Une étoile entre ciel et terre

Quand elle est apparue sur le toit de la Grenette, au coeur de la vieille ville, en ce mois d’avril, tous les regards s’orientèrent vers ce petit point noir. Un sourire accroché à son visage du début à la fin de sa prestation, quelques mouvements de ses lèvres attestant qu’elle chantait, en accord avec le chœur, elle avançait lentement sur le fil tendu à 80 mètres du sol. La foule, à ses pieds, retenait son souffle, économisait ses mots. Les visages ne la quittaient pas des yeux, si ce n’est le temps d’empoigner les téléphones portables pour photographier, filmer et conserver un fabuleux souvenir d’un moment exceptionnel.

A ma grande surprise, elle ne s’est pas contentée de marcher sur le fil, aidée seulement d’un balancier, mais elle s’est assise, a effectué quelques pas de danse, s’est mise en équilibre sur le ventre, est allée jusqu’à faire le grand écart, le tout après avoir lâché ledit balancier.

En raison de la météo capricieuse et d’un vent quelque peu menaçant, soixante « cavalettistes » tenaient fermement des cordes passées autour de leur taille et posées sur le fil de la funambule afin de le stabiliser. Le ciel en était tout perturbé, passant rapidement du noir au bleu, tout en retenant ses larmes, par chance.

Le parcours de la circassienne m’a semblé à la fois long et trop court lorsqu’elle atteignit tout en douceur la grue installée près du château de l’Aile, deux cents mètres plus loin. Dès lors, ce fut une foultitude d’applaudissements et de cris d’admiration qui retentirent. 

Comment quitter les lieux sans partager notre émotion et notre enthousiasme avec des amis, voire même des inconnus. Durant une vingtaine de minutes, j’ai vécu un moment intense, poignant, magique, au-dessus du sol d’un cirque à ciel ouvert.

Betty Morel
Mai 2022

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