Des regards de jeunesse


Si nos corps ont changé, normal d’ailleurs au fil des années, nos regards sont restés les mêmes, à quelques détails près. Les femmes ont souvent adopté un autre nom et les cheveux des hommes ont blanchi. Ceux des femmes aussi mais, par coquetterie, la plupart d’entre elles ont usé de subterfuges. Chut !! Sur les photos d’époque, certains sont très reconnaissables (je ne citerai pas de noms... ), ne serait-ce pas justement par leur regard ? Le regard, du verbe regarder. On peut regarder mais aussi être regardé. Qu’il soit doux, rieur, sombre, triste, affirmé, empli de bonheur, de reconnaissance ou de colère, cerné de rides ou masqué par les paupières, agrémenté de lunettes, il n’y en a pas deux pareils. Echanger un regard, c’est par là que nous avons commencé notre journée de retrouvailles. Bien sûr, ledit regard était souriant, accueillant, parlant, mais il n’a pas toujours suffi à reconnaître l’interlocuteur, tout le monde ne fonctionnant pas de la même façon. Il y a les visuels qui auront eu des facilités et les auditifs trouvant l’aide dans la voix. Quant aux olfactifs, leur odorat n’aura peut-être pas suffi, sans parler de ceux qui auront eu encore moins de chance par leur sens du toucher. Pour ce qui est de la mémoire, certes, elle nous joue des tours avec le temps, gardant fermés quelques tiroirs. Pour ma part, l’Isère a coulé sous le pont de Beauvoir depuis plus de quarante ans sans que j’ai eu l’occasion ou la chance de revoir nombre de mes conscrit(e)s, çà ne m’a pas aidé… Notre regard, nous l’avons aussi porté ce jour-là sur les lieux « magiques » choisis par nos G.O., cet ancien couvent des Carmes, de même que sur nos assiettes très agréablement garnies. Ledit regard, encore lui, a su transmettre ses informations à nos papilles ainsi qu’à notre glande pinéale (du bien-être), de telle sorte que nous avons passé une journée des plus délicieuses, baignée de soleil, en dehors des nuisances de la ville, dans un décor féerique, au pied du Vercors. Sans nos regards, comment aurions-nous pu apprécier les heures précieuses de nos retrouvailles ?

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