Mon cher Johnny, mon amour de jeunesse,

Si j’avais installé un appareil pour contrôler mon émotion de ces derniers jours, il serait monté au maximum ! Dès l’annonce de la mort de « notre Johnny national », mercredi matin, je me suis cloîtrée à la maison, collant mon oreille à la radio qui diffusait en exclusivité « Tout Johnny », alternant chansons, interviews et témoignages. Une belle façon de rester en pensée avec toi.

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« Noir c’est noir » voilà comment définir cette journée que je tenais éloignée.
Samedi, ce fut le deuxième jour émotionnellement difficile, avec la cérémonie officielle à Paris, un défilé exceptionnel, tel que tu le méritais, un hommage populaire, tel qu’il a été déclaré, à la place du deuil national envisagé. Une trentaine de motards de la police t’ont escorté, en silence, tous feux allumés, suivis par 700 motards, pour la plupart des bikers selon ton désir. Au milieu de ces nombreux deux-roues, les vitres du corbillard nous laissaient l’opportunité d’apercevoir ton cercueil blanc. Tout au long du parcours, de la Place de l’Etoile à l’église de la Madeleine, en remontant les Champs Elysées, un million de fans scandait ton nom sur ton passage, t’acclamant comme en concert. Larmes et frissons garantis. Ce moment-là, j’aimerais l’intituler « Ne me quitte pas », une si belle reprise de la chanson de Jacques Brel et que ce jour-là j’avais envie de te chanter. Ou  bien « ça ne finira jamais », ton vœu si cher. 

Johnny-1429.jpegJe te revois au Stade de France en 2009 à l’occasion de tes 50 ans de carrière.

Bien qu’assez éloignée de la scène, j’ai remarqué tes yeux brillants de larmes en l’interprétant. Ces chansons, qui me bouleversaient alors, me prennent aux tripes maintenant ! 

J’ai intercepté un hommage touchant des Pompiers de Paris qui, tout en se recueillant, ont envoyé l’un des leurs interpréter « Allumer le feu ». En concert, tu nous gratifiais d’un magnifique feu d’artifice, supplément d’émotion. Et chaque fan, ou presque, levait son briquet allumé pour t’accompagner. Quand tu as chanté « Quoi ma gueule » tu as eu droit à la critique, ce mot ne plaisait pas à tout le monde et pourtant, elle était belle ta gueule ! Oui, tu nous as tous séduits, les femmes comme les hommes, toutes générations confondues. C’était l’une de tes chansons fétiches que tu aimais reprendre sur scène et que ton public adorait, tout comme « L’envie », celle de vivre, de chanter, d’aimer, qui ne t’a jamais quitté, jusqu’à ce jour maudit, ou encore « Vivre pour le meilleur », avec une telle puissance dans la voix pour exprimer le sentiment qui comptait le plus pour toi, l’Amour. Plusieurs de tes amis ont témoigné de l’Amitié que tu leur avais offerte et, parmi eux, Patrick Bruel qui t’avait écrit « Et puis je sais ». Vous l’avez interprété ensemble à plusieurs reprises. Vos yeux, vos gestes témoignaient de cette amitié sincère, d’où le message d’adieu très émouvant de Patrick. Amis également, Eddy Mitchell, alias Schmoll, et Jacques Dutronc, avec lesquels tu avais formé le groupe « Les vieilles canailles ». En 2014, le concert a été retransmis en direct … au cinéma, suscitant les applaudissements mérités. J’y étais !!! Fidèle à ton ami Michel Berger, tu as repris, de façon plus musclée, « Tennessee », que tu interprétais à chacun de tes concerts avec un clin d’œil à son auteur et ami. Oui, c’est vrai « On a tous en nous quelque chose de Johnny ». Emotion intense encore avec l’orchestre symphonique de la garde républicaine te rendant un hommage poignant en jouant cette magnifique mélodie, chaleureusement applaudi par le public, surpris. Et que dire de l’interprétation de « L’hymne à l’amour », à Bercy, accompagné seulement de ton pianiste, version tout aussi bouleversante que l’originale d’Edith Piaf datant de 1950. Ta chanson autobiographique, les « Quelques cris », tu l’as magnifiquement chantée lors de ton concert géant à La Tour Eiffel en l’an 2000. Je n’en saurai pas davantage puisqu’il manque celui de la fin. Il n’y avait que toi pour mettre sur pied un tel concert et réunir autant de monde, car « Pour moi tu es le seul » … Tu pouvais être mélancolique avec, notamment, Oh « Marie », si tu savais, tout le mal que l’on me fait … Aujourd’hui, j’ai envie de la chanter en m’adressant à toi, toi le plus grand, le plus aimé, celui qu’on ne pourra jamais oublier. Le jour viendra où, en entendant « Poème sur la 7ème », nos descendants poseront cette question « Est-ce que ça a vraiment existé ? ». Eh oui, petits, leur répondront leurs grands-pères, l’œil humide en revivant tous ces moments magiques et mémorables de leur jeunesse. « Et maintenant » (reprise de Gilbert Bécaud), que vais-je faire ?... me ramène vers les « Souvenirs, souvenirs ». Johnny-Eddy-1680.jpgJe n’ai plus qu’à me replonger dans mon fameux dossier cartonné aux senteurs de renfermé contenant les coupures de journaux de l’époque de Sylvie, du service militaire, de la naissance de David et de la célèbre période yéyé. Avec elle, j’y ai redécouvert mon cahier de chansons, paroles retranscrites avec mon écriture d’adolescente. Il me reste aussi les vinyles, CD, vidéo, livres, un mug et un t.shirt. Comme je vais en prendre soin !  En 1966, à l’Olympia, tu avais interprété … 12 chansons !! Dans ce même cahier, j’avais aussi noté les surnoms dont on t’affublait à l’époque, tels que la hantise des grands-mères, le Beethoven du rock, la 8ème merveille du monde ou le Boeing de la chanson. N’y avait-il pas du vrai en cela ? Grâce à Internet aujourd’hui, je pourrai te revoir en concert, vrai et sincère, dans les tenues et coiffures de chaque époque, transpirant parce que vivant tes chansons. C’est vrai, tu étais une véritable bête de scène et le seul qu’on ait pu considérer comme tel en France. Quel chemin tu as parcouru, avec des hauts et des bas, restant notre idole, fidèle à toi-même et à ton public. Comme l’a dit un internaute, « Jean-Philippe Smet s’en est allé, mais Johnny Hallyday est éternel ». 

Merci pour tout, JoJo, pour cette période de jeunesse que tu es venu égayer, pour ton sourire, ton déhanché, ta voix unique et puissante, ton amour et ton amitié, ta personnalité. Je t’ai aimé, je t’aime et je t’aimerai, toi, mon chanteur préféré.

14.12.2017    Betty