« Douce France …
Cher pays de mon enfance … »


Comme le chantait Monsieur Trenet.
Pour entamer cette nouvelle décennie, j’avais envie de faire un petit tour dans mon pays natal. Ce fut donc du Sud Est au Sud Ouest d’abord puis du Sud Ouest au Nord Ouest avec le retour du Nord Ouest au Sud Est pour boucler la boucle. Cette fois, l’accent avait été mis sur le fait de prendre le temps de nous poser, de visiter des lieux, connus ou oubliés, sans excès de kilomètres.

Et à propos d’accents, j’ai été gâtée. Je les affectionne, car ils permettent de situer les gens. Quoique, aujourd’hui, la population se déplace tellement, pour toutes sortes de raisons, qu’il se peut qu’un alsacien vive dans le Sud-Ouest ou qu’un breton soit venu s’installer dans le Dauphiné. Peu importe, l’accent est certes lié à une région mais aussi à la personne. Il peut y en avoir un, voire plusieurs, dans chaque département, tout comme des mots spécifiques à la région formant ainsi un dialecte. Il m’arrive parfois, après toutes ces années d’émigration, de prononcer un mot typiquement St-Marcellinois qui amuse bien mon mari. Selon les circonstances, les lieux ou le vécu, il finit un jour par ressortir de ma mémoire.

Qui dit France, dit Europe, j’en viens maintenant aux actuelles plaques d’immatriculation. J’ai renoncé à dire « nouvelles », car on nous les a imposées il y a … 10 ans ! Mais oui, j’entends d’ici les Suisses ajouter « c’est comme les nouveaux francs !». Pour la petite histoire, les plaques minéralogiques ont été instaurées en 1901, puis revues et corrigées en 1950. Au 20ème siècle, on pouvait savoir d’où venaient les gens puisque le numéro du département était géographique. Les plaques étant liées au véhicule, l’acquéreur devait en changer s’il déménageait dans une autre région. Or, depuis 2009, on peut acheter un véhicule immatriculé à l’autre bout de la France sans pour autant modifier le numéro de département. Ainsi, lorsque je vois un 38 (Isère), je m’empresse de demander à son propriétaire s’il vient bien de là. Si oui, je peux lui préciser mes origines, car il y a parfois d’heureux hasards. Sinon, la conversation s’arrête là ! Tout en voyageant, j’observe les numéros de départements puisque je les connais tous et cela me permet de revoir des endroits connus ou de les situer sur la carte du pays. Le Dauphiné comprenait au 20ème siècle la Drôme, les Hautes-Alpes, l’Isère et le Rhône. Depuis 2015, l’Isère se trouve insérée dans la région Auvergne Rhône-Alpes, composée de 12 départements. Vous avez suivi ?

Ainsi donc, nous avons franchi cette année un certain nombre de départements.
Partis de Haute-Savoie, nous avons traversé à l’aller la Haute-Savoie, la Savoie, l’Isère, l’Ardèche, la Haute-Loire, la Lozère, l’Aveyron, le Tarn-et-Garonne, le Lot-et-Garonne, la Gironde, la Dordogne, le Lot, la Charente-Maritime, la Vendée et la Loire-Atlantique (15) et sommes revenus par les Deux-Sèvres, la Vienne, le Puy-de-Dôme, La Loire et l’Ain (5).

Qui dit voyage, dit changement de paysage, de climat, d’architecture, de mentalité et de spécialités culinaires, voilà qui donne des idées et ouvre l’esprit.

En Ardèche, nous avons erré quelque peu dans le joli village de caractère d’Entraïgues-sur-Volane, où a vécu Jean Ferrat durant trente-six ans et où il est mort. Un espace culturel, imaginé et réalisé par sa femme, lui est d’ailleurs dédié dans un ancien hôtel, sur la place du village, que marchés et jeu de boules se partagent, sans oublier les terrasses sous les platanes.

En Haute-Loire, Pradelles, petite cité médiévale et ancienne place forte, porte le label « L’un des plus beaux villages de France » Une sculpture de l’écrivain écossais, Robert Louis Stevenson, auteur de « Voyage avec un âne dans les Cévennes » en 1879, en est le témoignage.

France_Ste-Eulalie.jpgDans l’Aveyron, c’est à Ste-Eulalie-d’Olt que nous poserons nos bagages. Ce charmant bourg médiéval porte le surnom de « Cité des arts » car une dizaine d’ateliers s’y sont installés. Nous y rencontrons l’une des artistes, céramiste et sculptrice exposant en Suisse chez qui nous trouvons l’hébergement. Quand un artiste rencontre un artiste, de quoi peuvent-ils bien parler ? Nous partageons avec le couple des moments très agréables ainsi que le repas, gracieusement offert.

L’adorable bastide médiévale de Lauzerte, classée « Un des plus beaux villages de France » dans le Tarn-et-Garonne, nous a été recommandée par nos hôtes car elle met également l’art en avant. Nombreux sont les galeries et lieux d’exposition. C’est aussi l’une des haltes pour les randonneurs du Chemin de Compostelle. Une belle esplanade portant le nom de La Barbacane s’est métamorphosée en parking. Dommage. A part pour les véhicules que les platanes protègent des rayons du soleil. Sur la place des Cornières, un artiste céramiste a conçu et réalisé « le coin relevé ». Il a comme soulevé un triangle composé de pavés, tel un tapis, laissant apparaître une peinture colorée.

Nous voilà maintenant en Gironde où nous sommes attendus et hébergés par des amis motards, Guy & Marie-Jo. Réparation de la moto de Pascal par le spécialiste nommé ci-dessus puis découverte de la ville de Bordeaux, tantôt à pied, tantôt en Tuk-tuk, véhicule à trois roues électrique, conduit par un jeune dont l’humour et la passion nous tiennent en haleine. France_Bordeaux.jpgSituée sur les bords de la Garonne, Bordeaux est connue en tant que région viticole mais aussi comme ville portuaire. Un immeuble a pris l’aspect d’un bouchon, on ne peut plus original. Sur les bords de la Garonne, un miroir d’eau, d’une superficie de 3450 m2, attire grands et petits venus se rafraîchir en cette période caniculaire. Piétons et cyclistes se partagent les quais, faisant partie de 200 kilomètres de pistes et voies cyclables. Trois lignes de tram desservent la ville sur une longueur de 66 kilomètres, voilà de quoi alléger le trafic automobile, sans oublier les 78 lignes de bus, un service de navette fluviale et la gare très bien desservie. Comme toutes les grandes villes, les empreintes de différentes époques témoignent du passé. J’ai aimé les immeubles anciens et les somptueuses portes d’entrée. Sur la place des Quinconces, une esplanade accueille diverses animations de même que la fontaine des Girondins, monumentale, avec ses nombreuses sculptures et au milieu de laquelle s’élève une colonne de 54 mètres de haut. La galerie bordelaise, située à l’angle de deux rues piétonnes, date de la première moitié du 19ème siècle. Son architecture est comparée à celle des galeries parisiennes.

En Dordogne maintenant, région affectionnée par les anglais au vu du nombre important de châteaux et de maisons de maître, la région est des plus douces. Lalinde, première bastide anglaise du Périgord, sise au bord du canal éponyme, est fière de sa très belle halle trônant en son centre. Nous prenons le temps de nous balader du canal à la rivière, moment de rafraîchissement.
C’est ensuite dans le Lot, après un petit retour à l’intérieur des terres, que nous allons retrouver un autre couple d’amis motards, ex-savoyards, Georges & Rosy. La canicule a spécialement sévi dans la région, plus aucun brin d’herbe verte à l’horizon et, de ce fait, restriction d’eau. Le village de Labastide-Murat, situé dans le parc naturel régional des Causses du Quercy, fait désormais partie de la commune de Cœur de Causse. Regroupement de communes comme en Suisse. Quelques commerces persistent de même qu’un marché hebdomadaire et le jeu de boules sur la place centrale, comme il se doit. Enfourchant nos chevaux d’acier, nos amis nous font découvrir les jolies petites routes de la région, tranquilles, dans la vallée du Célé, nom de la rivière que nous longeons en admirant également les maisons troglodytes. A Cabrerets, le marché hebdomadaire est installé au soleil sur une place en terre battue et à deux pas, une minuscule terrasse recouverte de glycine nous offrira la fraîcheur souhaitée pour goûter aux spécialités du coin.
Nous enchaînons avec la visite de Figeac, magnifique ville médiévale où nous partons à la découverte des ruelles et impasses grâce à notre charmant guide et amie répondant au nom de Rosy. Les petits commerces sont encore majoritaires, nulle grande enseigne ne vient ternir ces vieux murs, fait tellement rare à notre époque. La minuscule place des écritures, située au pied de la maison natale de Champollion, est très étonnante. Les hiéroglyphes, incompréhensibles pour nous, sont gravés sur une dalle de granit noir et la traduction en français figure sur une plaque de verre superposée.

On ne peut passer à Gourdon sans s’y arrêter, même si l’on y est déjà venu. Le marché s’étale sur la place, attirant le chaland avec ses couleurs et odeurs mais aussi sa fréquentation. Tout y est, de quoi remplir son panier. Sauf la crieuse cependant qui déclame, paraît-il : « Fini de chuchoter maintenant, on assume, je vais crier, je vais hurler, vos besoins, vos envies et vos fantasmes aussi ». Dommage qu’on l’ait manquée. En grimpant tout en haut du village, on a tout loisir d’admirer les paysages environnants en s’aidant de la table d’orientation. A l’écart des bruits de la ville, moment de détente et de rêverie assuré.

Nous connaissons déjà l’ancienne bastide médiévale périgourdine, Domme, classée « l’un des plus beaux villages de France » mais c’est un réel plaisir de s’y arrêter à nouveau. Touristique bien évidemment, le village séduit avec ses ruelles pavées, ses vieilles maisons en pierre et la vue sur la Dordogne depuis l’esplanade où les joueurs de boules se retrouvent. De quoi flâner et nous détendre agréablement.

En Charente-Maritime, nous découvrons l’adorable village de Talmont-sur-Gironde, classé « Cité de caractère » et qualifié de presqu’île de tous les âges, abritant 105 âmes. France_Talmont-sur-Gironde.jpgQuelques pans de remparts et les vestiges d’une tour médiévale subsistent, de même qu’une église avec son petit cimetière. Depuis ce promontoire, nous dominons l’estuaire de la Gironde. Les ruelles sont bordées de roses trémières en lieu et place des trottoirs. Parmi les nombreuses boutiques, nous découvrons celle tenue par une mamy de 84 ans où une multitude de cartes postales anciennes et actuelles se côtoient. Un autre espace est en lien avec notre époque puisqu’il s’agit d’objets colorés fabriqués avec de la récupération.

Mornac-sur-Seudre, dans le même département, est orienté vers l’art. Galeries et boutiques en garnissent les ruelles, d’où son classement dans le réseau des « Villes et métiers d’art ». C’est aussi un petit port ostréicole sur les bords de la Seudre où il fait bon vivre.

Après cette belle enfilade d’adorables villages, place à la grande ville portuaire de La Rochelle avec ses 75'000 habitants. Maisons à colombages, rues à arcades du XVIIème, vieux port et port de plaisance. L’hôtel de ville, le plus ancien en fonction puisqu’il héberge la mairie depuis 1298, est à l’heure actuelle encore en reconstruction suite à un incendie qui a ravagé, en 2013, les toitures et charpentes de la partie historique. Nous constatons avec étonnement qu’un grand nombre de librairies persistent. L’une d’elles, spécialisée dans les bandes dessinées, propose également de très belles figurines, neuves et anciennes. Le Café de la Paix est historique puisque Georges Simenon venait très souvent y écrire. Cette brasserie de style belle époque n’a probablement pas changé depuis des lustres. A ce propos, les luminaires dorés mettent en valeur les peintures du plafond, décoration datant du début du XXème siècle. Cet établissement à l’origine, en 1793, portait le nom de « Café militaire » et fut rebaptisé en 1900 de son nom actuel. De l’ancienne église St-Nicolas, détruite par le feu, il ne reste que la façade derrière laquelle s’est adossé maintenant un hôtel, construit sur ses cendres. France_LaRochelle.jpgLa gare, de par sa largeur d’une centaine de mètres, est colossale. Dans le hall d’entrée, des mosaïques de Biret de 20 mètres de large éoquant le monde maritime. Son campanile culmine à 45 mètres. Elle figure parmi les plus belles gares de France. Outre sa beauté, ses bâtiments anciens, ports et voies cyclables, la propreté est à souligner dans toute la ville. Aucun papier ni excrément ne souillent la chaussée.

Les Sables d’Olonne, dans le département de la Vendée, est une ville devenue célèbre pour la course du Vendée Globe. Les vagues se jettent contre les falaises aux rochers sombres et les surfeurs s’en donnent à cœur joie. A l’entrée, sur des barres verticales peintes en noir et légèrement espacées les unes des autres, apparaissent les visages des gagnants de ladite course. On les devine avant d’atteindre le milieu puis on les voit précisément en passant devant. Un bel effet. Sur « le remblai », très belle promenade en bordure de l’océan, les terrasses des restaurants se côtoient. La route n’est pas fermée. A sens unique, le trafic en est modéré et ainsi, un espace est réservé aux vélos. Balnéaire, la ville est très touristique et les personnes âgées nombreuses. A la sortie, un château d’eau attire mon regard. Sur ses murs peints en bleu ciel, des personnages, équipés de filets à papillons, cherchent à attraper des poissons volants. Des roses trémières se dandinent ça et là, en bordure de route.

Nantes, en Loire-Atlantique, tourne autour de 300’000 habitants. Ville portuaire bénéficiant d’un riche patrimoine architectural, elle n’est pas considérée comme bretonne bien que située à la limite de cette région. Nous y sommes accueillis par un autre couple de girondins/nantais, Joël & Fabienne, motards également. Tramway, bus, navettes fluviales et voies cyclables, voilà de quoi désencombrer les rues. Ici, une fresque monumentale égaie une façade de béton avec, au sommet, un vrai bus suspendu, ou accroché plutôt ! En se baladant dans ce qui fut le chantier naval, on y découvre diverses œuvres, tels ces nids géants confectionnés avec des branches tressées et posés sur des toits ou des arbres. 18 anneaux lumineux sont tournés vers le fleuve et découpent le paysage. France_NantesHerisson.jpgUne sculpture constituée de branches rappelant un hérisson se trouve en haut de la cale de lancement des bateaux, à quelques mètres de la grue jaune datant de 1954. A deux pas, la Loire s’étale, majestueuse. Un bateau de guerre reste à quai, parfois utilisé pour le tournage de films. France_TourAncienneBiscuiterie.jpgPuis, grâce à nos amis, nous découvrons l’ancienne fabrique de biscuits LU, créée en 1846 et qui, après avoir déplacé ses activités, est restée en l’état et porte le nom de « Lieu unique ». Un restaurant nous permet de nous replonger dans le passé avec, sur les étagères, d’anciennes boîtes et autres objets. A l’angle de l’immeuble, une magnifique tour ronde de 38 mètres de haut a été restaurée en 1998 tandis que la deuxième, en partie détruite lors de la dernière guerre, a disparu.

Non loin de là, c’est un autre lieu, féérique, celui des Machines de l’Ile, que nous visitons pour la troisième fois, c’est dire qu’il mérite le déplacement. Un éléphant géant se met en marche, guidé par des techniciens. Construit en bois et en cuir, ses pattes, sa trompe et ses oreilles sont articulées et il peut emmener jusqu’à cinquante personnes sur son dos. Le carrousel est actuellement en réfection. A l’intérieur des hangars, d’autres monstres sont en mouvement et les différents ateliers sont visibles du haut d’une galerie. Monde magique, monde de rêve.
Dans un tout autre domaine, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage se réfère au passé lointain. Des plaques en verre, sur le sol du quai, affichent les noms des bateaux ayant transporté tant de monde et, en sous-sol, des explications et citations apportent moult détails de ces moments terribles.

Le château des Ducs de Bretagne fera l’objet d’une autre visite. Il nous aurait fallu au minimum deux jours pour découvrir toute la ville. Mais le peu de temps que nous y avons passé m’a permis de remarquer la propreté exemplaire, un plan ayant été lancé en 2018, qui a porté ses fruits.

Nous ne ferons que passer à côté de St-Nazaire, car notre but se situe un peu plus loin. A St-Marc-sur-Mer, nous voilà sur la plage de Monsieur Hulot, personnage célèbre de Jacques Tati, dont les films presque muets et avant-gardistes restent dans nos mémoires. Jour de fête, son premier long métrage, est sorti en 1949, soit l’année de ma naissance et Les vacances de monsieur Hulot en 1953, celle de Pascal ! Je suis toute émue à l’idée de marcher pieds nus dans le sable où il a tourné son film. France_JacquesTati.jpgUne très belle sculpture en bronze le représente, penché sur le parapet mais hélas sa pipe a fait l’objet de vandalisme, il ne reste qu’un mégot ! Pour fêter cette découverte, je ne peux résister à l’envie de me baigner même si le ciel est un peu gris, l’eau fraîche et mouvementée. L’hôtel de la plage est toujours là, un peu modifié mais en fonction, et les rochers sombres protègent la plage des grosses vagues. Une brume va et vient, comme en Angleterre. Parfois, elle enveloppe un château, situé sur les falaises un peu plus loin. Des petites cabines rayées bleu clair et blanc ont été disposées çà et là avec l’image de Monsieur Hulot. L’une d’entre elles s’est métamorphosée en boîte à livres. J’aurais aimé rester plus longtemps, voire même dormir dans ce célèbre hôtel tandis que nous n’y avons fait qu’y manger. Le kiosque, à deux pas, présente ses livres en vitrine mais, oh rage oh désespoir, il est fermé cet après-midi.

Des petites routes agréables se faufilant dans des paysages verdoyants et très peu de circulation, des villages fleuris, voilà la suite du programme de cette merveilleuse journée. Ici et là, quelques troupeaux de vaches paissent tranquillement et des oies brunes et blanches cacardent sur notre passage. Nous traversons maintenant la Loire sur un pont français à haubans, appelé Pont de St-Nazaire et construit en 1975, long de 720 mètres, enjambant l’estuaire de ladite rivière. En incluant les viaducs d’accès, il atteint une longueur totale de 3'356 mètres, ce qui en fait le plus long de France. Mon œil se pose maintenant sur un rond-point où trône un magnifique vélo en métal d’environ un mètre de hauteur. Nous jetons notre dévolu sur la jolie ville médiévale de Parthenay (Deux-Sèvres), considérée comme la capitale de la Gâtine poitevine, construite sur un éperon rocheux et surnommée « La petite Carcassonne ». La citadelle s’enorgueillit encore de ses fortifications, à raison. Nous déambulons et admirons les maisons à colombages et les ruelles pavées où de nombreux ateliers d’artistes sont hélas fermés.

Il y a une vingtaine d’années, soit à ses débuts, nous avions visité le Futuroscope, près de Poitiers, en Vendée. Est-ce parce que notre vie a changé, ou nos goûts, ou encore nos intérêts, que nous n’avons guère apprécié les lieux. La plupart des animations s’adressent aux enfants, à la famille et certaines, étant donné la saison et le peu d’affluence, sont fermées. Les alentours, par contre, sont soignés et quelques œuvres d’art disposées sur le gazon attirent nos regards. La musique diffuse ses notes un peu partout. Surprise désagréable avec le prix d’entrée démesuré, de même que le parking dont le montant pour une moto est le même que pour une voiture alors que la grandeur des places est moindre ! Cette fois, nous ne reviendrons pas au Futuroscope.

La prochaine étape sera Montmorillon, dans la Vienne également, surnommée « Cité du livre et de l’écrit ». Cette petite ville est étonnante, de par sa disposition. Traversée par la rivière Gartemple, la cité du livre se trouve dans la ville basse, un peu plus animée que celle du livre, située dans la ville haute, plus ancienne par contre. Hors saison là aussi, les ruelles sont désertes et la plupart des boutiques fermées. Nous nous contentons de la visite du Musée de la machine à écrire, rempli de mécaniques de tous pays, dont la Suisse. Cela me rappelle l’école avec des données et exigences oubliées : 80 mots/mn pour la dactylographie et 100 mots/mn pour la sténographie. Visite également, cette fois dans la ville basse, au chocolatier dont la spécialité est le macaron, différent du parisien, nous dit-on.

Un peu plus loin, nous changeons de département pour poser nos pieds dans le joli village médiéval de La Souterraine (Creuse), dont le nom n’est guère engageant. L’église trône en son centre, autour de laquelle tournent les voitures et, à deux pas, une ancienne porte édifiée au XIIIème et XVème siècles contraste avec un magnifique trompe l’œil. Le temps d’un pique-nique, nous admirons l’ensemble et imaginons sa vie avant la voiture !
France_SouterraineTrompeLoeil.jpg
Le temps des vacances s’amenuise et nous voilà sur la route de l’Auvergne, région verdoyante et vallonnée, centrale aussi. A Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), nous faisons un bref arrêt pour charger quelques vieilles pièces rouillées destinées à l’élaboration de futures sculptures. Le soleil se croit encore en période estivale et forcément, l’heure de la sieste se rappelle à l’ordre en début d’après-midi. Ce joli petit chemin fera l’affaire, agréablement ombragé et apparemment pas fréquenté. Ce sera un groupe de marcheurs qui nous sortira de notre torpeur. La fin de l’après-midi arrive à coup de kilomètres et le jour s’assombrit rapidement. C’est à Thiers que nous trouvons refuge pour la nuit, dans un hôtel cette fois. L’accueil est sympathique et, malgré l’heure avancée, le repas nous est quand même servi. Le patron nous guide vers le garage où nos motos pourront se reposer tranquillement. Ce fut probablement un bel hôtel en son temps mais il a vieilli, comme nous ... Bien que nous ayant paru quelque peu abandonnée, la ville de Thiers reste la capitale française du couteau. Après la montée sinueuse, les villages s’enchaînent, avec un espacement de quelques centaines de mètres seulement. Pas le temps de passer la vitesse supérieure ! Dans l’un d’eux, mon regard est attiré par un trompe l’œil occupant toute la façade d’un immeuble. Dommage qu’il soit caché par l’échafaudage. Le paysage change ensuite, la petite route départementale est tranquille, parfois bordée de forêts avec, au loin, quelques étangs et des troupeaux de bovins. Nous longeons maintenant la Saône jusqu’à St-Romain-au-Mont-d’Or, dans le département du Rhône. Dans ce petit village, c’est la Demeure du Chaos, un ancien relais de poste du XVIIème siècle, complètement transformé, malgré les oppositions des villageois, que nous sommes venus visité. Devenu musée à ciel ouvert, il est constitué de carcasses (avions, hélicoptères, voitures) abandonnées et diverses pièces rouillées jonchant le sol, envahies par la végétation. L’homme est un anarchiste et a retranscrit une foultitude de phrases écrites à même le métal. Contraste entre le matériau rouillé, les têtes de mort et les phrases philosophiques, telles que :

-la vie commence à la limite de votre zone de confort
-il vaut mieux être détesté pour ce que tu es plutôt qu’être aimé pour ce que tu n’es pas
-les choses que l’on possède finissent par nous posséder
-tout secret est une révolte
-je ne veux désormais collectionner que les moments de bonheur
-le plus corrosif des acides est le silence
-le bonheur supprime la vieillesse
-être en paix avec soi-même est le plus sûr moyen de commencer à l’être avec les autres.

Des portraits de célébrités (politiques pour la plupart) sont peints sur les murs d’enceinte. Et chose aussi étonnante, un olivier trône au milieu, arbre de paix. La chaleur est accablante et les habits de moto sont de trop, ce qui ne nous empêchent pas de nous attarder en ces lieux étranges grouillant de monde.

Tandis que nous profitons d’un banc à l’ombre aux côtés de nos motos, nous échangeons avec un couple d’isérois, motards également, auquel nous précisons être à la recherche d’un lieu sympa pour dormir. Pérouges, dans l’Ain, qu’ils nous conseillent, sera donc notre dernière halte vacancière. Je n’ai qu’un reproche à faire à cette petite cité médiévale, classée parmi les plus beaux villages de France, sa rue pavée, ou plus précisément recouverte de cailloux alignés irrégulièrement, rendant l’équilibre difficile. A pied déjà, la marche est compliquée mais à moto, oh la la. Respectons les lieux et n’allons pas plus loin ! Si le village avait été désert et que les géraniums n’ornent pas les fenêtres, on aurait pu se croire au Moyen âge. France_Perouges.jpgSur la place principale, les branches d’un vieux tilleul, âgé de 235 ans, sont soutenues par des piquets en bois. La spécialité culinaire est la galette au sucre de Pérouges, proposée un peu partout. Nous dormirons dans l’ancien Grenier à sel datant de 1536, transformé en maison d’hôtes, de quoi nous imaginer dans un siècle lointain.

Le dernier jour des vacances est arrivé, inévitable, et nous rentrons par St-Claude, capitale de la pipe, située au cœur du massif du Jura, avant de passer la frontière puis d’emprunter les routes tranquilles et finir en beauté.

En résumé, voilà la liste des départements que nous avons traversés (20 au total)

A l’aller, Haute-Savoie, Savoie, Isère, Ardèche, Haute-Loire, Lozère, Aveyron, Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne, Gironde, Dordogne, Lot, Charente-Maritime, Vendée, Loire-Atlantique
Au retour, Deux-Sèvres, Vienne, Puy-de-Dôme, Loire, Ain


Clarens, le 1er décembre 2019


Voilà les liens pour en savoir plus sur Internet :

https://www.aubenas-vals.com/commune/antraigues-sur-volane/
https://www.pradelles-43.com/Randonnee
https://www.tourisme-aveyron.com/fr/voir-faire/decouvrir-aveyron/villes-et-villages/sainte-eulalie-d-olt/decouvrir-sainte-eulalie-d-olt
www.gite.iemfre.fr
https://www.quercy-sud-ouest.com/fr/decouvrir/la-cite-medievale-de-lauzerte
http://www.bordeaux.fr/p63765/bordeaux-patrimoine-mondial-de-l-unesco
https://www.tourisme-lot.com/les-incontournables-du-lot/grands-sites-d-occitanie/figeac-vallees-du-lot-et-du-cele
http://www.tourisme-gourdon.com/je-decouvre/les-incontournables/au-coeur-de-la-cite
https://www.dordogne-perigord-tourisme.fr/decouverte/incontournables/plus-beaux-villages-de-france/domme/
http://www.talmont-sur-gironde.fr/
https://www.restaurantlieuunique.fr/
https://www.lesmachines-nantes.fr/
http://www.organe.org/
https://www.hebergement-perouges.fr/