Après-midi « Nature »


En cette journée placée sous le signe de l’été indien, j’ai proposé à Yolande, jeune nonagénaire alerte, de l’accompagner au bord du lac. En longeant le port, nous apercevons un vieux bateau sur le quai. Son propriétaire sort de je ne sais où, affairé à la restauration de la coque pour l’hiver. Il en est très fier et nous dévoile son grand âge (du bateau, pas le sien !), à savoir qu’il a été mis à l’eau pour la première fois en 1911. Respect. Une cabine en bois, des vitres biseautées et un intérieur vert olive, nous voilà en plein rêve. Après-midi nature Puis, à deux pas de là, nous pénétrons dans le quartier que j’affectionne, portant le nom de son commanditaire, Monsieur Dubochet. A la fin du XIXème siècle, ce dernier avait mandaté deux architectes, l’un parisien et l’autre veveysan, pour la réalisation de 21 bâtisses inspirées de châteaux ou de villas. Nichées dans leur espace de verdure, protégées de la chaleur ou des regards indiscrets par des arbres parfois centenaires, certaines sont agrémentées de jolies tourelles en forme de crayon. Quelques-unes ont été restaurées, d’autres moins, ou pas du tout. De petites fenêtres étroites et allongées, des balcons minuscules, des escaliers extérieurs en colimaçon, des jardins plus ou moins fleuris et entretenus, des parcelles de façades en briques et des médaillons colorés, scellés sous les toits, me voilà transportée dans un autre monde, loin du bruit, hors du temps. Véritable havre de paix que ce vieux quartier. Seules quelques voitures stationnées me rappellent à l’ordre du jour. La balade tire à sa fin et je raccompagne dame Yolande, ravie de la sortie automnale en compagnie. Il est 16 heures et la froidure du matin a laissé place à une chaleur estivale m’invitant au bain. Les pieds dans l’eau, pour permettre à mon corps de s’habituer à la température, j’admire ce paysage idyllique. Les vieux bateaux de la Compagnie de Navigation passent au loin, majestueux, m’envoyant, à retardement, quelques belles vagues venant troubler la transparence de l’eau. Un cygneau (cygne ado), dont la robe est encore beige, ne semble pas dérangé par ma présence. En balançant légèrement mes pieds pour éloigner des herbes, j’en saisis une ou deux et les lui lance. Et le voilà qui s’approche jusqu’à vouloir saisir mes doigts ou mon mollet. Ni lui ni moi ne sommes effrayés, il suffit de mettre les choses au point ! A mon tour maintenant de me glisser dans l’eau, un peu fraîche, je dois le reconnaître, mais tellement douce, avec une légère ondulation, à peine perceptible. Merci Sieur automne de m’offrir encore ce merveilleux moment de bonheur.

Betty
26 septembre 2018