La magie de l'Irlande

Dimanche 2 septembre 2012 : Départ via Jura, Ain, Saône-et-Loire, Nièvre et Cher

recit-irlande_0304.jpgIl fait gris, seulement 14° au thermomètre, la route est sèche. Dans le Jura, les sapins sont enveloppés de brouillard et la pluie vient brusquement nous obliger à revêtir notre équipement de scaphandre, pour quelques kilomètres seulement. Traversées de Morez, le spécialiste de la lunette, bien imagé par un parterre fleuri, de même que Morbier, dont une pendule du même nom trône au rond-point d’entrée, entièrement revêtue de plantes rases. La très jolie ville de Louhans, en pays de Bresse, se vante, à juste titre, de ses 157 arcades. Elle est déserte cependant le dimanche, car les nombreux petits commerces sont fermés l’après-midi. Nous réussissons à dégoter une petite pizzeria sympa, de l’intérieur de laquelle nous entendons et voyons passer des motos anciennes, participant à un Tour de France. Nos cœurs vibrent, les souvenirs remontent à la surface. Un peu plus loin, en bordure de route, quelle n’est pas notre surprise d’apercevoir, dans un grand champ, une quarantaine d’ânes. Joli mouvement que toutes ces queues et ces oreilles qui se balancent et s’agitent. Leurs couleurs et origines sont variées, allant du brun clair au presque noir, en passant par le blanc et le tacheté. Dans le département du Cher, nous remarquons au passage un pont-canal comportant deux écluses en escalier. Pas le temps de s’arrêter, car nous avons réservé une chambre d’hôtes à Allouis, un peu après Bourges. Cette petite ville de moins de 1000 habitants est connue pour son émetteur de radiodiffusion grandes ondes (France Inter entre autres) depuis 1939 et semble être toujours en activité. C’est dans une maison de maître que nous passons la nuit, baptisée « Château vert », nichée au fond d’une belle allée de platanes, en rase campagne. Notre hôtesse, très accueillante, nous met à disposition un abri pour les motos. Nous nous rendons à pied au village, gagnant l'unique restaurant qui tient lieu également de boulangerie, petite épicerie et tabac. Notre hôte nous avait parlé d'une distance de 800m, en fait il s'agit plutôt de 1km800.  Au moment de repartir, un monsieur nous demande si nous venons du Château vert, s’offrant de nous ramener, la petite route étant étroite et non éclairée. Nous l’en remercions et déclinons son offre, un peu d’exercice nous sera bénéfique. Nous apprendrons le lendemain matin, de la propriétaire, qu’il s’agissait de ... son mari ! N’est-ce pas du service, çà ? La lune se cache derrière les nuages, émettant un peu de lumière pour remplacer la lampe de poche oubliée. La température est agréable. A notre retour, un hibou nous accueille en hululant.

Lundi 3 septembre : Cher, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire, Sarthe, Mayenne,
              Ille-et-Vilaine, Côtes d’Armor


La lune est restée pour nous souhaiter le bonjour et le ciel a balayé tous les nuages. Un bon petit-déjeuner à la française nous attend. Nous sommes les seuls clients. Des tourterelles roucoulent. L’herbe jaunie témoigne d’un été très sec. Il est temps de continuer notre périple. Au passage, un petit troupeau d’ânes du Berry, à la robe très foncée et hauts sur pattes,  nous saluent. Aux approches du château de Chenonceaux, nous faisons une courte halte café chez un motard, pas causant du tout, mais souriant. Tandis que sa femme s’agite pour préparer les tables (nombreuses), il se tient derrière le bar, le regard collé à l’écran de TV. J’ai beau engager la conversation sur le sujet moto, il ne répond que par oui et non. Nous traversons maintenant Vierzon, une belle ville très fleurie qui aurait mérité qu’on s’y attarde. Quant aux départements suivants, c’est le nez dans les guidons que nous les traverserons, donc rien à signaler. Il est 19 heures lorsque nous arrivons chez nos amis bretons à Plérin (Côtes d’Armor), village rattaché à St-Laurent-de-la-mer. La côte est découpée, les falaises sont très hautes . Crêpes et petite balade sur la plage sont au menu du soir.

Mardi 4 septembre : Côtes d’Armor

Le soleil fait quelques apparitions. Guidé par notre hôte, nous empruntons la petite route sinueuse, dite « des douaniers », longeant la mer. Un beau point de vue, un monument commémoratif, un vent assez violent, comme il se doit en Bretagne. Des haies nous protègent un peu. Bréhec est un petit village de pêcheurs où la route prend fin. Une terrasse nous tend les bras et les moules/frites sont à la carte. Fréhel est une jolie station balnéaire haut-de-gamme rappelant Deauville, avec des maisons de maître. Le Cap Fréhel est connu pour être « dans le vent », car situé à la pointe. Le phare trône sur le parking désert, il est habité par le gardien et sa famille. Prochain arrêt : Fort Lalatte. Nous nous introduisons in extremis dans son enceinte grâce à l’un des derniers visiteurs sympa qui retient le portail, étant hors des heures de visite. Un petit chemin en terre battue, se faufilant à travers arbres et arbustes, nous conduit aux portes du Fort. Ce dernier est privé, mais une partie se visite , ce sera donc pour une autre fois. Entouré de fortifications, c'est un édifice imposant, surplombant la mer, avec de nombreuses tours. Les lieux sont magiques.

Mercredi 5 septembre : Côtes d’Armor/Ille-et-Vilaine/Manche

Notre hôte se propose de nous accompagner jusqu’à St-Malo. Le thermomètre indique 18°, température agréable, ciel gris, un peu de bruine, c’est normal en Bretagne. Une halte rapide à St-Brieuc pour acheter des pulls marins, selon mon désir. Les vendeuses ne m’ont pas vue longtemps, tandis que ces messieurs m’attendaient sur le parking en parlant motos ! St-Malo est toujours aussi belle, imposante, enveloppée dans ses remparts. Nombreuses sont les ruelles pavées et marchandes avec restaurants et magasins touristiques. Le soleil revient. De passage à Avranches, nous aurons tout loisir d'admirer cette jolie ville très fleurie et d'apprécier la décoration rustique et boisée d'un resto servant de belles salades. Nous nous engageons ensuite sur la voie rapide menant à Cherbourg, lieu d’embarquement. Il est 17 heures et il nous faut traverser toute la ville pour atteindre le port. Le vent est frais et le ciel immensément bleu. Le magnifique ferry, de la compagnie Irishferry, a un peu de retard. Nous restons un moment sur le pont, au soleil, pour saluer la France, en compagnie d’un motard bordelais. Nous jouirons d’un magnifique coucher de soleil.

Jeudi 6 septembre : France / Irlande

Non, non, ce n’est pas un match de rugby, mais la traversée de Cherbourg à Rosslare, en 13 heures. Rosslare se trouve au Sud-Est de l’Irlande, nous contournons donc l’Angleterre par le Sud-Ouest. Il s’agit maintenant d’avancer nos montres d’une heure, les anglais, c'est bien connu, ne faisant pas comme les autres. La mer a été calme. Le ciel voilé se dégage à notre arrivée. Très peu de motos sur le bateau, une petite dizaine seulement, pour la plupart des irlandais rentrant au pays. A 11h30, nous débarquons au port de Rosslare. Peu d’attente et pas de contrôle de papiers pour les motards ! recit-irlande_1068.jpgNombreux sont les panneaux, dès la sortie du port : « Attention, conduite à gauche ! ». Nous arrivons tout de suite en pleine campagne avec, ici et là, de jolies maisons, dont certaines aux toits de chaume. Les bordelais s’arrêtent déjà ... au MacDo ! Les panneaux de B & B ne manquent pas. Wexford sera notre première halte. C’est une très jolie ville et, de plus, il y fait beau et chaud. Dans la zone piétonne, nous dénichons un joli restaurant moderne avec des parois de bouteilles de vins français. La cuisine est excellente, faite maison, et les plats très joliment présentés, quel flair ! Première halte, premier étonnement quant à la gentillesse naturelle et à l’accueil des irlandais. L’Irlande fait partie de l’Europe, nous continuons avec les Euros. De plus, leur système métrique est européanisé lui aussi (Kms, poids, litres), ce qui va nous simplifier la vie.

New Ross, ville dont était originaire la famille Kennedy, sera notre prochain arrêt. Un monument est érigé en l’honneur de la célèbre famille, au bord de la rivière, avec JFK grandeur nature. recit-irlande_0225.jpgLa photo s’impose évidemment, Pascal lui serre la main. Tout à côté, un voilier à trois mâts, reproduction de l’original détruit, est à quai depuis plusieurs années et des visites guidées sont organisées. L’original servait au transport des émigrés en 1759, en partance pour les Etats-Unis. Ces derniers vivaient dans des conditions très difficiles durant plusieurs jours, ne sachant pas où ils allaient et ne pouvant monter sur le pont qu’une heure par jour. Le guide laisse maintenant sa place à deux dames en habits d’époque, l’une pauvre et l’autre aristocrate. Elles jouent leurs rôles à merveille, mais leur accent met une barrière. Nous ne faisons que traverser Waterford, dont la circulation est dense, idem Tramore, au bord de la mer, pour continuer par une petite route étroite surplombant la mer sur une trentaine de kilomètres. Les B & B sont rares dans cette région, fort étonnant au vu de la situation et de la vue.

Juste avant Dungarvan, nous quittons la route côtière pour en emprunter une plus petite menant à une Family House (B & B) où nous sommes accueillis avec gentillesse et simplicité. A l’écart de tout, nous voilà en pleine campagne et notre hôtesse accepte de nous préparer un petit repas pique-nique. La lumière du soir est magnifique. Notre chambre donne sur le jardin, à l’arrière, le silence est roi. Nos motos, elles, dormiront à la belle étoile.


Vendredi 7 septembre ; Dungarvan, Dungarvan

Le ciel est gris à 8 heures, alors qu’à 4 heures du matin, la lune et les étoiles scintillaient. Notre hôtesse nous sert un breakfast gargantuesque avec saucisses, bacon, œuf, tomates, galettes et toasts, tandis que yoghourts et céréales sont à disposition. Bien parti pour le régime ! Nous décidons de rester la nuit suivante afin de visiter les alentours. Les routes sont numérotées de 2 à 4 chiffres, selon leur importance, la dernière étant quelque peu herbeuse ou caillouteuse. Sur les grandes routes, la voie de gauche est réservée aux véhicules lents, mais les autres véhicules se déplacent systématiquement sur leur gauche pour nous laisser passer, même s’ils roulent normalement. On y retrouve, comme en Angleterre, le fairplay et le respect. Les panneaux sont triangulaires, sur fond jaune, et les informations différentes des nôtres. Ici et là, nous apercevons les bocages avec des troupeaux de vaches et de moutons ainsi que quelques chevaux. Les façades des pubs sont parfois de couleur vive, parfois peintes en noir avec des lanternes dorées, clinquantes. Petite pause à Thomastown, pour un café, qui n’en a pas vraiment le goût, et la visite des Water Gardens, à la fois jardin et centre de jardinage, occupant des handicapés. Un ruisseau y serpente, bordé d’une végétation luxuriante. On retrouve ces plantes aux feuilles énormes de la grandeur d’un parapluie. C’est un moment agréable, au calme, avec le gazouillis de l’eau et des oiseaux. Dans chaque village que nous traversons, des drapeaux noirs et jaunes flottent devant les maisons et établissements publics. Nous apprendrons qu’ils marquent le soutien à l’équipe de hockey sur gazon de Kilkenny. Les magasins jouent également le jeu dans la décoration de leurs vitrines. Un policier motard nous salue avec la jambe, à la française, étonnant. Kilkenny est une jolie ville touristique avec, en son centre, un très imposant château austère, en pierre sombre. Son parc, ouvert au public, est magnifiquement arborisé avec une pelouse en son centre. On peut y marcher, jouer, dormir, pique-niquer. Un artiste de rue s’entraîne à la jonglerie. Un chêne vert est sans nul doute séculaire, sa taille est impressionnante. Dans la ville, un attelage avec un cheval, emmenant un père et ses trois enfants, se faufile dans la circulation. La ville est très fleurie, tant sur les bords des rues qu’en l’air (suspensions). Cashel, un peu plus loin, ne correspond pas à l’image qu’en donne le guide vert. Dans un pub, les fanatiques de foot sont accrochés au bar, les yeux rivés à l’écran de télévision. Afin d’éviter l’encombrement des villes suivantes, nous empruntons une petite route étroite et sinueuse, bordée de haies, gravillonneuse dans les virages. En bordure de mer, les maisons sont cossues et récentes, mais rarement anciennes. Notre regard est attiré par un panneau, dissuasif, annonçant une amende de 150 Euros pour les déjections des chiens !

Samedi 8 septembre : Dungarvan, Blarney

Un ciel voilé est encore au rendez-vous ce matin. Sur notre demande, mais à contre cœur, notre hôtesse nous a préparé un petit-déjeuner plus modeste. Nous quittons les lieux vers 10 heures, ce qui deviendra notre habitude, et délaissons le bord de mer pour nous rendre à Lismore, l’une des bonnes adresses de nos hôtes. Le joli village est perché sur une petite colline. En bordure de l’enceinte du château, une fontaine moussue laisse déborder l’eau, qui coule en abondance et s’en va rejoindre la rivière en dessous. Le château ne se visite pas, mais son parc compense largement, avec ses potagers, vergers et jardins fleuris, séparés par des murs en pierre. Des arbres gigantesques nous saluent, des rhododendrons atteignent des dimensions hors du commun, les pelouses prêtent à  s’y étendre. Quel moment agréable. Le château, lui aussi très imposant, de forme carrée, avec différentes tours à créneaux, est construit dans cette même pierre sombre que celui de Kilkenny. Pascal pénètre dans la vieille église tandis que je fais le tour des anciennes tombes délabrées. Nous allons boire le thé chez une charmante dame très accueillante tenant le « Rustic café » au centre du village. Probablement dans la septantaine, ses cheveux blonds sont retenus en chignon souple par un joli nœud noir en forme de fleur. recit-irlande_0380.jpgUn peu plus loin, nous découvrons un parc magnifique avec, en son centre, une fontaine, une cascade, un kiosque au toit dentelé et une coupole en pierre, posée à même le sol, en dessous de laquelle était autrefois fabriquée la glace, avec du sel pour la conserver. Reprenant la route, étroite et cachée par de grands arbres, nous nous dirigeons maintenant en direction de Youghal, en bordure de mer. C’est là que nous dégustons nos premiers scones, avant de poursuivre sur une minuscule route de campagne où tracteurs et troupeaux de vaches nous ralentissent. A Ballymaleigh, une grande plage s’étend sous nos yeux, quelques canoës naviguent au bord et un nageur, un seul, semble supporter la température probablement fraîche de l’eau. Un très grand hôtel 4 étoiles, tout neuf, a pris place devant la plage. Puis, c’est Ballycotton, un petit village étroit surplombant la mer avec des hôtels de luxe et son joli port minuscule. De là, nous apercevons une île, très verdoyante, accessible à pied à marée basse. Les marées semblent être de faible amplitude en Irlande. Nouvelle petite route, minuscule encore, boueuse par endroits, mais cette fois menant nulle part. Nous arrivons quand même à Cobh, un port important , où les B & B sont rares, ce qui nous oblige à revenir en arrière. A Blarney, notre logeuse de la veille nous avait communiqué une adresse. Au vu de la difficulté à la trouver, nous appelons et attendons la propriétaire qui a la gentillesse de venir nous chercher puis nous offre le thé sur la terrasse, devant sa maison. Notre chambre donne sur le jardinet, à l'arrière de la maison, donc calme assuré. Nos motos passent une nouvelle nuit dehors, devant la fenêtre du salon. La couverture grise du ciel matinal s’est maintenant déchirée. Nos hôtes nous recommandent un pub, à quelque 25 minutes de là, où nous nous rendons à pied, déclinant leur offre de nous y conduire. Sur la route, contrairement au panneau 60kms/h, les voitures passent vite et le trottoir est étroit. Le Blairs Inn (pub) est très bien, effectivement, pas bruyant, et le garçon parle un peu français pour avoir vécu à Genève il y a onze ans. Il est ravi de nous servir et me fait la bise en partant. La cuisine est excellente.

Dimanche 9 septembre : Blarney, Blarney

Il pleut, mais ça n’est pas méchant et nous n’allons pas loin, en commençant par la visite de ce que nous pensions être un moulin. En fait, le « Woollen Mills » fut un moulin et un lieu de tissage de la laine, mais il n’en reste plus que quelques éléments et photos. Les différentes usines, aux longs toits allongés, ont été réhabilitées maintenant en hôtel, restaurant, café et magasin. Ce dernier, d'une très grande surface sur trois étages, offre un vaste choix de vêtements en laine bien évidemment, mais aussi d’articles typiquement irlandais. Le parking est bondé et les cars déversent leur flot de clients. Le temps passe vite à fouiner partout. Pascal soupire en déplorant le peu de machines, vestiges de l’époque. Cork fera l'objet de notre prochaine visite. C’est la deuxième plus grande ville d’Irlande et l’un des principaux ports. Nous commençons toute visite de grande ville par une vue d’ensemble du haut d'un City Bus, à l'étage. Les explications, en anglais of course, diffusées par des écouteurs, ne sont pas toujours faciles à comprendre. Après l’intérieur, le bus nous emmène à l’extérieur de la ville. Nous avons la possibilité de descendre à n’importe quel arrêt et de le reprendre un peu plus tard, c’est l’idéal. L’heure du café ayant sonné, nous entrons dans un minuscule bistrot, repéré au passage, situé de l’autre côté du pont qui enjambe la Lee. Une machine à torréfier le café trône en son centre,  diffusant la bonne odeur. Sur des étagères garnies de "vieilleries" tout droit sorties de brocantes, un choix de cafés et thés spéciaux est étalé. Le « Cork Coffee Roaster » est tenu par un jeune couple très sympa, que je remercie en partant pour nous avoir permis de passer un bon moment. Finalement, la pluie cessera pour nous permettre d’arpenter St Patrick’s Street, une rue marchande importante. Les magasins y abondent, mais étonnement il n’y a pas, ou presque, de grandes surfaces. Cork est jumelée avec Rennes, en Bretagne. Au moment de reprendre nos motos, laissées sur un trottoir très large, en plein centre, nous apercevons une dame occupée à photographier la jante de la Moto Guzzi ! Nous enchaînons par Cobh (prononcez Cove), connue sous le nom de Queenstown jusqu’en 1922, et sa jolie petite gare restaurée, avec un espace café, des boutiques et un musée. Des photos du Titanic sont accrochées aux murs, puisqu’il a fait sa dernière halte ici le 11 avril 1912. De vieilles malles, échelles et autres objets anciens sont disposés dans le couloir sans protection aucune. Quelle confiance et quel respect. De Cobh, émigrèrent 2'500'000 irlandais, sur une population de 6 millions, entre 1848 et 1950. A l’extérieur de la gare, un mémorial des émigrés irlandais fuyant l'Irlande pour des terres nouvelles, représente Annie Moore, première immigrante pour les États-Unis en 1892. Cette jeune fille de 15 ans et ses deux jeunes frères étaient partis rejoindre leurs parents, venus à New York quatre ans auparavant. Ils furent accueillis par les officiels et une pièce d'or d'une valeur de 10 $.
Un peu d’exercice maintenant pour atteindre la Cathédrale de Saint-Colman, la plus haute construction de la ville et l'une des plus élevées d'Irlande. Deux personnes y jouent du carillon et leur concert est transmis en direct sur un grand écran de télévision, à l’entrée. Jusqu'à ce jour, je n'avais pas imaginé qu’on puisse prendre en photo un écran, et pourtant !! La vue est exceptionnelle depuis là, sur la ville, le port et la mer. Un orage éclate juste en face, sur une jolie petite île verdoyante. recit-irlande_0046.jpgAu bord de la mer, nous flânons dans un parc portant le nom de Kennedy, lieu paisible avec un joli kiosque en son centre, des parterres de fleurs et une pelouse à l'anglaise. Pas besoin de télévision ici. Tout près, un mémorial Titanic et, en dessous, un restaurant inauguré en 2000 par un survivant du bateau. Dommage qu’il n’y ait pas davantage de décoration et d’ambiance, c’est un lieu froid et bruyant. Nous élucubrons à l’idée d’en avoir fait autre chose avec des maquettes de bateaux, des photos et autres objets maritimes. Nous lui préférons donc le petit bistrot d’en face « Trade Winds », avec une musique agréable et une cuisine de qualité, autour d’une petite table haute. Dans les rues, des oriflammes claquent au vent, signalant le centenaire de la disparition du Titanic.

Lundi 10 septembre : Blarney, péninsule de Beara

Ciel gris et pluie fine sont au menu. L'Angleterre nous a devancés en intégrant les PostOffice dans les petits supermarchés. Nous y passons pour expédier un paquet de linge sale à la maison parce que qu’est-ce que ça tient comme place dans les bagages ! En route pour Kinsale où la pluie devient plus sérieuse. Un minuscule café nous accueille, tenu par deux dames. Leur coin cuisine est dans le même espace, ainsi on les voit s’affairer en direct et, tout en nous offrant les bonnes odeurs, elles créent l’animation. Tout est bleu, le cadre de la cheminée, les nappes en toile cirée, le mur de la cuisine et les toilettes, miniatures, atteignables en passant par l’extérieur. Les maisons de la petite place voisine sont très bariolées et nombreuses sont les ruelles marchandes arborant des devantures très fleuries. Le ciel est noir, mais se dégage très vite avec le vent. Un homme nous interpelle, nous voyant le nez en l’air, nous questionne sur le pays de notre provenance et nous offre spontanément des informations sur sa ville. A l’Office du tourisme, nous le verrons en photo avec son père, sur un prospectus, proposant des tours en bateau. Les boutiques proposent des articles divers, de qualité. La ville est réputée pour être l’un des plus beaux villages d’Irlande et connue des irlandais comme des étrangers, surtout des américains. Attirés par une odeur de chocolat, nous entrons dans une boutique tenue par une jeune femme, qui doit l’adorer au vu de ses formes et nous propose de déguster une truffe. Hum ! Nous constatons, une fois de plus, que le niveau de l’océan est toujours bas, étonnant. Prochain arrêt à Rosscarbery, joli village tranquille avec ses fenêtres fleuries. Il ne fait pas très chaud et nous pénétrons dans un petit café-restaurant à l’ancienne, agencé de vieux meubles en bois, une cheminée et des étagères avec des livres anciens. Au « Pilgrim’s Rest », une jeune femme nous accueille, nous sommes presque les seuls clients. Une bonne soupe nous réchauffera. Par contre, le pain est immangeable, tant au goût qu’à l’odeur, fabriqué avec une céréale inconnue, ce n’est pas la première fois. Il est foncé et la texture ressemble à un cake. Les routes se resserrent en longeant la côte. Le vent augmente d’intensité. Nous nous élevons un peu du niveau de la mer et avons l’impression d’être en montagne, avec une herbe rase, l’absence d’arbres et quelques vaches de ci de là. Il fait 13° et nous apprécions les pulls. Rares sont les véhicules que nous croisons avant d’arriver au B & B portant le nom de « Windy Point ». La route est sans issue. Nous sommes sur la péninsule de Beara, avec, juste en face, l’ìle de Dursey, habitée, atteignable par un mini-téléphérique ou par bateau. Comme le nom du B & B l’indique, c’est un endroit très venteux. Des moutons paissent en liberté, nous leur rendons visite en habit de motards, pour nous protéger du froid. recit-irlande_0508.jpgDeux vaches sont chacune avec leur petit, dans des enclos séparés, et un taureau est isolé lui aussi. La maison est très jolie, mais ressemble davantage à un hôtel. Nous sommes les seuls clients, une fois de plus. Nous nous attendions à pouvoir manger, mais, hélas, notre hôtesse ne « peut » pas nous préparer un repas ! Les tables sont déjà toutes prêtes pour le breakfast du lendemain. De la fenêtre de notre chambre, nous jouissons d’une vue imprenable sur la mer et l’île. Garnish est un hameau composé de quelques maisons. Un bel orage passe au loin et, cadeau, un magnifique arc-en-ciel nous éblouit par sa beauté et sa netteté. Autour de la maison, des orthensias, géraniums, et même des palmiers, semblent supporter le climat. Une fois changés et réchauffés, nous nous installons dans le salon où un poêle factice ne nous offre qu'un spectacle lumineux. La nuit sera des plus tranquilles.

Mardi 11 septembre : péninsule de Beara, Dingle

Notre hôtesse nous a concocté un breakfast des plus complets, ne faisant qu’une apparition, comme hier, pour nous apporter thé et assiettes. Sur la terrasse, un joli chat vient se frotter à nos pantalons en miaulant. Une patte noire et une blanche, le reste est tigré dans les coloris orange et noir. Le ciel est gris et le vent sévit toujours dans ce paysage très sauvage. Pause café à Kenmare, encore une jolie petite ville, colorée et fleurie, très animée. Nous entrons dans un pub dont l’intérieur est boisé, avec des séparations comme dans les trains, des vieux objets sur les étagères et des affiches anciennes. Derrière le bar, une demoiselle anglaise nous accueille, avec un accent prononcé. Elle est venue travailler en Irlande quelque temps. Elle s’active à nettoyer le bar, verres, bouteilles et étagères, tout en nous témoignant son admiration pour notre façon de voyager. Au cours de la balade dans la rue principale pour nous imprégner de l’ambiance, nous constatons une fois de plus que ce ne sont que des petites commerces. Nous avons garé nos motos en face d'un parc de forme triangulaire avec de très beaux arbres. Puis, nous longeons la côte durant une quarantaine de kilomètres, sur une route un peu inconfortable. De nombreux autocars anglais obligent les voitures à ralentir ou s’arrêter vu l’étroitesse de la route par endroits. Sur les côtés, genêts et bruyère sont en fleurs. La chaleur n’est pas au rendez-vous et un petit thé sera le bienvenu. En bordure de route, à Waterville, un café peint en bleu attire mon regard. Peter’s Place est son nom. L’homme propose des tas de bonnes choses, élaborées par ses soins, notamment des scone et crumble. L’endroit est très rustique et convivial et la musique des années 70 nous plaît bien. Sur son prospectus, il a usé d’humour. De l’autre côté de la route, sur la butte, il a installé une table et des chaises pour les beaux jours ! Sur la route nous conduisant à Dingle, la pluie nous surprend et nous ferons les vingt derniers kilomètres avec nos habits pluie sur une route  glissante. A deux pas du port, nous dégotons un B & B portant le nom de St-Joseph, chez une mamy charmante. La chambre, toute petite mais douillette, est bien chauffée. Pluie et brouillard se sont donné rendez-vous. Brrrr. Plusieurs pubs proposent une soirée musicale et nous entrons dans le Dingle Bay qui, en fait, n’est pas un pub mais un hôtel. Trois musiciens viennent s’installer à 21h30 dans un coin, mais l’ambiance n'y est pas.

Mercredi 12 septembre : Dingle, Kilkee

Il a plu abondamment durant la nuit et le brouillard enveloppe maintenant la ville et le port. Nous allons déposer notre sac de linge sale à la Laundry, de l’autre côté de la ville. Le commerçant est charmant et comprend notre besoin, acceptant de s’en occuper pour le début d’après-midi. Nous partons pour Fahan, à la pointe de la péninsule de Dingle, et visitons, au passage, un fort vieux de 2000 ans portant le nom de Dunbeg Fort, qui surplombe l’océan. En fait, il n’en reste plus que les murs. Les falaises sont impressionnantes et certaines portions de terre se sont déjà détachées avec le temps. L’eau est belle, les vagues viennent s’échouer contre les falaises, provoquant une belle écume blanche. Le vent est violent et froid. De l’autre côté de la route, dans la jolie maison entièrement en pierre, du sol au sommet du toit, une dame vend les billets et nous propose une information en vidéo. Nous devons payer à nouveau, à la guitoune voisine, dans laquelle nous ne voyons que les pieds de l’homme, assis au-dessus, pour visiter une autre maison en pierre. Ici ont vécu des paysans avec leurs bêtes durant la période de famine, entre 1800 et 1850. A l’intérieur, quelques meubles, objets et mannequins. Quelques chèvres, sur le terrain voisin, s’approchent de nous, sans daigner goûter à l’herbe que nous leur tendons. Deux ânes, dans un autre champ, en contrebas, sont très sociables et friands de caresses. L’un est brun foncé, l’autre blanc et café. Le ciel se découvre, le brouillard s’estompe. Nous continuons le long de la côte. Des haies de fuchsias, hautes de deux mètres, nous font une haie d'honneur, associés à de jolies fleurs fines orange, dont nous avons un échantillon à la maison. Les troupeaux de moutons sont marqués en rouge ou en bleu, témoignant de leur appartenance. Nous apercevons maintenant un bout d’arc-en-ciel au-dessus des petits lacs. Deux cyclistes se sont arrêtés, comme nous, pour jouir de ce merveilleux paysage. Ils viennent d’Israël et ont loué leurs vélos en Irlande. Je suis aussi étonnée de les voir ici qu’eux de savoir que nous sommes venus avec nos motos de Suisse. Toutes les voitures portent plaques irlandaises. recit-irlande_0641.jpgNous apprendrons ultérieurement que les véhicules de location commencent par 12 (l’année), voilà pourquoi nous entendons souvent parler allemand ou français. Le prochain arrêt sera pour Tralee, ville tristounette avec de nombreux magasins fermés et une galerie marchande neuve,  presque vide. De là, nous repartons prendre un ferry, à Tarbert. Le soleil est de retour. Pour 25 minutes de traversée, il nous en coûtera 9 Euros par personne et moto. Le bateau est bien plein et le pilote use de toute la délicatesse, tant au départ qu’à l’arrivée, pour ne pas nous secouer. Ce sera ensuite une portion de grande route pour nous mener à Kilkee, où nous trouverons un B & B en bordure de mer, sans breakfast, à 50 Euros. Le système porte le nom d’ « Accomodation ». La chambre, au rez-de-chaussée, fait face à la mer. Nos motos sont juste devant. Avant que la tombée de la nuit, nous profitons d'arpenter la grande plage déserte. Quelques bateaux de pêche et voiliers mouillent aux abords de la plage. Une femme arrive, accompagnée de son chien, qu’elle libère aussitôt de sa laisse. Elle met alors ses écouteurs sur les oreilles et n’a plus d’yeux pour les lieux magiques, ni pour son chien, se retrouvant avec elle-même. Le choix du restaurant sera vite fait, il n’y en a que deux d’ouverts. Nous optons pour un bel hôtel, dans la rue centrale, décoré d’une guirlande lumineuse sur la crête du toit, comme aux marchés de Noël. Kilkee est une cité balnéaire très récente. Les maisons sont, pour la plupart, inoccupées tant dans la rue principale qu’en bordure de mer, c’est triste, il n’y a pas de vie. Sans doute, est-ce plus animé le week-end.

Jeudi 13 septembre : Kilkee, Ballyvaghan

Au programme du matin, ciel gris et vent violent. L’océan est toujours devant nos yeux, et nos motos aussi. Le seul endroit, ou presque, pour notre breakfast, se trouve dans la rue principale. En face, de l’autre côté de la rue, c’est un va-et-vient constant, un distributeur de ... billets de banque met un peu d’animation quand même. Pour digérer, le temps s’étant levé, lui aussi, nous allons enfoncer nos pieds dans le beau sable de la plage. Je trempe deux doigts dans l’eau, qui n’a pas l’air froide. Au bout de la plage, nous remontons sur la route pour accéder aux falaises venteuses. Les vagues viennent s’échouer sur des rochers, au loin, provoquant une belle écume et, ainsi, calmant les eaux aux abords de la plage. Poursuivant notre périple, nous nous arrêtons dans un village pour admirer les surfers qui s’en donnent à cœur joie sur les grosses vagues, certains avec des cerfs-volants. Parmi eux, un véliplanchiste émérite suscite notre admiration. Un papy s’approche de nous. Irlandais, il est parti vivre en Angleterre et revient de temps en temps au pays pour pêcher. Petit détail, il remet à l’eau les poissons attrapés, c’est juste pour le sport. Vivement intéressé par nos motos, il est en admiration devant le modèle de la Guzzi qu’il ne connaissait pas, et devant une femme sur une grosse cylindrée. Il a fait lui même pas mal de moto. Après l’avoir salué et remercié pour sa gentillesse, nous nous rendons aux « Cliffs of Moher », lieu touristique envahi de touristes de tous pays. A l’arrivée, nous sommes orientés vers le parking par un motard/surveillant, très sympa. La dame, à l’abri dans sa guitoune, applique le tarif ... « Seniors » à Pascal, très surpris, car il avait son casque sur la tête !! Il y a une douzaine de cars, on n’ose pas imaginer ce que cela doit être en plein été. Clic Clac partout, qui n’a pas son appareil photo ou son téléphone ? Là encore, le vent est très violent, il faut s’accrocher à la main courante pour accéder au sommet. Du haut de la petite tour, portant le nom d’O’Brien’s, la vue pourrait être magnifique, mais nuages et brouillard l’obstruent: 2 Euros quand même pour faire de l’exercice par l’escalier en colimaçon très étroit. Les mouettes planent, nous offrant un moment de méditation. Les falaises s’étendent sur 8 kilomètres, surplombant l'océan atlantique du haut de leurs 214 mètres. Ici pas de végétation, si ce n’est une herbe rase. Qui dit touristes, dit commerces, of course, mais ils ont eu l’intelligence de les intégrer au paysage, tels les forts militaires en Suisse, ils sont presque enterrés et recouverts de gazon. Sur l’une des marches d’escalier, une irlandaise égrène un morceau de musique sur sa harpe, elle est chaudement vêtue. Reprenant la route le long de l’océan, nous arrivons maintenant à Doolin, petit village clairsemé avec ses vieilles maisons précieusement conservées, recommandé par un montreusien. Suivant ses conseils, nous entrons dans le vieux pub portant le nom de « O’Connors ». Un petit peu de monde, mais sans trop, jusqu’à l’arrivée de quatre papys musiciens et là, le bistrot se remplit. A la formation de base, viennent se greffer chanteurs et autres musiciens, dont une femme guitariste et un vieux papy de 85 ans à qui l’on tend le bandoléon. Quelle ambiance ! Nous quittons finalement tout ce monde, avec un petit crochet chez la voisine/chocolatière, faut quand même se tenir au courant de la concurrence. En fait, il s’agit plutôt de caramel enrobé de chocolat. Le bord de mer est très sauvage et peu fréquenté et le ciel gris et bas. Par moment, on a l’impression qu’il pleut, mais ce n’est qu’une brume qui mouille à peine. Dans le Burren, parc national désertique et sauvage, le sol est essentiellement constitué de pierres calcaires, aux formes douces, arrondies et planes. Quelques vaches y trouvent fortune, mais aucune habitation alentour. Le soleil refait quelques apparitions. Les touristes s’arrêtent quelques minutes, juste le temps d’un clic. Le ciel se couvre maintenant et, avant d’être trop mouillés, nous décidons d’un commun accord de faire la halte pour la nuit à Ballyvaghan. Une dame nous accueille dans sa grande maison, dont elle loue neuf chambres. Nos motos dormiront dehors, dans le jardin, mais cette fois sous un arbre. Elle nous conseille le pub le plus proche, tout en continuant à repasser avec sa machine très sophistiquée, qui désinfecte en même temps. Elle nous dit avoir tenu un établissement public à Londres auparavant, travaillant sept jours sur sept, et nous parle de sa sœur qui œuvre comme guide pour randonneurs, en langue française, organisant trajets et logements. Le pub est accueillant, comme à l’accoutumée. Seul bémol, le gratin de poisson, avec crème et fromage, est un peu lourd pour le soir.

Vendredi 14 septembre : Ballyvaghan, Rossaveel

Le ciel est bleu lorsque nous ouvrons les yeux et le vent sévit toujours. Nous nous retrouvons au breakfast avec d’autres personnes, dont 2 couples d’allemands, mais n’avons aucun contact avec eux. Notre hôte nous propose un repas plus léger avec une assiette de fromages, un yoghourt et des fruits. Venant à parler d’ânes, elle nous confie en avoir quatre en pensions et nous conduit dans son jardin, à l’arrière de la maison. Quelle merveille, deux ânesses avec leurs petits, dont l’un, encore tout duveteux, n’a que quatre semaines. L’une des ânesses est haute sur pattes et sa robe brun foncé tandis que l’autre, plus petite, est beige avec la croix de St-André. Pascal étant occupé à téléphoner, je peux ainsi passer un long moment en leur compagnie. Le village de Lisdoonvarna semble très animé et nous décidons de nous y arrêter pour boire le café. C’est le festival de musique et danse, comme chaque année depuis trente ans. Sur la petite place, une sculpture trône avec des musiciens sur une scène et des danseurs sur une piste. Nous entrons dans l’un des bistrots et quelle n’est pas notre surprise d’y retrouver deux des musiciens vus et entendus à Doolin la veille. Ils souhaitent s’entraîner au bandoléon, mais un poivrot est allé chercher son accordéon et décide de jouer avec eux, après avoir pris soin de ramener sa bière. Il porte une casquette en lainage brun et quelques dents lui manquent. Son visage est buriné tandis que ses mains ne sont pas ridées. Assis sur un tabouret, il se renverse parfois vers l’avant tout en jouant, la tête près de son genou. Lorsque les deux autres lui expliquent qu’ils souhaiteraient s’entraîner entre eux, il se met à bouder ! Après avoir échangé nos adresses avec l’un des musiciens de la veille, nous quittons les lieux. Dans un autre restaurant, un orchestre joue et les danseurs, pour la plupart des têtes blanches, virevoltent dans la salle. Il est midi ! Nous reprenons notre route, à nouveau dans le Burren désertique où les parties pierreuses, grisâtres, tranchent avec les bocages d’un vert vif. Une colline est entièrement recouverte de ces pierres. A Kinvara, un petit marché se termine. recit-irlande_0431.jpgNous y achetons de quoi pique-niquer, des spécialités faites maison, recettes de divers pays, pour les déguster devant le petit port avec, sous les yeux, de vieux voiliers. Installés sur un banc, au soleil, une belle pelouse sous nos pieds, c’est un moment fort agréable. Notre prochaine étape sera Galway, une grande ville estudiantine très animée. Après avoir installé nos motos sur la place, à côté de l’arrêt de bus, nous cherchons désespérément le guide vert, probablement oublié dans la maison d’hôtes. Ville. Une longue zone piétonne, appelée Shop Street, grouille de monde. Magasins, cafés et restaurants se succèdent. Des jeunes ont trouvé un petit job en tenant des panneaux publicitaires devant les magasins, ces derniers n’ayant sans doute pas droit à mettre des panneaux fixes. La plupart de ces jeunes ont leurs écouteurs sur les oreilles ou discutent avec d’autres. Ici, les maisons sont anciennes, avec des peintures représentatives. Un papy s’installe dans la rue, tout propret et souriant, et commence à jouer avec les cuillères, sa radio diffusant la musique irlandaise, tandis que sa mamy part faire les courses. Quelle rapidité, il tape tantôt sur ses cuisses, tantôt sur une planchette, puis fait danser des marionnettes, telles les danseuses de claquettes. Dans l’une des librairies de la ville, nous trouvons finalement un guide, en anglais. Un ciel bleu, sans nuage, nous aura accompagné toute la journée. Nous voilà maintenant dans le Connemara, région si réputée pour ses nombreux lacs. Le bord de mer est très touristique. Au passage, je repère deux jolis cottages B & B avec toits en chaume, hélas complets. Un peu plus loin, des baigneurs attirent notre attention, l’air est plus doux ici. C ‘est finalement à Rossaveel, le long d’une route secondaire, que nous trouverons une chambre donnant sur la mer et le jardin. La maison est neuve. Nous y sommes très bien accueillis, une fois de plus. Leur chien est très étonnant. Alors qu’il joue avec son ballon, son regard suit ce qui se passe à côté. La dame nous conseille un pub, à quelques kilomètres de là, le « Tir na nog ». Le bar, rustique, tout en bois, est presque vide tandis que le restaurant, derrière, a deux tables occupées. Le patron est très gentil. L’un des murs est en pierre. Deux poivrots n’arrivent pas à décoller du bar. Ne parlant plus, ils donnent l’impression d’avoir quitté la vie. Pauvre patron !
Durant le repas, nous jouirons d’un très beau coucher de soleil et, au retour, nous retrouverons nos hôtes, dans leur salon, en compagnie du couple d’allemands, et passerons un moment avec eux, et le chien.

Samedi 15 septembre : Rossaveel, Westport


Etonnant, après ce magnifique coucher de soleil, le ciel est gris ce matin, le vent est toujours à l’appel et une petite bruine, sans gravité, ne nous effraie guère. La veille, nous avons dû insister auprès de notre hôte pour avoir un breakfast modeste, ce qui la désespérait. Le Connemara est aussi une région désertique, et désertée en ce mois de septembre. Ici, pas d’arbres, hélas, mais une herbe rase, des mini lacs et des pierres. Le panneau du « Connemara Heritage & History centre » me fait de l’œil. C’est une magnifique maison ancienne emmitouflée dans la verdure. Un chien de troupeau nous salue à l’entrée, sans pouvoir aboyer, car on lui a enfilé une muselière, il est adorable pourtant. A l’intérieur, un café et une salle à manger, une boutique et la réception de l’hôtel. Il s’agit d’un musée en plein air proposant un historique de la région mais aussi diverses démonstrations, séminaires et excursions. recit-irlande_1171.jpgLe temps d’un café à l’anglaise dans un mug et de s’imprégner des lieux, et nous voilà en route pour une autre destination, encore plus belle, portant le nom de Kylemore Abbey. Certes, les lieux font partie d’un circuit touristique, mais, sortis des boutiques et lieux de restauration, les marcheurs se font rares. Une navette est à disposition des visiteurs, les menant d’un bout à l’autre du parc. La forêt est magique avec ses arbres séculaires et ses petits chemins. Les jardins Victoriens sont de toute beauté et se présentent en deux parties. Construits sur une tourbière, on y trouve les plantes et fleurs introduites en Irlande avant 1901. Ils sont bordés de murs en brique et conçus en V. Nous y restons un moment pour jouir de cet environnement exceptionnel. Une jardinière, agenouillée, occupée à tailler au ciseau la pelouse, est protégée par un masque d’apiculteur à cause de mini moustiques. Elle me répond en français sur les arbres que je prenais pour des Yuka, et n’en sont pas. Très hauts, ils sont âgés de 130 ans. Des massifs de fleurs sont disposés en forme de fer à cheval, entourés de pelouses à l’anglaise. Tout autour, des arbres magnifiques d’un côté et une allée composée de rhododendrons et autres plantes. Dans la partie haute, se trouvent les serres en cours de restauration. Pour l’instant, deux d’entre elles l'ont été sur un total de vingt-et-une. Juste derrière les serres, la maison des jardiniers, toute simple, et celle du chef jardinier, donnant l’impression d’être encore habitée. Meublée, la table y est mise et le feu crépite dans la cheminée. Un beau parquet, des objets de décoration, tout y est. Il se met à pleuvoir lorsque la navette arrive mais ça ne dure guère. Nous allons maintenant visiter le château, appelé abbaye. A l’origine construit par Mitchell Henry pour son épouse Margaret, il est maintenant la résidence des Sœurs Bénédictines qui fabriquent du chocolat. Ce châtelain fut un homme remarquable, médecin, industriel, homme politique et pionnier, innovateur (verrières chauffées, hydro-électricité), très humain et amoureux de sa femme. Dans la grande boutique, nombreux sont les produits attirant les touristes, nous goûtons au chocolat fabriqué par les sœurs. Entre le château, le parc et les jardins, me voilà en plein rêve et j'y resterais plus longtemps ! Reprenant la route cependant, nous longeons une rivière dont l’eau est très sombre à cause de la tourbe. Un pêcheur lance son fil, sans l’aide d’un moulinet. recit-irlande_1142.jpgNous apercevons, dans les champs alentour, des hommes occupés à récolter la tourbe, qu’ils coupent en lanières et placent en pyramide pour la faire sécher. La route est déserte et bordée de champs à perte de vue. Westport sera notre halte pour la nuit, car la pluie commence à tomber. Dans une jolie maison jaune, en bordure de mer, nous trouvons un B & B pour 70 Euros avec breakfast. Les motos restent une fois de plus dehors, devant la maison. Aucune crainte à avoir, nous dit la propriétaire, qui ajoute oublier parfois de fermer sa voiture. A pied, nous grimpons la rue accédant au centre de la ville, petite marche d’une demi-heure. Maisons colorées, places animées et pubs vides ou bondés, d’où nous parviennent des notes de musique. Cette petite ville est à taille humaine, jeune, dynamique, et particulièrement festive. Nous y dénichons un petit restaurant, genre tea-room, très chaleureux, tant par l’accueil que pour la décoration et la qualité des assiettes servies (un plat + un dessert = 49 Euros). Puis, après avoir écouté deux guitaristes, dont l’un d’eux est également chanteur, depuis le trottoir, par la porte-fenêtre ouverte, nous rentrons d’un bon pas pour nous réchauffer. Les irlandais, eux, sont en t. shirts.

Dimanche 16 septembre : Westport, Howth

Tout en prenant notre breakfast devant la fenêtre, nous regardons tomber la pluie. Très vite, le ciel s’éclaircit et les petites îles voisines réapparaissent au soleil. Nous partons avec une petite pluie fine, qui cessera très vite, pour nous rattraper à nouveau un peu plus loin, nous permettant de boire un café dans le pub d’un hôtel, seul établissement ouvert. L’église, au bout de la rue, fait le plein ! Dans le pub, les hommes sont déjà à la bière et l’un d’eux est saoul. Une demi-heure après, le ciel est dégagé, il ne pleut plus, mais la route est encore mouillée. C’est à Longford que nous ferons un nouvel arrêt, dessert cette fois, dans un pub ancien. Le long de la route, un panneau attire mon regard annonçant  Tullynally Gardens. Nous arrivons devant un château très austère qui ne se visite pas. Sur plusieurs de ses tours, d’anciennes antennes de télévision dénotent un peu. Nous prenons les billets pour la visite des jardins avec lesquels on nous remet une liste des arbres et les plans des différents espaces. Nous traversons un bout de forêt, longeons un étang et découvrons de jolis coins, sans rencontrer le moindre visiteur, à part trois lamas dans un enclos et deux chattes qui nous interpellent en miaulant et nous suivent, chacune sur leur territoire respectif, l’une grise et l’autre blanche et tigrée. De retour près du château, nous entrons dans le tea room qui occupe les anciennes écuries. L’ambiance y est chaleureuse, des objets anciens, rideaux, livres sont délicatement posés çà et là. La patronne nous accueille, tandis que son mari est installé à une table, occupé à ... broder. Des jeunes filles s’affairent pour préparer boissons et pâtisseries à l’attention des clients. Je sens ici une énergie des plus positives et j’y resterais bien volontiers davantage, mais la prochaine étape nous attend, à Howth, dans la banlieue de Dublin, au bord de l’océan. Pascal a dégoté de jolies petites routes de campagne, très tranquilles. Un jeune taureau est sorti de son enclos, le voilà sur la route, devant nous, apeuré, ne sachant pas où aller. Juste avant d’arriver à Howth, nous avons le plaisir d’admirer un magnifique arc-en-ciel. Howth est une station balnéaire comme on en trouve sur la côte d’azur ou en Bretagne, avec un port de plaisance important, des voitures et bateaux luxueux, des restaurants côte à côte. Le B & B se trouve en haut d’une côte. Notre hôte est très accueillant et drôle, c’est comme si l’on se connaissait déjà. Il vit avec sa mère, très âgée. La chambre, réservée par téléphone, donne sur la verdure, à l’arrière de la maison. Pas de vue sur la mer, mais le calme complet. L’homme des lieux nous conseille un restaurant sur le port « The Oar House », servant des poissons et fruits de mer pêchés par eux-mêmes. La décoration est très originale, à l’enseigne de la mer, et la cuisine excellente.

Lundi 17 septembre : Howth, Dublin, Holyhead (GB), Porthmadog

Le beau temps est revenu. Notre hôte s’affaire sans se stresser, trouvant le temps de nous raconter sa vie. Au port, lorsque nous regardons les bateaux, un pêcheur admire nos motos. Il est venu avec une ancienne Morris de 1968, ressemblant à la 4 cv, et nous dit avoir eu une BMW comme la mienne et une Guzzi Le Mans. Finalement, nous renonçons à visiter Dublin, par manque de temps. Le lieu d’embarquement est plutôt difficile à trouver, la route est mouillée et glissante et nous devons traverser des rails, aïe !

C’est à 14 h 30 que nous quittons l’Irlande, sous un ciel clair. Bye, bye, see you soon. Le bateau est magnifique, très rapide et confortable, tel un bateau de croisière. Cette fois, l’océan est agité et la station assise préférable. Parmi les véhicules, des voitures de sport luxueuses semblent avoir participé à un rallye. Nous débarquons à Holyhead et quittons aisément le port et la ville pour emprunter l’autoroute, assez fréquentée, mais toujours avec le même fairplay. Le ciel s’obscurcit maintenant et devient menaçant, la route est mouillée. Il est 17h30 et nous choisissons de faire halte pour la nuit à Porthmadog, petite ville minière. Nous sommes dans les Wales (Pays de Galles) dont le dialecte porte le nom de Welsch. Pas facile de trouver un B & B, aucun panneau ne les signale. Finalement, c’est sur un joli petit hôtel ancien, 4 étoiles, portant le nom de Tudor Lodge, que nous jetterons notre dévolu. Notre logeur est très accueillant, la chambre agréable et chauffée, ce qu’on apprécie au vu de l’humidité et du grand vent. Les bus, marquant « hors service » chez nous, affichent ici « Sorry, not in service ».

Mardi 18 septembre : Porthmadog, Stratford

Quelle merveille, un ciel bleu, un peu nuageux, nous laisse présager une belle journée. Le breakfast est déjà prêt, sous forme de buffet, très joliment présenté dans des placards, et varié. Une grande route nous amène à Dolgellau, jolie petite ville avec ses maisons anciennes. Nous en faisons le tour à pied et buvons un café dans un tea room datant de 1606. Le sol est en ardoise, très irrégulier, les murs en pierre, très épais. Au 1er étage, une magnifique charpente apparente atteste aussi de l’ancienneté. L’ambiance est chaleureusement anglaise. Nous poursuivons par une petite route sinueuse et vallonnée, cette fois. Des travaux routiers nous arrêtent à plusieurs reprises, il s’agit de l’élargissement de la route et de la construction d’un très haut mur en pierre, en pleine campagne, quel luxe. Aberystwyth est installée au bord de l’océan. Le vent est très violent et de magnifiques vagues viennent s’échouer devant nos yeux. La couleur de l’eau est panachée et le sable très foncé. Certains anglais sont en t. shirts, alors que nous grelottons dans nos habits motos. Une jeune fille vient s’asseoir sur un banc, face à l’océan, vêtue d’un short, avec collants quand même, et d’un petit maillot d’été. La ville est très animée et nombreux et variés sont les magasins. En bordure des petites routes, les troupeaux de moutons sont fréquents. Petit arrêt bref, trop bref à mon goût, à Pembridge, au « Westonbury Mill Water Gardens ». Etant attendus à Strattford, je devrai me contenter de l’entrée des jardins. Un joli ruisseau se faufile au pied d’une petite tour équipée d’un système à godets pour la récupération de l’eau et l’alimentation d’une petite mare. Un petit pont en bois, d’énormes feuilles vertes, des arbres, tout laisse présager de la beauté du reste des lieux. Afin de nous réchauffer un peu, car il ne fait que 12 degrés, nous buvons un thé au tea-room des lieux, dont les portes sont grandes ouvertes ; la serveuse nous accueille avec sourire et pâtisseries. Puis nous traversons une série de très jolis villages avec leurs maisons à colombage. Aux approches des villes, les voitures sont de plus grosse cylindrée et la circulation plus dense. Comme partout maintenant, plus les voitures sont grosses, plus les conducteurs se prennent pour des Fangio. Il nous incombe donc d’être attentifs, surtout dans les ronds-points. En fin d’après-midi, nous arrivons à Strattford. Pas de panneaux de B & B, très étonnant pour une ville aussi touristique. Enfin, dans une rue, en bordure d’un parc, nous en trouvons plusieurs à la suite, dans des maisons identiques, avec leurs petits jardins, plus ou moins fleuris, devant. Une chambre est encore disponible dans l’une d’elles, fort heureusement. Située au rez-de-chaussée, elle donne sur un petit jardinet à l’arrière, donc très silencieuse. Pour 60 Livres, il y a juste la place pour passer autour du lit et la salle de bains est miniature aussi. Nous gagnons le centre à pied. Le grand parc central est animé malgré le froid. Sur le canal, une péniche attend les derniers clients, leur proposant une balade de trois heures avec repas. Nous la regardons passer sous le pont. Des oies, canards et cygnes ont élu domicile ici, se manifestant bruyamment. Une presqu’île avec des arbres magnifiques et des sculptures, deux vieux ponts, l’un du 16ème et l‘autre du 19ème, voilà de quoi passer un bon moment pour se ressourcer. A l’origine, le pont du 19ème siècle avait été conçu pour recevoir le tram tiré par un cheval. Il est maintenant réservé aux piétons et cyclistes. Nous choisissons de retourner dans le restaurant « The Vintner », déjà testé en février dernier, sis dans une très ancienne maison. La cuisine est cette fois encore de qualité.

Mercredi 19 septembre : Stratford-upon-Avon

Après un petit-déjeuner anglais digne de ce nom, nous nous déplaçons chez le voisin, ayant pris soin de réserver une chambre la veille. Nous pouvons laisser les motos au même endroit, dans un passage on ne peut plus étroit, à côté du jardin, qui semble avoir été conçu pour elles. Cette fois, ce sera une chambre au 1er étage, avec vue sur le parc, beaucoup plus grande, formule 4 étoiles, d’où le prix de 85 Livres. Notre hôte est très drôle. Il se propose de récupérer nos affaires en attendant que la chambre soit prête. A pied, nous nous rendons au MAD Museum, situé dans la Sheep Street, une rue marchande plutôt haut de gamme. Nous prenons le temps d’admirer toutes les pièces exposées puis poursuivons notre journée avec une balade dans la ville, au soleil. Dans une galerie marchande, les boutiques sont minuscules et pas fermées, ressemblant plutôt à des stands. On y trouve de tout, des antiquités aux chinoiseries en passant par la mode et la nourriture. Par contre, les commerçants n’ont pas l’air de faire des affaires. Scone, apple pie and tea seront au programme de ce milieu de journée. Les rues sont maintenant très animées, notamment la zone piétonne. Ici, un homme orchestre joue devant l’entrée d’un magasin et là, un noir gratte sur sa guitare, musique d’accompagnement à l’appui. Profitant de la douceur de la journée, nous embarquons sur un bateau ancien, électrifié, pour une balade de 45 minutes sur le canal. Des arbres magnifiques, majestueux et vieux, attirent mon regard, tout au long du parcours. Le soir, nous serons attirés par un vieux pub « The Wind Mill », la maison datant de 1599 et s’étant métamorphosée en pub l’année suivante. Le plafond est très bas et les poutres de travers. 

Jeudi 20 septembre : Strattford, Cherbourg

Soleil et nuages sont au rendez-vous. Nous sommes seuls au petit-déjeuner, choyés par notre logeur qui nous raconte sa vie. L’heure du retour a sonné et ce sera une route nationale pour commencer, puis l’autoroute avec des camions en nombre, mais peu de nationalités étrangères. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Nous arrivons à Porsmouth à midi et embarquons à 14 heures sur Brittany Ferries avec un jeune motard français de Laval, venu travailler à Cambridge. Le ferry, étonnement, est aux trois quarts vide. Le ciel s’est dégagé, le soleil nous accompagne. En nous éloignant de la côte anglaise, nous apercevons l’île de White. Une heure avant notre arrivée, on nous annonce que le lieu de débarquement a changé, au vu d’une manifestation dans le port de Rouen. Il se dirige donc sur Cherbourg. Merci Internet, nous annulons la chambre d’hôte à Rouen et en trouvons une autre à Cherbourg, in extremis. L’arrivée est laborieuse puisque non prévue, ce qui nous fera arriver de nuit. La maison du 19ème siècle est située en pleine ville, à deux minutes du port. Pour la première fois, nos motos seront à l’abri, à l’entrée d’une usine, de l’autre côté de la rue. Malgré l’heure tardive, le couple nous accueille chaleureusement. La chambre est petite, jolie, avec un lit à baldaquin, dont l’armature métallique est recouverte d’un voile blanc. Une rose blanche est posée sur le dessus-de-lit, blanc lui aussi. Les murs sont rouges et blancs, le canapé blanc et le plancher très ancien. La fenêtre donne sur les jardins, à l’arrière de la rue, tous alignés par rapport aux maisons et séparés par de hauts murs. Nous passons une nuit très tranquille, avec l’impression d’être en voyage de noces.

Vendredi 21 septembre : Cherbourg, Allouis (Cher)

Le petit-déjeuner est servi, à la française bien sûr, avec tartines (pain et confitures maison confectionnés par monsieur). Nous mangeons en leur compagnie et prenons le temps de discuter. Ayant perdu son travail il y a quelques années, elle a décidé de proposer deux chambres d’hôtes et, ainsi, de s’occuper et d’élever ses enfants. Nous quittons Cherbourg en milieu de matinée sous un ciel gris. Au passage, le panneau de Ste-Mère-Eglise retient notre attention. Le parachutiste est toujours accroché (enfin, un faux) au clocher de l’église. Nous passons près d’Isigny-sur-Mer, dommage, j’aurais bien goûté un caramel. A 13h30, nos estomacs se rappelant à l’ordre, nous faisons une halte dans une crêperie à Argentan (Normandie). Nous en repartons avec la pluie, qui ne nous quittera pas jusqu’à Allouis, où nous passerons la nuit dans la même demeure qu'à l'aller. Quelle n’est pas notre surprise d’y découvrir une moto BMW portant plaque vaudoise ! Nous aurons tôt fait de sympathiser avec l’homme d’Epalinges à l’accent vaudois bien prononcé. Au vu du déluge, la propriétaire nous emmènera tous les trois au restaurant du village et viendra nous y rechercher un peu plus tard : quel service ! Par contre, chambre et salle de bains ne sont pas chauffées du tout et elle n’a qu’un seul chauffage électrique à nous proposer, pour les deux chambres.

Samedi 22 septembre : Allouis, Montreux

La pluie a cessé, la température baissé et la route est mouillée. Il en sera ainsi toute la journée. A Louhans, comme à l’aller, nous ferons une pause pour nous sustenter un peu avant d'attaquer le reste du trajet.

Au total, ce seront 5’183 kms en trois semaines qui m’ont semblé très agréables, laissant derrière moi la fatigue. Alors, vive la moto !!

Clarens, le 12 janvier 2013, Betty