À quand les bisous ?


On continue avec recommandations, semi-confinement et attente en ces journées baignées de soleil estival nous donnant envie de sortir mais exigeant la patience.
Appels téléphoniques (audio), textos et courriels (visuel), nous en abusons plus que de coutume mais là, c’est à raison, car il ne nous reste que la communication indirecte. Bien sûr, c’est sans penser à notre planète, avec toutes ces ondes, mais nous ne pouvons pas vivre sans prendre des nouvelles de ceux que l’on aime, c’est humain. En contrepartie, les avions, usines et véhicules en tous genres, en cessant leurs trafic et fonctionnement, ont mis fin à une grande pollution, à l’origine de nombreuses allergies depuis ces dernières décennies. Grâce au mal-aimé, on voit et on sent la différence maintenant.
Et grâce à lui encore (on va finir par le remercier !), les idées ne manquent pas, la créativité est en pleine expansion. Est-ce dû au fait de se retrouver seul, chacun dans son coin, dans sa tête ? Le négatif a du bon finalement, il laisse la place aujourd’hui à son opposé, sieur positif. Mais on a beau amener son esprit vers ce dernier, le plus important nous manque, à savoir le contact direct. Il nous incombe de négocier avec son ennemi, l’éloignement. Pas plus loin qu’hier, un couple s’évertuait à nous faire de grands signes depuis leur bateau, cent mètres au-dessous de la maison. Pas moyen de les identifier. BisousCe furent finalement les jumelles qui nous permirent de les reconnaître. Ainsi, nous avons pu enfin répondre à leurs gestes explicites par les nôtres, démesurés. Moment amical, chaleur au cœur, sourires, souvenirs, la belle histoire n’a pas duré. Ils sont repartis vers le bout du lac mais les bienfaits ont perduré en chacun de nous.
A propos de distance, elle s’est instaurée depuis un mois.
Combien de temps encore faudra t’il la supporter ? Comment le rapprochement s’opèrera t’il ?
Allons-nous tous nous retrouver pour fêter la fin du cauchemar, comme ce fut le cas à la libération de 1945, le jour du 14 juillet ?
Ou bien organiserons-nous une soirée pour chacun de nos amis avec, à l’appui, étreintes et bisous ? Dans ce cas, il nous faudra prévoir du temps pour les retrouvailles.
Dans l’un ou l’autre des cas, le bonheur se lira dans les yeux de tous ceux qui ont été séparés trop longtemps.

Betty Morel
13.04.2020