Entre mets et mots

Dans ce jardin, je me sens bien. Il y fait agréable sous les arbres. L’herbe fraîchement coupée me rafraîchit les pieds. Au loin, les vaches, tout occupées à brouter, diffusent le son de leurs cloches aux alentours. L’âne, juste derrière la maison, entreprend un timide braiement, très bref et sans suite. Nous a t’il senti ? Le vent, sous la forme d’une légère brise, me caresse la joue, tel un éventail. Parfois, un tracteur vient troubler le silence. Un chien aboie dans le lointain. Je suis en pleine campagne, sous un ciel bleu estival. Le toit immense de la maison, en tuiles ocre rouge, atteste de l’importance de la bâtisse. A l’intérieur, des meubles hybrides, d’un temps reculé, font bon ménage.

M’imprégnant de ces lieux apaisants, de cet espace vert à l’état sauvage, je me détends, laissant libre cours à l’observation et à l’écriture. Sur la mare, des nénuphars s’approprient partiellement la surface de l’eau. Dans le jardin, moult plantes me sont étrangères. La maîtresse des lieux, botaniste et amoureuse de chacune de ces variétés, nous révèle leurs noms, origines et propriétés, que j’aurai tôt fait d’oublier pour la plupart. Qu’elle me pardonne. Différents coins de repos semblent avoir été aménagés, ou pas, tantôt ombragés tantôt ensoleillés. Petites tables et chaises colorées, ou grosse pierre, il y en a pour tous les popotins. De quoi trouver là l’inspiration.

Il est midi. Une grande table, nappée et dressée, offre, selon les choix de chacune, ombre ou soleil. Quant aux chaises, il s’agit de s’assurer de leur stabilité, au vu du terrain humide et meuble. Sinon, c’est un petit cri et les jambes qui décollent. Ce joli tableau éveille nos estomacs. Les assiettes arrivent, deux par deux, nous laissant le temps de découvrir leur contenu, original, coloré et alléchant. L’eau fraîche des carafes est versée dans des flûtes à champagne. Pourquoi pas ? Et toute la vaisselle s’harmonise avec les lieux anciens. Des pains, confectionnés « maison » avec des pommes de terre ou des céréales, attirent notre attention et nous font saliver. Des nans s’accordent avec certains plats orientaux. Quelques fleurs viennent ajouter une touche à la présentation des mets dans les assiettes. Par respect pour elles, je n’ose les manger. Et pourtant, leur vie ne prend-elle pas fin ici ?

Après ce délicieux repas, nous pouvons nous replonger dans les mots qui glisseront sur le papier, mémorisant ainsi ce merveilleux souvenir de la journée.

Betty Morel
14.08.2021