Un ange passe

Bien installée à savourer un thé doux et parfumé, le serveur passe et repasse, les clients vont et viennent. Tout à mes pensées, mes yeux se posent sur le décor. Tables et chaises de bistrot, touche du passé. Sur les bordures alentour, coupelles et mini-vases aux couleurs automnales sont disposés en rang serré. Deux messieurs, attablés juste en face de moi, sont en pleine discussion. Leur conversation, bien que je ne comprenne pas, semble animée positivement. Puis les voilà qui se lèvent en continuant à parler et en se dirigeant vers la sortie. Aucun échange de regards entre nous, j’ai seulement remarqué qu’ils étaient dans l’âge de la retraite. Restent à ma droite deux dames, amies sans doute et seniors elles-aussi, qui papotent à voix relativement basse et sur un ton paisible. Je n’entends pas, ni n’écoute d’ailleurs, le thème de leur conversation.

Levant maintenant les yeux sur mon environnement, je remarque des plantes vertes, des vraies, retombant sur l’escalier. Celui-là conduit aux toilettes, mais aussi à la réserve à en voir le cuisinier qui remonte, les bras chargés. Il disparait maintenant derrière le mur qui me sépare de la cuisine, car l’heure du repas approche.

Mon regard remonte d’un cran, juste au-dessus desdites marches. Derrière une petite fenêtre carrée, dont la vitre est découpée en six parties par des barres métalliques, j’aperçois … ou je crois deviner … un ange !
Mon thé aurait-il été alcoolisé ?

Ange

Me frotter les yeux ne serait pas approprié, car je pourrais ressembler à un personnage carnavalesque. Alors je choisis de les faire tourner alentour, remarquant ainsi deux autres fenêtres, sur le côté, derrière lesquelles ce ne sont que murs et balcons, sans âme qui vive. Mes pensées reviennent, me ramenant vers ma vision première. Et cette fois, force est de constater que c’est bien la réalité, s’agissant effectivement d’un ange. Vrai, il ne l’est pas évidemment. Il s’agit d’une peinture sur le mur voisin, dans l’impasse, réalisée de telle sorte que le personnage en question m’a isolée, transportée un instant dans un autre monde, plus doux et silencieux que le nôtre.

Je reviendrai en ces lieux pour méditer, car il sera toujours là !

Betty Morel
1er mars 2023