Bretagne et Pays de Loire


Septembre, notre mois préféré pour l’évasion. Une fois de plus, ce sera sous le drapeau tricolore, racines obligent, pas en direction du Sud-Est mais du Nord-Ouest. La Bretagne et ses vents, ses falaises, ses terrains plats, ses galettes, son cidre, ses adorables villages de caractère, ses mythes et … ses bretons !
Les aller et retour nous feront traverser pas moins de 18 départements, j’adore.

recit-bretagne-loire_0459.jpegJ’avais prévenu mon organisateur préféré et néanmoins mari, surnommé Nimbus par certains, qu’un arrêt s’imposait, que j’avais même qualifié d’obligatoire, à Ste-Sévère, dans l’Indre, en plein cœur du Berry. Grande admiratrice de Jacques Tati et passionnée par ses films, visiter son musée me titillait depuis fort longtemps. Ce grand homme, dans les deux sens du terme, a été comparé à Charlie Chaplin et Buster Keaton, c’est dire ! Le village est petit, vivotant de l’agriculture, et ce jour-là animé par un vide-grenier/brocante. Une halle datant du 17ème siècle abrite quelques exposants. Ce petit musée est empli de réalité, allant dans les moindres détails, c’est comme si on était dans « Jour de Fête » puisque c’est à Ste-Sévère qu’a été tourné ce film, en 1949.

A quelques kilomètres de là, nous optons pour une autre visite, celle du domaine de George Sand, dans le village de Nohant-Vic. Le château du 18ème siècle est enveloppé dans un parc à l’anglaise, agrémenté d’arbres bicentenaires et de jardins. Au sortir de l’enceinte, nous apercevons quelques saltimbanques qui nous disent se déplacer chaque jour avec quatre ânes et se produire devant les églises (musique, danses). Nous aurons la chance d’apercevoir leurs compagnons à quatre pattes dans un champ voisin, espace de loisir et de liberté pour quelques heures.

Tout en partageant un repas avec d’autres convives d’une maison d’hôtes, nous apprenons que nombre de villages et petites villes berrichonnes sont en difficultés financières. Tel un appel au secours, un ruban noir entoure le panneau de localité concerné, signifiant « commune en détresse » : quelle tristesse !

Nous voilà maintenant en pays normand où pommiers et vaches se partagent les prés et où nous retrouvons notre ami suisso-normand, créateur du site de Pascal et de mon blog. Comme en Alsace, les maisons sont parfois à colombages, notamment dans la jolie petite commune de Domfront, où un vent glacial sévit et ne nous incite guère à la visite. Il se trouve que la mairie s’est transformée en studio de cinéma pour une partie du film « La famille Bélier ». que nous avons beaucoup aimé.                    

De la Normandie à la Bretagne, il n’y a qu’un pas et en Ile et Vilaine, nous retrouvons nos amis bretons, non loin de St-Malo. Ville portuaire magnifique et spectaculaire, St Malo est protégé par ses hauts remparts qui ont résisté à la destruction allemande lors de la dernière guerre alors que la cité intra-muros a été détruite à 80%. Nous passerons deux nuits dans une maison d’hôtes des plus accueillantes où l’occasion ne se prêtera pas de faire du régime ! Des petits déjeuners comme ça, on n’en a jamais eu !!!!    Notre hôtesse met un point d’honneur à faire un signe de la main à ses hôtes lors de leur départ. Lorsqu’il pleut, elle entrouvre la porte. N’est-ce pas touchant ? Autre détail important, qui m’avait fait porter mon choix sur la maison, une ânesse et son ânon font bon ménage avec quelques biquettes dans le champ voisin.                        

Puisque j’ai parlé de pluie (juste avant), c’est qu’il faut compter avec elle en Bretagne. Fort heureusement, le vent est là pour balayer les nuages et faire apparaître quelques trouées de ciel bleu. Non loin de là, nous découvrons, mais sans lui accorder trop de temps, la très jolie ville médiévale de Dinan. Construite sur une colline, elle est fortifiée par des remparts et couronné par son imposant château. Ruelles pavées, maisons à colombages, nombreux petits commerces, elle a gardé son cachet.                           

Il en sera de même pour Combourg, très animée et dominée par son imposant château, où Chateaubriand a passé une partie de sa jeunesse, donnant ainsi à la cité son surnom de « berceau du romantisme ». Un lac s’étend à ses pieds dans lequel il se reflète.               

recit-bretagne-loire_0486n.jpgNous étant décidés à naviguer quelques jours, nous laissons un peu de répit à nos motos et louons une péniche pour parcourir quelques kilomètres sur le Canal de Nantes à Brest : un peu de farniente sur l’eau. En trois jours, à 8 kms/h, ce ne sera pas une grande performance. L’eau du canal est on ne peut plus paisible, et obscure aussi. Une rangée d’arbres en accentue encore l’effet apaisant. Ce sont des platanes, des chênes, des hêtres et parfois même, des sapins qui projettent leur ombre (même sans le soleil) dans les eaux calmes. Peu nombreux sont les touristes et nous pouvons tout à loisir nous arrêter ici ou là, pour nous dégourdir les jambes, nous approvisionner, visiter et dormir. Les vélos loués nous permettent de faire un peu d’exercice tout en découvrant les alentours. Les chants des oiseaux sont des plus délicats, notamment celui d’une jolie petite bergeronnette aux coloris gris et jaune. Un colibri tourne autour de nous, fier de son magnifique plumage turquoise et orangé. Sur le chemin de hallage, nous saluons promeneurs et cyclistes, eux aussi appréciant le silence et la quiétude des lieux. Les écluses rythment notre balade. Quelques-unes sont encore manuelles. Nous échangeons quelques mots avec les éclusiers/ères qui s’enquièrent de notre passage à l’écluse suivante afin d’avertir qui de droit. Ils nous jettent les cordes qui nous permettront de maintenir la péniche au centre et éviter ainsi qu’elle tape contre les parois pierreuses. Nous montons ou descendons, tout en admirant les petites maisons fleuries. Ce jour-là, nous avons passé pas moins de cinq écluses et, parmi elles, l’une atteignait 3,60m de hauteur au lieu de 1,60 m. Pascal se prend à rêver à la vue d’une ancienne péniche, nommée « Mistral », autrefois utilisée au transport de matériaux et passée à l’usage touristique, pilotée par son propriétaire de longue date. Dans un camping, nous apercevons quelques caravanes anciennes datant des années 50/60, parfaitement restaurées et louées. A l’intérieur, de jolis rideaux et des ustensiles d’époque en font tout le charme. Le matin, la brume enveloppe le paysage, lui donnant un aspect mystérieux. Un groupe de paddleurs s’aventurent dans ce paysage automnal « Harrypotterien ». Lorsque nous passons sous les ponts, les touristes prennent le temps de s’arrêter pour admirer péniche et manœuvres et nous échangeons des sourires. Le village médiéval de Malestroit nous séduit. Il porte d’ailleurs le titre de « petite cité de caractère ». Une église du XIIIe et une abbaye trônent sur la grande place.  La mairie, très fleurie, est couronnée par des sirènes, avertissements sonores. A côté du minuscule marché, une cérémonie nous semble être celle d’un jumelage. Sur la place, au vu de la douceur automnale, les terrasses accueillent les touristes. Partis de St-Martin-sur-Oust, nous nous rendons à Josselin, accueillis divinement par son château dont la façade visible est médiévale tandis que celle côté jardins est Renaissance. Des arbres magnifiquement vieux font partie du décor et, parmi eux, un Séquoia et un cèdre centenaires. A l’occasion des journées du patrimoine, nous avons la chance de le visiter à prix réduit et d’admirer des danseurs/euses en habits, après avoir amarré notre bateau. La visite de la petite ville, dont l’histoire remonte au 1er siècle, s’impose. Dans une chapelle désaffectée, un peintre expose ses aquarelles et, parmi elles, je reconnais Pont-en-Royans (dans ma région natale). Le soleil est avec nous, réchauffant les vieilles pierres. La partie de plaisir naval tire à sa fin, il convient de faire demi-tour et de rendre la péniche dans l’état où nous l’avons prise, cela fait partie du contrat. L’inspection sera assurée par un anglais qui ne trouvera rien à nous reprocher. Nous récupérons avec plaisir nos bécanes, restées sagement dans un grand hangar, à l’abri de la pluie, pour poursuivre nos visites culturelles.

Non loin de là, La Gacilly nous retiendra une bonne partie de la journée. Jolie petite ville, fleurie à souhait, elle porte le titre de « Cité des métiers d’art » et nous partons à la découverte des artistes et artisans de toutes sortes, soit une quarantaine. Le festival photo bat son plein également, sur le thème « Peuples et nature ». Les enseignants ont trouvé là un sujet d’étude intéressant et nous les croisons avec leurs étudiants un peu partout, installés au soleil. Une passerelle enjambe la rivière et, juste à côté, un barrage canalise son eau. Les maisons en pierre sont, pour la plupart, garnies de fleurs, de plantes grimpantes et d’arbrisseaux. On y trouve vraiment la douceur de vivre.

Notre prochaine étape sera la Forêt de Brocéliande et ses mystères, ses mythes. L’arbre d’or est un châtaignier dénudé, brûlé par le feu ayant détruit une partie de la forêt en 1990 et doré à la feuille. Le vieux chêne millénaire, portant le nom de « Guillotin », est préservé et protégé par des barrières. Lui aussi a son histoire mystérieuse. La circonférence de son tronc atteint 9,65 m et sa hauteur 20m. Comment ne pas être touché et impressionné par de tels vestiges du passé.

recit-bretagne-loire_0501.jpegNous contournons Angers afin d’éviter le trafic et poursuivre ainsi notre périple le long de la Loire, sur une départementale très agréable et peu fréquentée. Là encore, nombreux sont les villages de caractère. Pas de risque pour nos permis, car les villages sont espacés de 500 mètres ! Le lit de la Loire est très large et se sépare parfois en deux, laissant apparaître des bancs de sable. Pays du vin, les caves sont nombreuses, parfois dans les maisons troglodytes nichées dans les falaises. A l’entrée de la grande ville de Saumur, le château se dresse, classé comme forteresse, datant du Xème siècle. Les maisons à ses pieds ont été préservées harmonieusement. Son école de cavalerie, datant du 18ème siècle, est très renommée. L’une des rues piétonnes est en partie recouverte de parapluies colorés, décoration que nous avions déjà vue en Turquie. Qui a copié qui ? C’est du plus bel effet. C’est ensuite à proximité d’Amboise que nous allons nous enthousiasmer pour le château du Clos Lucé ayant appartenu à François 1er. Ce dernier y avait accueilli Leonardo da Vinci pour les deux dernières années de sa vie. Une magnifique exposition comprenant maquettes, croquis, vidéo et panneaux explicatifs nous tient en haleine. Le temps passe trop vite en ces lieux et, surtout, nous l’avons prévu trop court. La visite de l’intérieur sera donc au détriment du jardin, exceptionnel lui-aussi, qui aurait mérité qu’on lui accorde une demi-journée. Promesse est faite d’y revenir.       

La ville d’Amboise, installée sur un éperon rocheux, s’insère dans les « fronts de Loire » inscrits au patrimoine de l’Unesco. Le château royal domine la ville et la Loire coule à ses pieds. De très belles maisons à pans de bois, de jolis petits commerces à l’intérieur des vieux murs en pierre et des jardinières fleuries embellissent les lieux et incitent à la flânerie.

Après de telles merveilles, nous ne pensions pas en découvrir encore une autre. Ce fut cependant le cas avec le domaine de Chaumont-sur-Loire. Entre le château, le parc et les jardins, nous y passerons quatre bonnes heures. Nombreuses sont les pièces du château que nous pouvons visiter, toutes meublées et fleuries d’orchidées. Dans les combles, poussiéreuses, sont exposées des œuvres d’art contemporain. Quant aux extérieurs, nous admirons d’abord la cour intérieure où les massifs de fleurs sont dans les tons de mauve et violet. Dans les dépendances, un peu plus loin, ce sont les écuries, magnifiquement conservées et mises en valeur, où quelques œuvres sont exposées, dont une sculpture végétale de Patrick Blanc, l’inventeur des murs végétaux. Un très grand pigeonnier, de forme cylindrique, est adossé aux murs des écuries. Dans le parc de 21 hectares, de nombreuses essences d’arbres, souvent centenaires, m’envoûtent. Parmi eux, quelques installations rouillées. Moment de détente, de flânerie, au soleil, avec vue sur la Loire. De l’autre côté du parc, nous découvrons le festival international des jardins, regorgeant de diversité et de créativité, qui s’organise depuis 1992. Il nous aurait fallu davantage de temps pour tout admirer. Encore une fois, nous nous promettons de revenir !        

Toutes ces merveilles en tête, nous pouvons maintenant assumer le retour avec un kilométrage élevé, sous le soleil automnal. Non loin de Chalon, le château médiéval de Couches attire nos regards et, cette fois, nous retiendra. A l’occasion des journées du patrimoine, un restaurant dijonnais 5 étoiles, « Le Cèdre », s’y est installé, proposant un menu servi sur ardoise au prix modeste de 16 Euros, avec des mets des plus originaux : quelle aubaine ! Ce sera sur l’une des terrasses du château que nous nous installerons, au soleil, servis par des personnes en habits, de quoi rêver.

C’est ainsi que prendront fin nos vacances, en beauté, avec au total 2'500 kms parcourus sans difficultés.

Pour ce qui est des maisons d’hôtes, nous avons chaque fois bien réussi, que ce soit sur réservation ou à l’improviste. C’est vraiment le type de logement que nous préférons, tenant compte de l’accueil et de la qualité des lieux, loin des villes et du bruit.

Betty Octobre 2015

Voilà les références des lieux, villes et musées que nous avons aimés, dans l’ordre de notre trajet :

Musée de Jacques Tati    www.maisondejourdefete.com

Maison de George Sand à Nohant     http://maison-george-sand.monuments-nationaux.fr/

http://www.ville-domfront.fr/

www.saint-malo-tourisme.com

Maison d’hôtes        www.la-riaudais-a-tremuson.fr

www.dinan-tourisme.com

www.tourisme-combourg.fr

http://www.leboat.ch/fr/tourisme-fluvial/destinations/france/bretagne

www.malestroit.fr

www.village-etape.fr/village-etape/josselin

www.la-gacilly.fr

www.science-et-magie.com/GUIDEMYST/broceliande.htm

http://www.chateau-saumur.fr/

www.vinci-closluce.com

www.domaine-chaumont.fr

http://www.chateaudecouches.com/visites-guidees/lieux-a-visiter/


Pour ceux que cela intéresse, voici la liste des départements traversés depuis la Suisse : Ain, Saône-et-Loire, Allier, Indre, Indre-et-Loire, Sarthe, Mayenne, Manche, Orne, Ile et Vilaine, Côtes d’Armor, Morbihan, Loire atlantique, Maine-et-Loire, Cher, Nièvre, Jura, Doubs