La Turquie

recit-turquie_3662.jpgUn pays fascinant qui mérite le détour

Septembre 2013

Jeudi 12 septembre : Clarens -> Vercelli (Italie) 230 kms

Les trombes d’eau du matin nous ont retardés. Il est 15 heures lorsque nous quittons la maison, en compagnie de Marcel, sous un ciel nuageux laissant apparaître quelques trouées de ciel bleu. Au col du Grand St-Bernard, un fin grésil hivernal nous glace et le brouillard dépose ses gouttelettes sur nos habits, les visières et la route, il ne fait que 4° selon le thermomètre de la Guzzi. Dans la descente, deux arcs-en-ciel nous réchauffent le cœur, l’un partiel accroché à la montagne et l’autre entier, au fond de la vallée, quelle merveille. En arrivant à Aoste, le soleil a brusquement fait grimper le thermomètre à  24° ! L’autoroute s’impose pour atteindre notre but en fin d’après-midi. La circulation est très fluide fort heureusement. Nous traversons les beaux paysages du sud, plus arides. Un héron passe juste au-dessus de nos têtes, nous frôlant presque. Vercelli est une petite ville qui nous semble quelconque au premier abord. L’hôtel, situé en bordure de rue, est orienté côté jardin, donc tranquille et très agréable. Une belle pelouse, des petites mares avec cascades, des arbres et des impatiences colorées, nous apprécions ce petit havre de paix à l’abri des regards. Le bâtiment est moderne et les chambres décorées au goût du jour, sobres et dans les tons de gris. Le garçon du restaurant nous propose une dégustation de risotto ou de raviolis, l’un et l’autre très goûteux. Installés auprès d’une  « bibliothèque vinicole», le choix proposé est important, de provenances diverses et tente notre compagnon de route. Le dessert, tel un tableau, nous surprend par sa décoration colorée et son raffinement.


Vendredi 13 septembre : Vercelli -> Santarcangelo 400 kms

Le petit-déjeuner n’est pas à l’image du repas de la veille hélas, car ce ne sont que viennoiseries industrielles, précuites, dommage. Le serveur, nous conseille d’aller visiter la vieille ville. Effectivement, ç’eût été dommage de la rater, d’autant que le marché nous attend. Les ruelles pavées et la place de l’église regorgent de marchands et de clients. Nous nous imprégnons un instant de l’ambiance, assis sur un banc, dans la fraîcheur des pavés. Avant de quitter la ville, quelques achats indispensables s’imposent, tel qu’un rasoir oublié à la maison ! L’autoroute est de plus en plus fréquentée, notamment par les camions. recit-turquie_2858.jpgL’arrêt à Rimini s’impose, selon Marcel, c’est le St-Trop’ italien, déserté cependant à cette époque ; nous pouvons l’imaginer en pleine saison ou le week-end, au vu de l’enchaînement des hôtels et de leurs plages respectives. Les chaises longues sont encore en place, de couleurs différentes, alignées et serrées en rang d’oignons. Le sable très fin offre un joli tapis à la plage, la mer (Adriatique) est très calme. Nous atteignons Santarcangelo en fin d’après-midi. L’accès à l’hôtel, très compliqué, nous nous voyons obligés d’emprunter un bout du sens interdit ! L’hôtel en question pourrait presque être une maison d’hôtes. Magnifique bâtisse ancienne, avec façade en pierre et volets bleus, elle se blottit dans un écrin de verdure. Les pins, oliviers et lauriers en sont les rois, diffusant leurs parfums. Nous partons à la recherche d’un restaurant dans le village tout proche, tout de pierres vêtu, les maisons comme les murs. Les rues et ruelles grouillent de monde, les terrasses étant encore appréciées.  Des groupes de jeunes se tiennent à l’écart. Leurs discussions vont bon train, ils rient et gesticulent, sans utiliser ... de téléphone !

Samedi 14 septembre : Santarcangelo -> Ancona 120 kms

Au vu de l'heure matinale, nous jouissons du lever du soleil, quelle chance. Un petit-déjeuner de rêve nous attend, sur la jolie terrasse pavée et verdoyante. Le buffet, disposé à l’intérieur, est composé  de viennoiseries, charcuterie, fromage, fruits et tartes variées. Attention au café cependant, nous sommes en Italie, il est très serré. A 10h30, nous arrivons les premiers au port d’Ancona, sous un ciel magnifiquement bleu et, après les formalités d’usage, nous embarquons sur un bateau hellène. Sieste, lecture, moment agréable sur le pont, dans le vent, tout en admirant le coucher du soleil. Nous optons pour le restaurant « nappé ». Les grecs sont tout sauf accueillants et la Moussaka n’a rien de savoureux ni d’artisanale. A la table voisine, deux dames allemandes reçoivent, elles, les faveurs du garçon. Mêlés à leur conversation, nous apprenons que la mère a plus de 90 ans et que sa fille lui offre un dernier voyage en Grèce, où elles ont eu l’habitude de passer leurs vacances. Elles ont fait le trajet en voiture, d’Allemagne à Ancona, d’une seule traite ! Voilà qui nous laisse plein d’espoir pour nos vieux jours.

Dimanche 15 septembre : Patras -> Port du Pirée (Athènes) 210 kms

 Terre en vue ! Ciel et mer se sont mis d'accord sur la teinte de bleu. Le bateau fait une courte halte à Igumeniza pour y décharger camions, camping-car, un seul car et des voitures. Nos bagages sont prêts, nous n’attendons plus que l’annonce de l’arrivée. Un bateau « SuperFast » navigue à nos côtés depuis hier soir, apparemment il s’est calqué sur le nôtre. Nous arrivons à Patras à 14h30, soit avec plus de deux heures de retard. Il va falloir rouler maintenant pour atteindre le Pirée, le départ étant à 21 heures. Sous un soleil torride, nous prenons l’autoroute, tout le long en réfection, soit des limitations à 50, 70, 80 ou 90 km/h. Les grecs ne se gênent pas pour nous dépasser avec leurs voitures luxueuses, roulant à 140, parfois même remontant la file par la droite. Apparemment, il n’y a pas de radar. L’arrivée au Pirée se révèle quelque peu houleuse : pas de panneaux indicateurs, une route brillante et glissante ! Après maints essais, Pascal finit par nous amener au bon endroit. Il est 18h15 et nous avons bien transpiré. En embarquant sur le ferry tout neuf, oh surprise, un couple d’isérois vient d’arriver avec 2 BM, elle en 800 et lui en 1200GS et, par-dessus le pompon, ils viennent de Claix, à côté de Pont-de-Claix, mon lieu de naissance ! Nous aurons tout le temps de faire connaissance sur le bateau.

Lundi 16 septembre : Athènes -> Chios - Bateau

Il est 4 heures du matin lorsqu’on nous réveille par téléphone, comme convenu la veille. Des passagers dorment dans les couloirs, encore emmitouflés dans leurs sacs de couchage. Nous débarquons sur l’île grecque de Chios à 5 heures, de nuit, et nous installons sur la terrasse d’un bistrot avec les claixois. La tenancière, ne parlant que le turc, nous propose café, thé ou chocolat, ainsi que des croissants aux pommes, un peu lourds mais bons. L’intérieur de l’établissement est bien tenu et agréablement décoré. recit-turquie_2786.jpegTout en savourant ce moment, nous apercevons une fille (enfin, on a bien hésité depuis l’autre côté de la rue quant au sexe !), accoudée à son vélo, à qui nous offrons un chocolat chaud. Elle est allemande, partie depuis deux mois via les pays de l’Est, se dirigeant maintenant sur la Turquie et continuant son périple par l’Iran, l’Asie pour atteindre l’Australie, son but final. La discussion va bon train. Elle nous apprend qu’elle s’est octroyée un montant de 5 € pour ses dépenses journalières, donc avec le chocolat de ce matin, elle aura fait des économies , d’autant que Pascal va négocier avec elle le prix de sa traversée pour la Turquie (15 au lieu de 25 €). Le jour se lève et le ciel, encore sombre, nous offre un moment magique, clair-obscur. Des deux-roues passent à vive allure sur cette route glissante, tenant souvent un gobelet de café dans une main ou téléphonant. Une fois photos prises et adresses échangées, nous souhaitons bonne route à notre voyageuse, qui s’embarque sur le bateau des claixois, tandis que nous passerons la journée sur l’île de Chios. Notre troisième ferry ne part que le lendemain seulement, pour la courte traversée vers Cesme, en Turquie. Notre hôtel se situe en bordure de mer et nous sautons presque directement dans l’eau limpide pour notre premier bain, fort agréable. Nous avons pied très, très loin, on se croirait sur les montagnes russes, le corps tantôt immergé tantôt à l’air libre. Le lever matinal et l’exercice nous ayant creusés, nous nous rendons au village voisin, à pied, prenant place sur une terrasse en bordure de mer. Les restaurants se côtoient, tous aussi déserts. Est-ce la période, ou le jour, ou l’heure, nous sommes les seuls clients. Même s’il ne parle pas l’anglais, le patron nous réserve bon accueil et sait se faire comprendre. Il fait une chaleur torride et, pour trouver un peu de fraîcheur, nous enfourchons nos motos et grimpons en montagne pour visiter un vieux monastère, en partie détruit par un tremblement de terre. A l’intérieur, des vestiges de peintures et mosaïques très anciennes, de même que le sol en marbre. A l’entrée, dans un coin de la cour, des tissus sont mis à disposition des visiteuses qui pourraient s’avérer dénudées. Des panneaux nous informent que nombre de moines ont été tués par les ottomans ou pris comme esclaves et nous découvrons des crânes exposés dans une petite chapelle. Les touristes se font rares, contrairement aux chats errants traînant dans tous les coins. Les pinèdes sont tantôt verdoyantes, tantôt calcinées, paysage de désolation. Près des quelques habitations isolées, des chats sauvages, maigres, malades, se hissent tant bien que mal dans les poubelles, dont ils ne ressortent rien ! De retour à Chios, nous nous approchons des moulins désaffectés, au bord de la mer. Il en reste trois, dont les ouvertures ont été clôturées par des volets et portes en bois, et leurs ailes ne sont plus qu’armatures métalliques immobiles. Un photographe s’affaire autour d’une vedette, acteur ou mannequin ? Des nuages rendent la chaleur moins étouffante sur les routes étroites, sinueuses, glissantes et défoncées, où nous adaptons notre vitesse. Quelques triporteurs à moteur passent avec de gros chargements. A l'hôtel, des clients lézardent au bord de la piscine, tandis que nous nous offrons un deuxième bain de mer. Ils s’enfuient rapidement à l’apparition des premières gouttes de pluie. Un magnifique buffet attire les regards de chacun à l’intérieur du restaurant et les clients, installés sur la terrasse, s’empressent de rentrer lorsque l’orage éclate, au grand désespoir des serveurs devant tout chambouler. Eclairs et coups de tonnerre accompagnent la pluie tombant drue. Il pleuvra toute la nuit et ce n’est pas pour autant que les arrosages automatiques seront arrêtés !


Mardi 17 septembre : Chios -> Cesme (Turquie) -> Pamukkale 370 kms

Le petit-déjeuner, tel le buffet de la veille, est varié et coloré, jusque-là tout va bien. C'est après que çà se gâte, car nous arrivons peu après que notre bateau soit parti pour Cesme. Il n'est même plus en vue. Nous apprendrons plus tard qu’il est parti avant l’heure indiquée sur nos billets. L’horaire aurait-il été changé sans que nous en soyons avisés ! Heureusement, un autre, du style bateau de pêcheur, nous accepte et veut bien nous attendre. Ses passagers sont des asiatiques, tous piétons et une seule voiture montera avec nos motos. La partie administrative prend beaucoup de temps et nous retardons tout ce petit monde sans provoquer la moindre réclamation. Des gars nous aident à placer nos motos contre la paroi. L'un d'eux croit bon de me pousser vers la droite, je ne peux retenir un « Il me pousse ! ». Du coup, les matelots me surnomment « Pousse ». Nos motos prennent place dans un coin, aux côtés des nombreuses valises des asiatiques. Après une heure de traversée, nous débarquons à Cesme, dans un très joli port. Il est 9h30. A la douane, un jeune nous accueille, se débrouillant en anglais. Les fonctionnaires des douanes et de l’immigration prennent leur travail au sérieux et épluchent papiers et véhicules, le tout, avec le sourire. Carte verte ? Marcel ne l'a pas, il stresse, transpire, appelle son assurance qui l'envoie par fax. Tout est en ordre, nous avons seulement passé plus de temps que prévu. En attendant qu'il règle son problème, nous goûtons à notre premier thé turc sur la terrasse voisine. Avant de quitter Cesme, il nous faut trouver une banque pour changer de l’argent et, là encore, il faut s’armer de patience et de respect par rapport à leur façon de faire ! L’autoroute nous permet d’atteindre notre lieu de destination dans un délai raisonnable, d’autant qu’elle est de très belle qualité, comme neuve même, et très, très peu fréquentée. Dans une station-service, sur une petite terrasse, nous nous contentons des croque-monsieur proposés. Les paysages sont arides, la végétation composée de pins et buissons secs, la terre sablonneuse. En passant sur un pont, j’aperçois d’un côté, en contre bas, un gardien avec son troupeau de moutons et de l’autre, la très grande ville d’Izmir avec des immeubles modernes, un sacré contraste ! Sur le parcours, des troupeaux de vaches et moutons attirent de temps en temps nos regards. Nombreux sont les side-cars de petite cylindrée avec un simple plateau entouré de barrières pour y transporter toutes sortes de produits. On se croirait chez nous dans les années 50, le side-car étant alors le véhicule du pauvre. Quant aux voitures, ce sont de vieilles Renault 12 et Fiat 124, souvent en mauvais état, dans les campagnes et, aux abords des villes, des voitures plus luxueuses. Les camions sont peu nombreux. Les turcs roulent bien, pas très vite et respectueusement. Les lits des rivières sont souvent à sec et, en avançant dans le pays, la végétation se fait plus abondante et des cultures apparaissent. Certains vendent du raisin et des tomates au bord de la route. Un âne tout seul, attaché à un piquet, dans un village, semble se satisfaire de la nourriture mise à sa disposition. Dans les villages et petites villes, les vélomoteurs et motos de petite cylindrée pullulent devant les cafés, réservés aux hommes. Les petits magasins tiennent commerce sur les trottoirs, encombrant souvent les rues avec des véhicules garés n’importe comment. Nous faisons halte pour nous désaltérer. Je suis la seule femme dans le petit café et donc, pas de toilettes pour dames ! Je dois me rendre aux WC publics de la ville, en me bouchant le nez et en fermant les yeux !!! Non loin de notre destination, nous apercevons un cavalier avec son chien marchant à ses côtés, nous ralentissons. Bien nous en prend, car, juste derrière eux, déboule un cheval en furie, seul, un bouquet d’herbes dans la gueule, quelle frayeur. Marcel a eu la peur de sa vie, tout comme le conducteur de la voiture arrivant en face, qui fait crisser ses pneus pour l’éviter. Tout au long du parcours, ce sont mosquées et minarets qui se dressent dans le ciel, mais aussi des décharges, en bordure même de la route. En fin d’après-midi, après avoir emprunté une petite route agréable, nous débarquons dans un hôtel ***** à Pamukkale . Une très belle piscine et un bain chaud en extérieur sont disposés dans un écrin de verdure. Par contre, la chambre donne sur l’arrière de l’hôtel, moins soigné. Les asiatiques nous ont suivis, en plus grand nombre cette fois. Le restaurant, avec son très grand buffet, peut sans doute recevoir quelques 200 clients ! Pas vraiment maison d’hôtes... On se croirait plutôt dans un Club Med.


Mercredi 18 septembre : Hierapolis, Pamukkale, Denizli

Un petit bain nous tente, pour débuter la journée. L’eau est à 25° et personne d’autre pour en profiter. Nous poursuivons par le site archéologique de Hierapolis qui s’étend sur un très grand parcours, sous un soleil torride. Quelques hommes y travaillent, protégés par des vêtements et casquettes et, parmi eux, une jeune femme, leur cheffe, accepte de venir répondre à quelques-unes de nos questions. Des informations et plans nous permettent d’imaginer la grandeur de la ville. Seuls quelques autres touristes s’y sont aventuré. A l’autre extrémité du site, Pamukkale est un lieu des plus originaux où l’oxyde de calcaire recouvre le sol, d’un blanc immaculé, tel de la neige ou du sel. Je m’aventure, chaussures à la main, dans une petite pièce d’eau, histoire de me rafraîchir un peu. Aussitôt, un sifflet retentit, celui du garde, alors que nous n’avons pas vu le moindre panneau. Nous comprendrons par la suite la raison de cette interdiction, le sol étant extrêmement fragile. Un petit coin bar, ombragé par des plantes grimpantes, propose glaces et rafraîchissements, quel bonheur. Les différents lieux sont très soignés. Un chemin, recouvert de pierres plates, autour desquelles l’herbe a poussé, est bordé de rosiers et lauriers roses. Dans des endroits pierreux et scabreux, les figuiers et lauriers trouvent de quoi se nourrir, de même que de petits œillets, roses également. Sur la route d’accès, le personnel circule dans des véhicules utilitaires fonctionnant au gaz, le prix en étant plus avantageux que l’essence (2,60 livre turque). Interpellés par une foule, nous nous approchons des bains d’eau chaude. Les touristes déambulent en maillots de bain, dans l'eau comme aux alentours, s'aventurant même sur le site archéologique ! Sur le parking, à l’ombre d’un petit arbre, un jeune nous interpelle. Turc, il vit en France depuis pas mal d’années et il est flatté d'entendre à quel point nus admirons son pays et ses habitants. A l’entrée de Denizli, nous faisons halte dans une station service et, comme partout, un pompiste accourt pour nous servir, allant jusqu'à nous retirer le tuyau des mains, si nous sommes plus rapides que lui. Il nous offre ensuite le thé. Les clients sont rares, car l’essence est chère (4,80 en monnaie locale, soit environ 2,40 CHS / 2 €) et, la plupart du temps, les gens ne remplissent pas leur réservoir, d’où la question du pompiste à notre arrivée. Un homme, occupé à laver une voiture, nous fait signe de nous approcher avec nos motos. Pascal préfère s’en charger – on est suisse ou on ne l’est pas -, lui laissant un pourboire, car il n’accepte pas de paiement. Le centre ville de Denizli est très animé et les rues on ne peut plus glissantes, je m'en rends compte en mettant les pieds par terre, on se croirait sur de la glace !! Les ruelles grouillent de monde et les commerces sont nombreux. recit-turquie_3174.jpgPersonne ne nous harcèle, les commerçants sont sincèrement souriants. Ils proposent une marchandise de qualité, de marques très souvent. Nos estomacs criant famine, nous optons pour un mini-café/restaurant avec seulement trois tables. Le patron se tient à l’entrée dans une simili-cuisine/grill, il a à peine la place pour tourner. Il ne parle que le turc et nous montre les différents morceaux de viande qu'il propose. Les brochettes, accompagnées d’une salade de tomates, de pain style Nan et d’un yaourt fin, nous sont servies par un jeune, d’une douzaine d’années, s’affairant sans cesse, un chiffon à la main, pour nettoyer les tables. Parmi les enseignes des commerces, j’aperçois des « koafür », facile à deviner, non ? A la sortie de la ville, nous retrouvons des noms connus, tels que C & A, BurgerKing et même ... Migros MMM ! Pascal choisit une petite route pour rentrer sur Pamukkale, bordée de grenadiers, garnis de fruits, et d’un peu de vigne. Nous profitons d’un nouveau bain et accédons à l’espace thermal, dont l’eau, beaucoup trop chaude à notre goût, coule d’un faux rocher. De loin en loin, nous entendons souvent les prières diffusées par les minarets, à toute heure.


Jeudi 19 septembre : Pamukkale, Beysehir 400 kms

Nous commençons la journée par un bain dans la piscine, très agréable, au sortir du lit. Empruntant tout d’abord une route à double voie, traversée parfois par des piétons, nous accédons à une route secondaire, très cahoteuse. De nouvelles pinèdes ont été plantées après l’important déboisement d’il y a quelques années, apportant une touche de vert plus clair. Une petite pause s’impose dans la matinée, coupure appréciée dans le jardin ombragé d’un café fréquenté par des hommes seulement, bien sûr. Quelques uns jouent, en silence, sur la terrasse, avec des espèces de dominos. A la table voisine, deux messieurs boivent leur thé et, au moment de notre départ, nous proposent, par gestes, de nous en offrir un autre.  

La ville d’Isparta, ou ville de la rose, mérite, selon le guide, qu’on s’y arrête. Une importante arcade en polyester, représentant une couronne de roses avec feuillage, en relief, enjambe la route. Sur une petite place ombragée près d’une fontaine carrelée aux motifs colorés, nous garons nos motos. Un turc s'avance vers nous pour nous expliquer, en anglais, qu’il possède une BMW de 1962 et une Harley. Comme à Denizli, nous retrouvons des marchés couverts dans les ruelles, grouillant de monde et de commerces. Sur une place, près de la mosquée, des femmes tiennent des stands d’artisanat et nourriture. Elles étendent la pâte à crêpes d’abord sur un support en bois plat puis les font cuire sur une plaque métallique bombée, le tout posé à même le sol. Nature ou garnies d’épinards et fromage, tel est le choix proposé. Nous les dégustons sur un banc, à proximité, autour d’un amas de cailloux, d’où surgissent tout à coup des jets d’eau. D’autres femmes vendent des pâtisseries confectionnées par leurs soins, nous interpellant toutes ensemble. Le choix est difficile, car elles ont besoin de gagner leur vie. recit-turquie_3028.jpgPuis, un cireur de chaussures attire notre attention un peu plus loin, sur une petite place. Il semble endormi et ses voisins l’interpellent. Surpris, il relève aussitôt la tête, il a de beaux cheveux blancs et des yeux bleus qui ressortent d’autant mieux. Je lui confie mes bottes et, en échange, il me tend, sans parler, une paire de savates dont la pointure est légèrement plus grande que la mienne !! En cirant, il s’applique, le nez penché sur les bottes tout en tirant la langue. C’est ainsi qu’après leur avoir enlevé la poussière, il les badigeonne d’une couche de cirage noir, puis d’une crème blanche et enfin d’une cire incolore, je ne les reconnais pas. Dixit Pascal, elles sont plus belles que neuves ! Nous sommes installés sous une tonnelle ombragée, près d’une fontaine, où il fait bon. Il m’en coûtera la modique somme de LT 5 pour un bon quart d’heure de travail ! Des messieurs en uniformes nous font livrer le thé ainsi qu’au papy-cireur. Selon le serveur, il s'agit des agents de sécurité travaillant pour l’entreprise voisine. Nous poursuivons notre balade dans les ruelles animées. L’avant d’une VW Coccinelle, fixé sur un mur, ne passe pas inaperçu et nous grimpons au deuxième étage, par un escalier très raide, pour y découvrir un café dont la décoration est sur le thème de la Coccinelle. Nous sommes seuls et très bien reçus. A l’écart, dans une véranda, des jeunes jouent aux dés, en silence. Chose étonnante, nous n’avons pas vu de roses ni de rosiers à Isparna ! A l’entrée de la ville, le panneau d’une Université mentionne le nombre de 40'000 étudiants.

Nous parcourons maintenant des kilomètres de vergers, plantés de chaque côté de la route. Sur un petit parking désert, en bordure de route, nous apercevons un homme occupé à remplir sa bouteille d’eau à un robinet placé dans un petit abri en béton. Il semble vider sa bouteille au pied d’un arbuste. Il repart avec sa mobylette après nous avoir indiqué le lieu magique. Une femme arrive de l’autre côté de la route et vient s’agenouiller pour sa prière, à une vingtaine de mètres de nous. D’autres femmes la rejoignent, chargées de pommes, s’asseyant à même le sol pour, sans doute, attendre le bus. L’une d’elles vient nous en offrir. Nous les saluons d’un geste de la main en partant, signe auquel elles répondent de la même façon. Les champs sont secs, grillés par le soleil et seuls quelques arbres verts, par ci par là, se font remarquer. Les stations service, souvent installées en région désertique, semblent récentes et sont rutilantes. Les villages sont très espacés les uns des autres. J’aperçois deux ânes, l’un tirant une charrette chargée de branchages avec une personne assise dessus, l’autre avec seulement une mamy comme chargement, ils n’ont pas l’air d’être maltraités. Souvent, des pneus déchiquetés traînent au bord des grandes routes. Juste avant d’atteindre notre destination du jour, nous apercevons des militaires en marche, armes à la main, sur un chemin tracé à flanc de montagne. Alors que nous sommes arrêtés pour regarder la carte, nous entendons siffler à plusieurs reprises et apercevons un homme nous faisant signe de filer. Le lac Egirdir, devant nos yeux, est situé à 900 mètres d’altitude. Il mesure 48 kms de long sur 10 de large. Un grand vent nous déséquilibre et agite le lac, nous sommes sur une presqu’île alors que, de l’autre côté, le lac est seulement frisé, parce qu’à l’abri du vent. En fin d’après-midi, nous arrivons à destination de Beysehir. Nos motos dormiront, non seulement dehors, mais en plus dans la rue, en plein centre, sous les fenêtres de l’hôtel, un trois étoiles quelconque. Nous sommes au quatrième étage, avec un petit balcon donnant sur la rue, d’où nous apercevons nos motos et le lac. La nuit tombe à 19h15. Le repas nous est servi au septième étage, à l'intérieur. Quelques autres clients turcs mangent en silence. Une petite balade digestive nous conduit ensuite vers un barrage, en pleine ville, illuminé en bleu. Il aurait été fabriqué au début du 20ème siècle, semble plus ancien et rappelle l’architecture des aqueducs. Un vent fort et glacial ne nous incite pas à nous attarder. Un chien errant s’approche de moi, à la recherche de caresses, se mettant les quatre fers en l’air et ne montrant pas la moindre crainte.


Vendredi 20 septembre ; Beysehir -> Urgup 330 kms

Le ciel bleu nous souhaite le bonjour et le vent sévit toujours, ramenant à 23° la température. Nous prenons notre petit-déjeuner sur la terrasse du septième étage, surplombant la ville et le lac, et ne comptons pas moins de onze minarets. En quittant les lieux, nous apercevons un tricycle motorisé et customisé, d’un vert très voyant, tranchant avec les autres, plutôt rustiques. Nous empruntons maintenant une route désertique et traversons des villages inondés de soleil, sans arbres pour les protéger. A Sultanhani, la visite d’un Caravanserail s’impose, datant du 13ème siècle, avec un magnifique portail en pierre sculptée. C’était, à l’époque, un lieu de repos pour les voyageurs. Un car de touristes est arrivé juste avant nous hélas et les clic-clac fusent de toutes parts. Il fait terriblement chaud à nouveau. A peine avons-nous mis pied à terre qu’un homme nous interpelle, en bon français, nous conviant de venir manger chez lui, à l’extérieur de la ville, ce que nous ferons après la visite. Nous sommes ses seuls clients et sa maison ne ressemble pas à un restaurant. Nous nous installons sur la petite terrasse, très tranquille. Entre chaque plat, servi par lui-même, il étale des tapis devant nos yeux, tout en se plaignant des temps difficiles, des manifestations sévissant à Ankara, l’un des principaux sites de vente. Le repas était bon, mais le prix demandé nous restera en travers (45 LT pour les deux). Si on lui avait acheté un tapis, ç’eût été différent ! Nous aurons encore fait notre B.A. ! En repartant, nous roulons sur des tapis étalés au milieu de la rue, peut-être pour en montrer la solidité. Il semble que ce soit la coutume.

En pleine campagne cette fois, notre halte sera dédiée à la visite d’une ville souterraine, construite il y a 2000 ans, dans une roche tendre, sur plusieurs étages. Là encore, un groupe de touristes nous a devancés. Le labyrinthe souterrain est impressionnant, car très étriqué, pas fait pour les gros ni les grands. Heureusement, personne n’est claustrophobe et le guide propose certaines issues à ceux qui seraient mal à l’aise. Lorsque nous en ressortons, une vingtaine de dames turcs, aux habits très colorés, folkloriques, nous interpellent en hurlant et en tendant les bras pour nous proposer les mêmes poupées. Deux cars sont arrivés entre temps, le lieu a beau être en rase campagne, il est connu.

Aux abords de Konya, ville d’un million d’habitants, grouillant de monde, des voitures plutôt luxueuses et de grands panneaux publicitaires nous rappellent nos villes européennes. Deux dames nettoient un trottoir à l’aide d’un balai sans manche, pauvres dos. L’allée centrale est très soignée, verdoyante, décorée de petits arbustes et de massifs de fleurs. Des immeubles très modernes contrastent avec les mosquées d’architecture traditionnelle. La route passe à plusieurs reprises sous un tunnel, une autre route passant au-dessus et, à l’intérieur de ces petits tunnels, de grands tableaux végétaux décorent les murs. Vers 18 heures, nous arrivons à Urgup, époustouflés par le décor grandiose de ces rochers dans lesquels sont nichés des villages. Nous voilà dans une région très touristique, la Cappadoce, des boutiques fleurissent un peu partout. Il y a même un chameau attaché au bord de la route pour emmener les touristes en balade. L’hôtel luxueux de la nuit ressemble à un château des 1001 nuits, avec des étages décalés et deux piscines illuminées, aux couleurs changeantes. Le très grand restaurant propose un buffet varié, mais, l’intérieur étant bondé et donc très bruyant, nous optons pour la terrasse avec, comme décor, les rochers d’un côté et l’une des piscines de l’autre. Des chats, très familiers, se baladent de table en table pour quémander. Notre chambre, bien que très petite, a son charme et se trouve au bout du couloir. L’un des chats nous suit, très familier, se frottant à nos jambes, pour finalement s’installer sur notre lit !

Samedi 21 septembre : Urgup, Cappadoce

recit-turquie_3267.jpgDiane debout à 4h30 ! Objectif, un vol en ballon sur la Cappadoce. Il fait encore nuit bien sûr lorsque nous grimpons dans le bus pour nous joindre à deux filles turcs et trois québécois, en provenance d’autres hôtels, et il est 5h20 lorsque nous quittons les lieux. La lune nous accompagne, bien ronde, moment magique. Le bus nous dépose dans un autre hôtel d’abord où un petit déjeuner nous attend composé de thé, café, biscuits, disposés sur une grande table haute. D’autres participants sont déjà là. Le bus nous conduit maintenant vers le lieu de départ des montgolfières. Des dizaines de ballons sont au sol, les aérostiers et leurs aides s’affairant au gonflage. C’est un moment merveilleux, les flammes illuminent le petit matin naissant. Petit à petit, chaque ballon prend son envol. On nous fait grimper dans une nacelle en osier à cinq compartiments pouvant accepter douze personnes et nous voilà attachés. Le pilote, tout de blanc vêtu, très souriant, ressemble à un pilote d’avion. Le jour se lève. Juste avant l’envol, un photographe professionnel nous immortalise tour à tour, photos qu’il nous proposera à l’arrivée. La magie est à son comble lorsque nous décollons, mon cœur bat. Une fois dans les airs, le calme règne, rompu régulièrement par le bruit du gaz. De tout côté, ce sont plus de 80 ballons de couleurs et compagnies différentes, plus ou moins loin, plus ou moins haut. Nous surplombons maintenant cette extraordinaire région de Cappadoce, avec ses rochers troués, ses cheminées de fées, ses jardins miniatures, ses arbres verdoyants, le tout sur un terrain sablonneux. Nous montons à 1400 mètres d’altitude, volons durant environ une heure, assistant au lever du soleil, quelque peu masqué par une barre de nuages cependant. Nos yeux tournent de tous côtés pour emmagasiner un maximum d’images, de haut en bas. L’atterrissage se fait tout en douceur, sans à-coups. Le pilote a réussi à se poser juste à côté de la remorque. Une fois les passagers descendus, il joue avec les manettes de gaz et se déplace légèrement pour se poser directement sur le véhicule. Deux hommes retiennent la nacelle avec des cordes et, au vu de cette réussite, nous ne pouvons qu’applaudir. Une table nous attend avec des flûtes (en plastique) disposées en forme de cœur, dans lesquelles nous sera servi un simili-champagne au parfum de pomme. C’est à ce moment-là que nous choisirons nos photos-souvenirs. Le moment magique prend fin, le bus nous ramène à l’hôtel à 8h30.

A Urgüp, nous cherchons désespérément le marché, en vain, ce ne doit pas être le bon jour. Nous avons laissé nos motos devant la terrasse d’un joli petit salon de thé. Le patron nous a vu arriver hélas, car il nous en coûtera 12 LT pour un café turc et un nescafé, avec verre d’eau et petit chocolat quand même ! La prochaine fois, on ira sur le parking voisin. Une rue plus loin, un homme nous interpelle, nous invitant à pénétrer dans son échoppe remplie de fruits secs de toutes sortes, un très beau tableau. Dégustation, suivie d’un achat d’abricots secs et pistaches, encore un qui nous a vu venir ! Nous accédons au sommet de la ville à pied par les ruelles menant aux maisons troglodytes. Là aussi, la terre est sablonneuse. A l’extérieur de la ville, à quelques kilomètres de là, la route prend fin et, sur le parking, un groupuscule de commerçants ou artisans proposent des souvenirs. Nous goûtons au jus de grenade, un peu âpre à notre goût, et laissons nos casques sur les motos, en toute confiance, pour nous aventurer sur un petit chemin sablonneux se faufilant à travers les rochers. En contre-bas, un petit restaurant très rustique, avec une terrasse ombragée, des tabourets de forme particulière, recouverts de coussins, est tenu par un couple. L’homme préfère parler avec les touristes tandis que sa femme s’affaire dans tous les coins (cuisine, service, jardin). Deux grottes ont été aménagées dans les rochers, avec matelas et coussins à disposition des visiteurs. Tout autour de nous, de la vigne apporte une touche de verdure. La patronne nous propose de délicieux petits raviolis en forme de papillotes nageant dans une sauce tomate. Elle vend du miel et du pollen. La remontée est plus difficile, car la chaleur sévit. Le paysage est merveilleusement doux, tant par la terre que par les formes des rochers. Nous traversons ensuite la ville d’Uchisar. A l’entrée, sur le côté de la route, une femme est assise, tenant en laisse son âne venu se délecter de branchages. Elle ne tend pas la main. Peut-être a t’elle trouvé là de quoi nourrir son compagnon maigrichon grâce aux jardiniers qui ont taillé des arbres, l’herbe alentour étant sèche. Les ruelles sont étroites, pavées, pas très planes. On sent la présence du tourisme, car plusieurs hôtels s’y sont installés. De là, nous arrivons à Goerme pour y retrouver, par hasard, nos amis, attablés sur une terrasse surplombant la rue. Le ciel est gris, il fait plus frais maintenant. Dans la ville, plusieurs devantures arborent des enseignes de montgolfières. Le ciel s’assombrissant, nous décidons de rentrer rapidement pour arriver juste avant la pluie, qui tombera durant près de deux heures, de façon intense.

Dimanche 22 septembre : Urgüp -> Konya 330 kms

A peine avons-nous ouvert les yeux que la pluie se remet à tomber drue durant une demi-heure, abaissant la température à 11°. Le bitume a très vite séché, heureusement. Nous empruntons une route à double voie, très peu fréquentée, et nous arrêtons à Nigde. La visite du monastère d’Eski Gümüs et ses maisons troglodytes attenantes s'impose, perchés à 1000 mètres d’altitude. Un petit café nous accueille, le seul. Le patron nous propose des espèces de pizzas et nous offre le thé. Le serveur n’est autre que son fils, âgé d’une petite dizaine d’années, adorable. Des poules squattent le bout de route désert, à la recherche de quelque nourriture. Des jeunes gens passent et repassent devant nous avec leurs deux-roues très bruyants, de petite cylindrée, une distraction que nous apprécions guère, car troublant la tranquillité des lieux. Le monastère, en terre battue, est composé de labyrinthes, parfois très exigus. Des vestiges de peintures ont été partiellement préservés. Le ciel a retrouvé sa belle robe bleue. Une autoroute, que les camions sont nombreux à fréquenter, nous conduit à Karapinas. En bordure de route, des vendeurs de fruits et pommes de terre se sont installés à même le sol, souvent côte-à-côte. Dans la ville de Karapinas, nous nous baladons dans un petit parc verdoyant où trône une mosquée. Des hommes se lavent visages, mains et pieds aux divers robinets d’une fontaine ronde et couverte. L’un d’eux vient nous serrer la main. Un autre, d’un certain âge, à peine sorti de la mosquée, sort son portable ! Une pause café/thé dans un petit jardin ombragé  nous permettra de nous imprégner des lieux. Seuls touristes, nous y sommes très bien accueillis et pas du tout regardés comme des bêtes curieuses. Des jeunes jouent au Backgammon tandis que des adultes discutent. Pas de femmes bien sûr, à part nous ! Au moment de reprendre nos motos, une nuée de jeunes et moins jeunes nous entourent, admiratifs, insistant pour nous serrer la main. Le soleil  rejoint l’horizon, rendant la vision difficile puisqu'en face de nous. Sur la droite, une chaîne de montagnes pelées ressemble à un drapé de couleur grise, que le coucher de soleil colore légèrement. Peu avant Konya, nous prenons de l’essence dans une belle station où l’on nous offre, une fois de plus, le thé. Aucun autre client ne s'y arrêtera durant ce laps de temps. Le pompiste tape le numéro de plaque des véhicules sur la borne, sortant un ticket. Il fait nuit lorsque nous arrivons à Konya, les rues sont glissantes et la circulation dense. Au sortir d’une rue, tardant à nous enfiler sur l’artère principale, Florence et moi perdons de vue nos hommes. Selon la consigne habituelle, nous les attendons sagement. Notre hôtel, situé en plein centre, est un quatre étoiles, anonyme et sans garage. Nos motos dormiront devant, sur le trottoir.


Lundi 23 septembre : Konya -> Antalya 305 kms

Sous un ciel bleu quelque peu entaché de nuages, nous nous faufilons dans la circulation toujours aussi dense. Avec le vent, ce ne sont plus que 14 petits degrés qui nous obligent à sortir la petite laine ! A divers endroits (rond point et parterre), nous apercevons des sculptures représentant les Dervish Turners, fameux danseurs mythiques. Au sortir du gros de la circulation, nous nous offrons un moment de détente dans un grand parc où fontaines et jets d’eau, parterres et arbres offrent du bonheur à tout un chacun. La lavande est encore en fleurs. Des canards et des oies font la joie des petits et des grands. La sortie de ville est plus que laborieuse, les voitures partant souvent avant le feu vert, au risque de se faire klaxonner dans le cas contraire. De chaque côté de la grande route, très peu fréquentée, conduisant à Konya, des voies supplémentaires sont en construction, on se demande pour qui. Des vendeurs de pommes, pastèques, aubergines, poivrons, tomates, miel et pollen ont installé des stands plutôt misérables et les ont recouverts de branchages en guise de protection contre le soleil. Certains d’entre eux font cuire des épis de maïs dans de l’eau et, même si nous ne leur achetons rien, ils gardent le sourire. A Mägara, après avoir quitté la route principale, nous arrivons dans un lieu touristique, peu fréquenté à cette époque et en semaine. Sur une très grande terrasse en terre battue, des tables rustiques confectionnées avec des roues de chars en bois, sous les pins odorants. Au menu, des grillades. Les toilettes, un peu à l’écart, sont très propres et payantes. Suivant Philippe et son fidèle compagnon de GPS, nous voilà sur une route gravillonnée à souhait, que nous devrons parcourir dans les deux sens ! Nous attaquons maintenant la montagne, il y fait plus frais et les paysages sont arides, pierreux, boisés de pins en contre bas et de sapins dans les hauteurs. Mr GPS nous informe d’ailleurs que nous avons atteint les 1800 mètres d’altitude. Les camions sont nombreux. De retour en plaine, dans une chaleur étouffante, nous arrivons à Maravgat, laissant les motos sur un trottoir, à côté des arrêts de bus. Une jeune demoiselle de quatorze ans nous accoste, les yeux émerveillés par nos deux-roues. Un grand marché s’étale sur une longue distance où nous trouvons des articles de marques connues, des chaussures, ceintures, etc. Un homme nous interpelle pour nous proposer de consommer sur son coin-terrasse. D’abord charmant et accueillant, il nous demandera 45 LT pour un café, un thé et deux jus de grenade : l’arnaque ! Nous refusons et il se fâche alors que je lui tends un billet de 10 LT, me le jetant à la figure. Nous apprendrons par la suite qu’il s’agit d’un kurde. Nous restons sur un goût un peu amère, dommage, et reprenons la route à double voie, très encombrée sur une centaine de kilomètres, avant d’arriver à Antalya. Dès l’entrée de la ville, nous sommes pris dans de gros bouchons, parmi les cars, les petits bus et les voitures de luxe. Tout autour de nous, ce ne sont que maisons et hôtels somptueux. De jolis massifs de fleurs garnissent les bords des rues. Nous arrivons en fin d’après-midi à notre hôtel situé en vieille ville, dans une zone piétonne. La bâtisse est entièrement boisée et balcons et passerelles rappellent le style espagnol. Une petite piscine trône au milieu de la terrasse, autour de laquelle sont installées les tables. Nous prenons place sur une terrasse à l’étage, dont le sol est en verre opaque. Les touristes allemands sont en majorité. Une pianiste joue à l’entrée, près de la piscine, elle est peu écoutée.


Mardi 24 septembre : Antalya, quartier libre !

Sans trop tarder, nous nous lançons à l’assaut des ruelles pavées où de nombreuses boutiques proposent produits et souvenirs locaux. Il fait déjà très chaud, autour des 30° habituels sans doute. Afin de rester dans l’ambiance, nous nous offrons un petit moment rafraîchissant dans le jardin d’un restaurant typique, verdoyant et odorant (jasmin), où chiens et chats ont trouvé refuge. Puis, enfourchant nos motos, nous partons maintenant à la découverte du théâtre romain d’Aspendos, impressionnant de par sa grandeur et son état de conservation. Il nous en coûtera 15 LT pour le visiter et 1 LT pour les WC. Quelques groupes entourent leurs guides respectifs, de langues diverses, et nous tendons l’oreille pour en saisir quelques bribes. A l’extérieur, un petit chemin en terre battue, bordé d’arbustes broussailleux et secs, se faufile à travers les vestiges d’un temple. Au loin, un aqueduc nous semble être en parfait état. Du haut de la butte, nous contemplons le panorama environnant composé de chaînes de montagnes pelées, rocheuses et verdoyantes à la fois. Les chantiers du théâtre sont déserts, aucun ouvrier à l’œuvre. Dans la plaine, villages et cultures s’alternent tant au niveau des formes que des couleurs.  Au moment de quitter les lieux, un guide nous demande de lui échanger des pièces d’Euros contre un billet. D’abord surpris, nous comprenons vite qu’il s’agit de ses pourboires, sachant que les banques ne reprennent pas les pièces. Nous admirons les vestiges au soleil couchant. Pascal nous ouvre la route, vu son flair, empruntant une petite route poussiéreuse et caillouteuse parfois, avec le passage d’un gué et la traversée de nombreux petits villages très étroits. Nous longeons un canal sur plusieurs kilomètres et ne croisons que quelques rares voitures fort heureusement. Un troupeau de chameaux attire notre attention et nous mettons pied à terre pour les voir de plus près. Un petit se tient tout près de sa mère. Ils sont tous attachés très courts. Dans un coin, à l’écart, un imposant dromadaire ne semble pas souffrir de solitude. Des champs de coton s’étendent de chaque côté de la route. Des flocons s’envolent et viennent se glisser parfois sous nos roues. Un peu plus loin, nous rejoignons la grande route menant à Antalya, très fréquentée et glissante à souhait, et cela sur une cinquantaine de kilomètres. Nous nous retrouvons dans le stress, dommage, frappés par le parc automobile de qualité et majoritairement haut de gamme.


Mercredi 25 septembre : Antalya-> Kas 225 kms

En milieu de matinée, nous souffrons déjà de la grosse chaleur, surtout avec notre accoutrement motard. La sortie de ville est tout aussi difficile et encombrée que la veille au soir. Nous passons trois fois devant le garage Harley, non pas que nous le cherchions, mais que les indications sont rarissimes! Tout en longeant le bord de mer, une petite route nous guide à travers les pinèdes avec un vent léger, très agréable. Les plages en contre-bas me font de l’œil, hélas, notre guide du moment n’est pas décidé à s’arrêter, si ce n’est pour boire un thé sur une terrasse surélevée, dont le sol est recouvert de moquette. Un petit panneau nous informe que les chaussures sont interdites en ce lieu. Installés sur des coussins, nous jouissons d’une vue imprenable sur la mer, au-dessus d’Olympos. A Finike, nous prenons de l’essence et Florence n’apprécie guère qu’un automobiliste vienne se coller contre sa moto, obligeant le pompiste à enjamber sa selle pour faire le plein ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Nous filons maintenant jusqu’à Kemer dans l’idée de profiter d’un tour en bateau. Avant d’embarquer, nous optons pour des poissons grillés sur la petite terrasse d’un cabanon, aux côtés de clients anglais . Des chats tournent autour des tables, tellement maigres, nous avons pitié d’eux. Les toilettes, au bord du canal, sont plutôt rustiques, avec WC à la turc, un lavabo et un urinoir au fond desquels des petits cailloux sont déposés, le sol en étant recouvert également. Le patron fait appel à un de ses copains qui nous emmènera sur son joli bateau ancien en bois. Le pilote semble y vivre, car dans la cale où nous nous changeons, se trouvent un lit et un petit coin cuisine. Il ne parle pas du tout l’anglais et nous nous ferons comprendre par gestes. Il nous fait faire le tour d’une île appelée Kerava. Dans le fond du bateau, il a aménagé une fenêtre par laquelle nous apercevons le fond à proximité de l’île, peu peuplé hélas. Il nous dépose ensuite sur une crique pour la baignade. Dans cette eau claire, douce et chaude, nous flottons tout en jouissant du fond sablonneux. Pendant ce temps, il nous a préparé des tranches de melon, très rafraîchissantes. Il nous demandera 200 LT pour les quatre pour un tour d’environ deux heures et demi, un tarif très honnête. A notre retour, l’après-midi est déjà bien entamée et 45 kms nous attendent encore, ce qui nous fait arriver de nuit à Kas. Le GPS a beaucoup de peine à détecter l’adresse de l’hôtel, il faut dire que les ruelles sont les unes sur les autres, à flanc de coteau, et que les hôtels se touchent. Le nôtre se trouve tout au bout d’une route pavée, glissante bien sûr, pentue et de mauvaise qualité de surcroît. De nuit, çà n’est pas évident.

Jeudi 26 septembre : Kas -> Bozborum 295 kms

Avant de mériter le bain matinal, il nous faut descendre un certain nombre de marches d’escaliers. Qui dit hôtel, dit anonymat, çà n’est donc pas là que nous ferons des contacts, peu importe puisque nous n’y restons pas davantage. Chaleur torride sur le port. Nous marchons jusqu’au bout de la jetée pour admirer un magnifique trois mâts en train de manoeuvrer. Le capitaine maîtrise bien, car le voilier mesure une quarantaine de mètres de long. Nous reprenons la route surplombant la mer, cette fois avec un revêtement plus rugueux. A notre retour en plaine, la chaleur nous suffoque à nouveau. Les mosquées sont nombreuses, l’une mauve, couverte de mosaïque, une autre vert pomme, d’une architecture plus sobre. Les minarets sont parfois découpés, telle de la dentelle, d’autres ont une coupole en verre opaque de couleur bleu ou vert. Comme hier, nous apercevons au loin de nombreuses serres blanches, formant une uniformité, tel un paysage enneigé. Des panneaux, en bordure de route, font mention de plantations de légumes. A Fethiye, nous admirons les chantiers navals et leurs bateaux squelettiques, en construction. Nous sommes les seuls étrangers sur la terrasse du petit bistrot. Le patron ne parle que le turc et les gestes sont de rigueur pour exprimer notre désir. Il nous apporte une sorte de ragoût – un peu de viande avec des pommes de terre – ainsi qu’une assiette de riz et un bol de yaourt aux herbes, un menu qui nous convient parfaitement. Un chien adorable s’approche timidement de nous, très vite chassé par le maître des lieux. Au moment de repartir, un couple de lyonnais s’installe à nos côtés, mais hélas pour eux, les casseroles sont vides. Un turc passe sur son scooter avec l’un de ses enfants debout devant lui et l’autre derrière, sur le siège. Les femmes, elles, sont souvent assises en amazone sur les deux-roues, à l’arrière bien sûr. Gravissant à nouveau la montagne, nous apprécions une température plus fraîche et les routes sont tantôt très belles, tantôt gravillonnées ou pierreuses. A Daylan, la ville des tortues, des bateaux attendent les touristes sur le canal pour les emmener voir les animaux. Un peu plus loin, nous nous arrêtons un court instant à Marmaris, station balnéaire, touristique et luxueuse, arborant l’enseigne du dauphin. Un joli petit canal la traverse, au bord duquel nous découvrons un jardin verdoyant et soigné, agrémenté d’une belle et grande fontaine rafraîchissante avec, à ses pieds, deux sculptures, l’une d’une sirène, l’autre d’un pêcheur avec son fils. Après Marmaris, nous attaquons une route tortueuse dans le maquis et les pinèdes, dont le revêtement nous tient éveillés, pour rejoindre celle surplombant la mer. Il est 18 heures lorsque nous atteignons Bozborum. Le petit hôtel a presque les pieds dans l’eau et nous nous empressons d’aller piquer une tête pour nous rafraîchir et nous détendre dans cette eau limpide. Bâtie à même le rocher, la pension est modeste et nous y recevons un bel accueil. Plusieurs petites terrasses surélevées surplombent la mer, emmitouflées dans un jardin de plantes exotiques. Les marches d’escalier sont en bois, comme le sol des terrasses et, avec la grande chambre, nous bénéficions d’un petit balcon en partie noyé dans un bougainvillier, d’un ton  rose fuchsia, et un caoutchouc géant. Un magnifique repas nous est servi par l’un des patrons, composé de plusieurs entrées, d’un poisson fraîchement pêché, présenté sur une grande feuille de bananier provenant de la terrasse, et d’une assiette de fruits frais pour le dessert.

Vendredi 27 septembre : Bozborum

Après une nuit très tranquille dans ce coin paradisiaque, un plongeon s’impose dans cette eau limpide. Il est 8h30 et nous sommes les seuls amateurs, une fois de plus. Dans le lointain, nous apercevons de magnifiques voiliers et, au bord, des bancs de minuscules poissons semblent se dorer au soleil. Le petit-déjeuner, servi sur la terrasse luxuriante, est composé de salé et de sucré. Un couple d’allemands et un homme seul ne cherchent pas le contact, ce dernier nous préfèrant la compagnie de ses téléphone, tablette et guide. Le patron nous propose un tour sur son voilier avec un autre couple de touristes, espagnols, soixantenaires, très sympathiques. Il a prévu divers arrêts pour la baignade, de même qu’un pique-nique composé de sandwiches. Sur les îles que nous contournons, ce ne sont que rochers, maquis, oliviers et ruines, sur une terre très aride. Seules des chèvres apprécient cette végétation. Au passage, loin de tout, nous apercevons un très grand hangar de construction navale. Un homme avec un petit bateau s’approche de notre embarcation et nous propose son aide. En réalité, il s’agit d’un vendeur de paréo, robes ou serviettes Lacoste ! Je craque pour un paréo mauve pour seulement ... 20 LT, il ne veut pas baisser son prix. Tant pis, j’aurais fait ma B.A. aujourd’hui. A l’arrêt suivant, nous apercevons des lapins et des chèvres accourant à l’arrivée d’un petit bateau. L’homme les appelle et les chèvres lui répondent. Une fois sur l’île, il leur distribue de la nourriture et remplit des grands baquets d’eau, l’équivalent de cinq jerricans d’environ vingt litres. Le moment est magique. Il y a une trentaine de lapins et autant de chèvres. Nous rentrerons au bercail cinq heures plus tard, les yeux émerveillés par ce décor envoûtant, pour profiter de l'ultime bain de la journée. Le repas du soir est encore très riche et varié et nous n’arriverons pas au bout.

Samedi 28 septembre : Bozborum -> Bodrum210 kms

Sous un ciel toujours aussi bleu, nous apprécions une fois encore notre petit-déjeuner en ce lieu féérique. Ce matin, pas de bain hélas, car pas le temps, nous avons parlé trop longuement avec l’hôtelier. Avant Datçya, la route est bordée d’eucalyptus géants, nous nous sentons vraiment petits. Nos claixois partent pour Pamukkale, que nous avons déjà visité à l’aller, tandis que nous empruntons une petite route en bordure de mer, quelque peu cabossée et très peu fréquentée, prenant un peu d’altitude ensuite. Les pinèdes et les oliveraies font partie du paysage et nous traversons des villages authentiques. Au détour d’un virage, nous apercevons un certain nombre de ruches, disposées dans des boîtiers à même le sol, avec, un peu à l’écart, une tente, probablement pour l’apiculteur. A Oren, des chaises longues, alignées sur la plage en galets, sont désertes. Nos motos profiteront de l’ombre d’un bouquet d’arbres, en bordure de la plage, pendant que nous irons nous baigner. Le propriétaire du petit bistrot, de l’autre côté de la route, a eu la bonne idée de placer, au bout du jardin, une cabine pour se changer. Nous sommes les seuls étrangers sur la petite terrasse et tout le monde est accueillant, la patronne comme ses clients. Elle nous propose, sans que l’on ait compris, une assiette de pâtes au yaourt avec une assiette de pois chiches et viande, de quoi tenir un bon moment ! Ses clients boivent de la bière Tüborg. Une jolie chatte, blanche et tigrée, tourne autour des tables sans réclamer pour autant à manger. Attenant à l’établissement, une petite épicerie attire une clientèle fidèle, d’autant qu’il n’y a rien d’autre dans les alentours. Des courges cintrées pendent de la tonnelle et un bougainvillier grimpant forme de merveilleuses grappes de fleurs rose fuchsia. Après avoir joui de ce bel endroit calme et tranquille, nous allons découvrir la station balnéaire de Bodrum, on ne peut plus touristique, l’extrême. Je ne sais comment Pascal, s’enfilant dans des ruelles étroites et sinueuses, finit par dénicher l’hôtel situé dans les hauteurs, sans l’aide d’un GPS. Cette fois, nous allons passer la nuit dans un 4 étoiles, « branché », avec piscine et spa. L’homme de la réception nous prie de laisser nos motos sur un côté du parking, sous-entendu afin de laisser la place aux voitures de luxe de ses clients. Le coucher du soleil écarlate arrose la baie de sa déclinaison de tons, rendant ce moment exceptionnel. Il nous faut farter nos baskets pour descendre dans la ville, car la route menant au bord de mer est très pentue. Les zones piétonnes sont envahies de boutiques et de restaurants, c’est vraiment le St-Trop’ du coin. Dans le port, un bateau, avec un grand arceau, attire notre attention, il s’agit d’un dancing. Nous entendrons son boum-boum dans la soirée depuis la terrasse de l’hôtel. Le long d’un parc pour enfants, une rangée d’arbres fait le bonheur des moineaux. Ils sont des centaines à piailler, provoquant un bruit inouï. La piscine de l’hôtel, trônant au milieu de la terrasse du restaurant, n’est pas très grande mais tant pis, l’eau nous attire, d’autant que les amateurs sont peu nombreux. Un buffet nous attend après l’exercice et nous sommes fort surpris du peu de clients qui s’y intéresse       (une dizaine). Quant à la chambre, assez exigüe, elle ne donne pas sur la mer mais de l’autre côté, sur un petit jardin intérieur, où un joli chat noir et blanc, jouant avec des olives trouvées par terre, apprécie les caresses.

Dimanche 29 septembre : Bodrum -> Ephese 190 kms

Nous traversons Milas et Didim avant d’arriver à Didima dans le but de visiter le temple d’Apollon malgré la canicule. A l’origine, 124 colonnes se dressaient, il n’en reste plus que 3 entières, dont j’apprécie la présence pour l’ombre qu’elles nous procurent. Les touristes sont peu nombreux, en petites tenues pour la plupart, au contraire de nous avec notre attirail-protecteur ! La pierre, usée par le temps, ressemble à du marbre. Seuls quelques arbres adoucissent ce paysage pierreux. Sur la terrasse ombragée d’un restaurant à touristes, un petit vent souffle, très appréciable, et les palmiers, oliviers, lauriers roses, néfliers nous offrent un peu de fraîcheur, de même qu’un poivrier, aux dires d’un guide de passage. Des mini bus déversent leur flot de touristes de toutes nationalités. Un peu plus loin, à Kusadasi, nous nous offrons un bain de mer, en pleine ville, sur une plage touristique surveillée. Accosté un peu au large, devant nos yeux, un énorme bateau de croisière se tient prêt au départ. Pour la première fois, nous croisons des motos de chez nous ainsi que quatre ânes, deux attachés au bord de la route et deux, bâtés, accompagnant leurs maîtres. A proximité d’Ephèse, à Selçut, un hôtel tout simple nous attend, contrastant avec celui de la veille de par sa vétusté. Nous y sommes très bien accueillis, notamment par une mamy sans dents, assise à l’entrée pour proposer ses napperons. La chambre donne sur l’arrière cour, pas très soignée, et la petite route, sous notre fenêtre, est fréquentée par des jeunes en deux-roues passant et repassant à grand bruit. Devant la minuscule fenêtre, un peuplier, un figuier, un platane, un poivrier et deux citronniers ou mandariniers apportent un peu de douceur à l’endroit. Derrière, sur la colline, une citadelle monte la garde, illuminée le soir.

Lundi 30 septembre : Ephèse -> Cesme 155 kms

Nous partons assez tôt à l’assaut du site gigantesque d’Ephèse pour éviter le flot de touristes. En arrivant sur le parking, un scootériste nous fait signe de le suivre, nous proposant de laisser nos motos aux côtés de son deux-roues, à l’ombre. En fait, il voulait nous proposer un guide ! De 45 LT, nous négocierons à 35, c’est déjà pas mal, mais (bêtement !) il n’a pas la monnaie pour nous rendre sur 40 LT et, à notre retour, il ne sera pas là ... Il nous a cependant proposé de nous rendre au sommet du site avec une navette gratuite, faisant halte dans une exposition de tapis où des apprenties travaillent sous nos yeux. Un guide nous prend en charge, sans nous forcer la main, étalant devant nous une série de tapis tout en nous précisant que 800 mètres de fil sont déroulés d’un cocon et que les tapis sont fabriqués avec du coton ou de la soie, à des prix différents bien sûr. La navette viendra nous rechercher, comme convenu, pour nous conduire au sommet du site et la descente nous demandera plusieurs heures, sous un soleil de plomb. Plus la matinée avance, plus le monde arrive. Des groupes de langues différentes suivent de près leurs guides. Des chats se pavanent au soleil, sur les pierres anciennes, se laissant prendre en photo, telles des stars. A la fin de la visite, nous marchandons une lampe, en verre, multicolore et typique : de 150 € au départ, nous arriverons à 80, avec un emballage idoïne pour le transport à moto ! Après cet intermède culturel, nous reprenons la route se faufilant dans les pinèdes délicieuses et craquons pour un bain. L’endroit est désert, abandonné des touristes. Sur la terrasse du seul restaurant ouvert, les patrons sont attablés avec leur petite fille et nous proposent un croque-monsieur, unique offre. Ils sont charmants, mais c’est le coup d’assom ... LT 54, que nous négocierons à 33, n’ayant rien de plus à disposition. Nous arrivons à Cesme une heure avant l’arrivée du bateau, cela nous laisse le temps pour une petite balade le long de la mer. Sur le bateau, quatre voitures descendent à l’étage du dessous par un ascenseur tandis que nous montons sur le pont avec une Range Rover. Les asiatiques nous ont suivis. Nous n’aurons pas moins de quatre contrôles douaniers. A 19h30, nous débarquons à Cesme, il fait déjà nuit et nous mangeons sur le port en attendant le départ du ferry devant partir pour le port du Pirée, à 23h10.

Mardi 1er octobre : Athènes (Pirée) -> Patras 210 kms

Diane debout à 6 heures ! La pluie a fait son apparition hélas et, avec les routes glissantes déjà par temps sec, aïe, aïe, äie. En compagnie de nos amis, nous apprécions un petit-déjeuner dans un joli petit café donnant sur le port, avant de repartir sous la pluie, qui n’a pas cessé, dans la circulation dense du Pirée. Des flaques d’eau noires font état de la pollution. Les grecs roulent moins vite sur route mouillée heureusement. Nous croisons un vélo avec un topcase (valise) devant et une grande radio posée sur le guidon, puis un scootériste qui, tout en roulant, tient trois gobelets dans une main, ce sont vraiment des équilibristes. La route nationale nous amène à Corynthe, encore un lieu mythique, où nous prenons le temps de flâner parmi les vestiges. De nombreuses statues étêtées, des vases et des écrits sont exposés à l’intérieur d’un petit musée. Les rues de la ville sont relativement désertes. Florence et moi partons à l’assaut des quelques boutiques-souvenirs pour y dénicher une chouette et un âne, en métal bleuté. Puis, nous optons pour une Moussaka, la dernière avant de quitter le pays, dans l’un des restaurants de la place. Le patron nous réserve bon accueil, allant jusqu’à nous offrir les cafés. En-dessous de la petite terrasse, des chats errants sont dans un état épouvantable, maigres et malades, je leur lance du pain discrètement. Nous n’aurons pas le temps de nous rendre au canal de Corynthe, car notre lot de kilomètres attend, dommage. Peu avant notre arrivée au port, le ciel, devenu noir et très menaçant, laisse éclater un orage, nous n’y échappons pas. La pluie cesse très vite, faisant place au soleil à notre arrivée au port. Le ferry est presque vide, c’est étonnant, et nous retrouvons les anglais, croisés sur le bateau précédent, propriétaires de maisons en Turquie et faisant régulièrement les trajets dans des voitures luxueuses.

Mercredi 2 octobre : Ancona -> Santarcangelo 260 kms

Nuit tranquille sur le bateau, rien n’a bougé sur cette mer d’huile. Nous assistons au lever du soleil tout en échangeant quelques mots avec un groupe de hollandais voyageant en bus. Partis du nord de leur pays, ils se sont rendus à Corfou, le tout en trois jours, pour rester cinq jours sur place. Il en faut pour tous les goûts ! La climatisation est réglée pour la grosse chaleur estivale et nous oblige à enfiler nos vestes. Nous atteignons Ancona avec une heure de retard et c’est galère pour s’extraire du bateau, de même que pour sortir du port, car les camions sont passés au peigne fin et bloquent les voitures. Heureusement, nous arrivons à nous faufiler, rencontrant les mêmes difficultés pour sortir de la ville, très encombrée aussi. Vu le retard imprévu, nous optons pour l’autoroute, de laquelle nous sortirons à Rimini afin de retrouver notre bel hôtel « Il Villino » à Santarcangelo, où une jolie chambre nous attend, plus spacieuse, avec une baignoire ancienne ... au pied du lit. Nous dégotons un joli petit restaurant « branché » et mangeons « dans » ce qui était la cheminée. Lumières tamisées, un livre sert de lampe, une ampoule glissée à l’intérieur, meubles repeints, tables bariolées, tous les coins sont utilisés et l’établissement semble plaire aux jeunes. La spécialité nous convient très bien : un hamburger au miel avec salade et Nan, ainsi qu’une assiette dessert dégustation des plus originales et savoureuses, pour les amateurs que nous sommes.

Jeudi 3 octobre : Santarcangelo, Montreux 600 kms

Après une belle nuit tranquille dans ce joli cocon, le reste de la journée sera des plus monotone, n’ayant pas le choix, si ce n’est celui d’avaler des kilomètres d’autoroute. Le beau temps nous accompagne, parfois voilé par les nuages. Au Col du Grand St-Bernard, le brouillard nous enveloppe et je dois me concentrer pour ne pas perdre de vue le feu arrière de Pascal. Je me demande ce qu’il voit ! Nous finirons par deux bouchons successifs hélas, non loin de la maison. Etonnament, malgré cette journée bien chargée en kilomètres, je ne sentirai pas la fatigue. Allez savoir !


Spécial Turquie

Les voitures de gendarmerie sont bleu marine, comme en France, marquées « Jendarma », avec les feux bleus et rouges alternés.
Les feux pour les piétons, lorsqu’ils passent au vert, représentent un piéton en mouvement, alors qu’au rouge il est arrêté.
La Livre turque équivaut à : 0,50 cts CHF, soit 0,30 cts €
La voiture se dit « Oto » et le coiffeur, Koafür (à prononcer à haute voix)
Le thé turc s’appelle « çay » et nous a été offert partout.
Avec le café turc, il y a autant à boire qu’à manger 
L’accueil est exceptionnel, partout.