre route avec un premier arrêt à Puycelsi, arborant le panneau « l’un des plus beaux villages de France » et à juste titre d’ailleurs. Il y fait bon et les touristes l’ont déserté, ce qui nous convient très bien. Installé sur un piton rocheux et ceint de remparts, le village est composé de très belles maisons en pierre, de ruelles et d’impasses très soignées, de maisons à colombages du 13ème siècle, tout est irréprochable. Un écossais nous dit avoir proposé à la commune de s’occuper du petit bout de jardin communal dans lequel on l’y trouve. Le village domine la vallée et nous y admirons les grands champs labourés tout autour.                                               www.puycelsi.fr

A coup de sauts de puce, nous arrivons maintenant à Cordes–sur-Ciel, cité médiévale élue, en 2014, comme le village préféré des français. Là encore, nous tombons sous le charme de ces vieilles pierres. Pour éviter les voitures, un petit train propose ses services aux plus fainéants ou moins bien lotis. Les ruelles sont très pentues et les pavés irréguliers. Oubliez les talons, Mesdames. Les grandes maisons officielles arborent des plaques attestant de leur fonction, faites par l’Office du Tourisme.                                                                                                                        www.cordessurciel.eu

C’est finalement à St-Antonin-Noble-Val que nous élirons domicile pour la nuit. Tout en impasses, les lieux sont squattés par les chats. Une anglaise nous propose une petite chambre au 3e étage, donnant sur les toits, d’où l’on aperçoit encore plusieurs matous. Les touristes ont déserté les lieux, laissant leur place aux quatre pattes.



Jeudi 30 octobre : St-Antonin-Noble-Val, Figeac (Lot)

La brume enveloppe encore la forêt en fin de matinée. Cahors, situé dans le Lot, est une grande ville que nous ne connaissions pas et que nous ne ferons que survoler. Elle est connue pour son AOC en vin rouge, mais bon, nous, le vin ! Un petit café nous convient mieux, sur la Place Gambetta, au pied de la statue de l’homme du même nom et en face d’une grande université, jouant un moment aux lézards. Les bus sont décorés de coquelicots, c’est ravissant. Un motard d’ici nous interpelle pour nous parler de la Suisse, c’est un monologue, pas facile de s’en défaire ! Un autre, heureux sur sa Moto Guzzi Stelvio, propose à Pascal de l’essayer. Un peu plus loin, le nom d’un lac m’interpelle « Ecoute s’il pleut », joli, non ? Comme il est agréable de s’imbiber de ces paysages sur des routes tranquilles, d’admirer ici et là des maisons avec des tours carrées. C’est çà, la Dordogne. Nous jetterons notre dévolu sur le joli village médiéval de Domme, déjà visité mais à revoir dans la douceur automnale, déserté de son lot de touristes. Encore un village confortablement installé sur un promontoire avec ses maisons de pierre aux toits de lauze et classé parmi les plus beaux villages de France. On ne pouvait pas passer à côté de la salade périgourdine quand même, ni du fondant au chocolat-pistache avec glace framboise. Les boutiques sont encore ouvertes, la plupart proposant des produits régionaux de qualité. L’une d’elles est très colorée, comme sa propriétaire et néanmoins artiste qui fabrique des articles en faïence des plus originaux.                                                                 www.faiences-des-coquelicots.com Nos petites routes maintenant nous amènent à la Roque-Gajeac, encore un lieu magique méritant le label « l’un des plus beaux villages de France » et qui s’étire au soleil, au bord de la Dordogne large et tranquille. Les maisons sont adossées aux rochers avec, à leurs côtés, château et manoir. De l’autre côté du village, un autre château nous attend, plus modeste, dominant la vallée et dont les jardins sont spectaculaires : « Les jardins suspendus de Marqueyssac ».                          www.marqueyssac.com

Voilà encore un site d’où j’aurais de la peine à repartir, un véritable havre de paix. L’emplacement, le jardin de sculptures en buis, d’une douceur irrésistible, puis la forêt avec ses panneaux didactiques et imagés. Au moment de nous vêtir pour repartir, je m’aperçois que, dans ma veste de moto, j’ai emporté par mégarde la veste de la demoiselle de la boutique ! Elle l’avait posée sur sa chaise et m’a tendu les deux en même temps. Heureusement que deux dames s’apprêtent à monter le petit chemin pour s’y rendre, j’ai pu la leur confier sans avoir besoin de refaire la grimpette. C’est à Figeac que nous trouverons de quoi nous loger, sur la Place Champollion de la vieille ville, dans un petit hôtel. Il est trop tard pour faire les difficiles et, de plus, nous y sommes fort bien accueillis. Même nos motos le sont puisque nous les rentrons dans la cour ancienne, à l’abri derrière une grande grille. Un minuscule restaurant, à proximité, porte le nom de « Aux anges gourmands » et propose une qualité bio. La serveuse assume seule son travail avec efficacité et sans excitation.


Vendredi 31 octobre : Figeac, Labeaume (Ardèche)

On a beau se réveiller curieux du temps qu’il fait, la fête continue avec un beau ciel bleu. Parcourant quelques rues alentour, nous découvrons d’anciennes halles sous lesquelles une terrasse est installée, qui doit probablement laisser place au marché de temps en temps. La route nationale que nous empruntons est très jolie mais le trafic y est assez intense. Nous admirons les couleurs automnales, longeant l’Aveyron, traversant de jolis villages avec leurs châteaux. Le Périgord est l’une des régions où l’on trouve le plus de châteaux, avec la Loire et la Bourgogne. Un peu plus loin, Conques est un très petit village qu’il ne faut surtout pas manquer. Une abbatiale imposante y trône où l’organiste s’entraîne.

Les ruelles pavées se confondent avec la pierre des maisons, le schiste étant le matériau de base uniformisant le tout dans des teintes ocres rosées. Un chat attire nos regards sur le toit de l’abbaye, miaulant à qui veut l’entendre. A-t’il oublié le chemin pris pour y venir ? Il est beaucoup trop haut pour aller le récupérer. Quelques artisans locaux sont encore là avec de beaux produits en cuir et des parapluies très originaux. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à Mende, au cœur de la Lozère, le temps de nous restaurer. La cathédrale, seul édifice que nous verrons de la ville, est en réfection. Les bus sont décorés de papillons. Au cours de la suite de notre parcours, j’aurai la chance d’apercevoir quatre ânes, une belle journée ! Quelques routes sont encombrées en Ardèche et nous arrivons à Labeaume juste avant la nuit. Seul lieu d’hébergement, un petit hôtel nous attend, où l’on nous réserve bel accueil.                                                                                        www.hotel-lagarenne.fr

Ce joli village, envahi par les touristes en été, se trouve déserté maintenant. Il s’accroche aux pentes escarpées, falaises abruptes descendant du plateau calcaire des Grads dans lesquels se nichent d’anciens habitats troglodytes. L’Ardèche coule à ses pieds et, ce printemps, elle a vu son niveau monter à un tel point qu’elle a débordé, inondant le pied du village. De magnifiques platanes centenaires abritent en été les joueurs de pétanque. Toutes les boutiques sont fermées. Seule une épicerie/boulangerie reste ouverte, installée à côté de l’hôtel et de l’église. Ici se termineront nos vacances, le restant du trajet nous étant connu, donc sans surprises.

Betty Février 2015