Ah que oui je t’aime,

J’avais 13 ans lorsque tu m’as séduite sur les ondes de ma petite radio. Souvenirs, souvenirs, je vous retrouve en mon cœur... Mon père disait que tu n’allais pas faire long feu ! Et voilà 53 ans que tu perdures, que tu inondes la France et les pays francophones de tes succès. L’Olympia, le dimanche dans ma chambrette, était un moment sacré. Je vivais tes concerts tout près de mon transistor qui s’égosillait. Des posters de toi agrémentaient les murs de ma sphère privée.

JohnnyComme tu étais beau. J’ai un problème, je sens bien que je t’aime, aujourd’hui encore, après tant d’années d’écoute attentive, sur les ondes, les vinyles, en concert. Ta personnalité, ta voix, ton charme, tes jeux de jambe, rien ici, non, rien n’a changé au fil du temps. À l’époque des cheveux longs, on te disait aux idées courtes, peu importaient les ragots, j’aimais l’artiste et son aura, celui qui avait su dépoussiérer la chanson française et créé une nouvelle génération. Tu as d’ailleurs très vite acquis le titre d’idole des jeunes. Dès le début, j’étais à l’affût des articles dans les magazines yéyé, que je conservais précieusement dans une chemise brune cartonnée. Je vais te faire un aveu, elle est toujours là, en l’état. Pardonne-moi si je t’ai fait des infidélités et n’ai plus guère suivi tes faits et gestes, j’avais d’autres priorités. Cependant, un jour, je t’ai découvert sur scène, en direct. Je suis même allée à Paris parce que tu avais annoncé cette tournée comme étant la dernière. Quel plaisir de réentendre tes vieilles chansons, enfouies mais si célèbres, de l’époque où tu te roulais par terre, où tu cassais tes guitares, Johnny et sa guitare où tu jetais ton peigne dans la foule après usage. Les jeunes des deux sexes étaient en transe devant toi, chantant, scandant ton nom ou allumant leurs briquets sur des mélodies mélancoliques. Aujourd’hui, allumer le feu se fait avec les écrans lumineux des téléphones, adieu romantisme. Au fil des années, mon amour pour toi s’est métamorphosé, mais je te suis restée fidèle et ta place est toujours au N° 1 de mon Hit parade. Quel n’est pas mon étonnement, à chacun de tes concerts, de voir la présence de quatre générations. Les cheveux blancs, qui t’ont initialement encouragé et soutenu, ont transmis leur passion à leurs descendants. On peut te mettre sur la même étagère que Tintin, s’adressant aux lecteurs de 7 à 77 ans.. Certes, tu as changé. Moi aussi ! Ta chevelure blonde s’est parfois assombrie, sa longueur a suivi la mode des décennies, tout comme tes habits. 

Mon cher amour de jeunesse, comme moi, ton public te reste fidèle après toutes ces longues et tendres années, preuve que ton chemin était le bon. Tu as su t’inspirer des Etats-Unis et d’un nouveau style, en le francisant, en donnant un nouvel élan à la musique. Comment rester de glace en t’écoutant. Avec toi, on chante, on danse, on crie, avec toi on ne fait qu’un, tu es notre pote. Malgré tous tes écarts, que les journaux ont décrié pour noircir leurs pages, tu es resté solide comme un roc, entouré d’un orchestre au top, avec une voix qui s’est affirmée au fil des ans et une mémoire à tout casser. Tu as su chaque fois retrouver ta route et tes fans, toi, notre grande Vedette. À chacune de tes descentes aux enfers, il m’est arrivé de penser qu’un jour, hélas, tu y resterais ! Comment l’imaginer, envisager une telle catastrophe. Je ne vois rien d’autre qu’un deuil national pour te saluer une dernière fois, avec un concert sur écran géant et tous tes fans chantant, la voix tremblotante et le mouchoir à la main :On a tous en nous quelque chose de Johnny !  

Betty alias Marcelline            

Ah que coucou,

Twist

Avec ce texte, j’ai participé au concours de lettres d’amour organisé par le Théâtre de Vevey mais n’ai rien gagné ! Faut croire que le jury n’aimait pas Johnny ni le Twist !!! Dommage, j’aurais voulu l’entendre déclamer et chanter par l’un(e) des comédien(ne)s, ce jour, à Vevey. Les consignes étaient de ne pas dépasser 3'000 signes, soit un peu plus d’une page A4, et d'intégrer des paroles de chansons.

14.02.2016